Les candidats et leurs représentants, tenus d'établir un bilan d'une campagne électorale plutôt surréaliste, trouvent visiblement beaucoup de mal à accomplir un tel exercice tant la visibilité fait cruellement défaut. Si l'Algérie comptait un véritable institut de sondage comme cela existe à profusion ailleurs, il risquerait de se perdre dans l'observation de cette joute présidentielle. Il ne s'agit pas de condamner un organe qui n'a pas encore vu le jour. Il est plutôt question de s'interroger sur ce qui pourrait être sa matière à étude. Dans une société sciemment dépolitisée, l'exercice de sonder est d'emblée complexe quand il n'est pas disqualifié. Mais passons sur cette absence d'outils devant servir de baromètre des évolutions de la société et de ses transformations. Que peut-on retenir après une vingtaine de jours de campagne électorale qui s'est achevée dans une ambiance très tendue ' Il est loisible de constater qu'elle n'a pas pu prendre de l'altitude malgré le déploiement de gros efforts par les candidats et leurs soutiens.À l'évidence, la campagne électorale n'aura pas été à la hauteur de l'institution objet de la compétition. C'est la conséquence directe et visible de la dépolitisation de la société, à qui les compétiteurs ne se sont pas gênés à promettre monts et merveilles !Et à l'adresse de cette même société, on développe des discours auxquels il est difficile de trouver une place dans les temps présents. À telle enseigne que l'on est tenté de s'interroger si nous sommes bien en 2014. Il ne fait pas cependant de doute, qu'un tel spectacle ne peut être que le résultat du «gel» politique en vigueur depuis longtemps. Ce n'est pas les trois semaines d'animation -bien que cela aura permis de libérer des idées et des énergies- qui peuvent rattraper le déficit.Sur le fond, cette interdiction de fait, de l'exercice politique, exceptées les périodes électorales, ne laisse pas de place à l'affrontement des idées et à la bataille des programmes. On ne le dira jamais assez, les pratiques qui ne sont pas conformes à la loi sont la conséquence de la glaciation politique, une des ?uvres réussies par le régime en place. Un scrutin qui se tient en ces temps de dépolitisation avancée ne peut pas peser sur la chose politique maintenue à l'écart de la société. Il faut espérer que les candidats et ceux qui les ont accompagné en se rendant dans l'Algérie réelle auront saisi que le rapport entre le citoyen et la politique ne se fait pas occasionnellement. Ce rapport est censé être maintenu et renforcé sans répit. Et surtout dans la sérénité. Sur ce terrain, la campagne n'a pas été une réussite. La politique attendra encore son tour !A. Y.
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Posté Le : 17/04/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amirouche Yazid
Source : www.latribune-online.com