Laksaci aujourd’hui devant les députés
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, présentera aujourd’hui, en débat à l’APN, son rapport annuel sur la situation monétaire et financière du pays. Le gouverneur de la Banque d’Algérie sera interpellé par les députés, notamment, sur la question lancinante de l’actuelle crise financière mondiale et son impact sur notre pays, crise qui a mis en déroute des mégabanques aux Etats-unis et fait craindre le pire en Europe. Déjà des plans de sauvetage à coup de centaines de milliards de dollars ont été lancés pour sauver les meubles avant le prochain krach. A l’heure où toutes les économies du monde sont essoufflées par la baisse frénétique des marchés boursiers, qu’en est-il de l’Algérie dans ce séisme financier planétaire ? On le saura aujourd’hui quand Laksaci donnera sa réponse aux représentants de la première chambre du Parlement, avant que soit publié le rapport du ministère des Finances sur l’impact de la crise financière mondiale sur l’Algérie, à l’occasion de sa présentation à l’Assemblée, fort probablement ce lundi, du projet de loi de finances pour 2009. Lors de sa dernière conférence de presse tenue en son siège et présentant la note de conjoncture pour le 1er semestre 2008, le gouverneur de la Banque d’Algérie rassure quant à l’impact de la crise financière internationale sur l’économie algérienne.
Ainsi, selon lui, «l’Algérie est à l’abri de vulnérabilité et de choc dans la mesure où elle prône la gestion prudente de ses réserves de changes» estimées actuellement à plus de 133 milliards de dollars dont 43 milliards placés sous forme de bons du Trésor aux USA, «des actifs non risqués», toujours d’après le gouverneur. En outre, Laksaci note que «le niveau important des réserves officielles de changes (de l’Algérie) et la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar constituent, aujourd’hui, pour l’Algérie, une double garantie face à ce type de chocs externes». Parallèlement, Laksaci confirme la résurgence des tensions inflationnistes à deux chiffres, alors qu’en Algérie le taux d’inflation a atteint en moyenne 4,8% en juin 2008.
Pour leur part, les économistes mettent en garde contre le spectre de la dégringolade du prix du baril de pétrole sous la barre des 80 dollars. Au moment où l’économie algérienne reste quasiment dépendante des recettes des hydrocarbures. Selon les experts, l’Algérie n’engrangera, du coup, que 40 milliards de dollars auxquels il faut soustraire 35 milliards USD d’importations; on aura ainsi comme réserves que 5 milliards de dollars qui ne pourraient même pas faire face aux besoins énormes des produits de large consommation, largement subventionnés jusqu’ici. S’y ajoutent des menaces sérieuses sur le vaste programme d’investissements publics qui s’élève à environ 200 milliards de dollars.
De son côté, le gouverneur de la Banque d’Algérie pense, en bon financier, que «la politique du taux de change doit être accompagnée par d’autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification économique». D’autant plus, soulignera-t-il, que «la politique du taux de change est ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l’Algérie, qui reste tout de même fragile et aléatoire face à l’instabilité financière mondiale et la volatilité des prix de l’or noir». Certes, l’encours de la dette publique extérieure représente un peu plus de quatre milliards de dollars à fin 2008, soit 3,6% du PIB, suite aux judicieux remboursements par anticipation entamés entre 2005 et 2006. Cette politique de désendettement met le pays à l’abri des turbulences des marchés financiers internationaux, donc des pressions des principaux créanciers, en l’occurrence les fameux Clubs de Paris et Londres. Seulement, il s’avère que les déficits publics restent importants, couverts du moins par le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui dépasse de loin les 3.000 milliards de dinars.
Sur le plan monétaire, Laksaci note que «la masse monétaire s’est accrue de plus de 10% au premier semestre 2008, avec la forte augmentation des dépôts de Sonatrach (+ 18%) ainsi que du secteur public». Sauf qu’il a omis de signaler les fortes sommes de liquidités qui sommeillent encore dans nos banques, malgré une augmentation des crédits alloués au secteur privé qui plafonneraient à près de 53% à fin juin 2003.
Mais une chose est tout de même à relever: comment se fait-il que le gouverneur de la Banque d’Algérie fuit le débat en faisant fi de la majorité des titres de la presse nationale, à l’exception de quatre d’entre eux, pour une histoire saugrenue de manque de places. Contrairement au premier argentier du pays, Karim Djoudi, qui joue toujours franc jeu.
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Abed Tilioua
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Posté Le : 05/10/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com