Algérie

En Algérie, les zones franches sont «prématurées »



Boualem M'rakech. Président de la CAP (Confédération algérienne du patronat) : «Le Maghreb économique subit les aléas du moment»   Le projet du Maghreb économique subit les aléas du moment avec pour corollaire des visions intéressées. Il faut dire que «le projet d'un Maghreb économique a été contrarié ou interrompu à  plusieurs reprises depuis fort longtemps, sans remise en cause et encore moins par un rejet quelconque. Engendrant les bouleversements profonds de notre région, particulièrement par le centre d'intérêt qui était l'Algérie, les guerres de libération avaient pour fondement le social par l'équité et l'économique pour son développement. Les jalons d'une réalisation effective dans le sens moderne ont été réalisés par le traité de création de l'Union du Maghreb arabe datant du 17 février 1989».  Au jour d'aujourd'hui, «nous ne pouvons parler d'échéances rigides, néanmoins l'attention doit àªtre accrue, et les retombées des considérations économiques mondiales mobiliseront d'une manière préventive et agiront par une forme réfléchie avec une perception durable d'un Maghreb économique fiable et viable». S'agissant de la zone franche maghrébine limitée aux échanges commerciaux, le président de la CAP considère que «dans des situations qui pourront bloquer les évolutions, il est toujours préférable de trouver des issues permettant de surmonter raisonnablement les difficultés». Pour ce qui est des études sur la construction de la communauté économique maghrébine, M. M'rakech signale que «à peu de choses près, l'ensemble des études menées pour une communauté économique Maghrébine, diffère très peu, ou pas du tout». Cette CEM engendrera, selon lui, «plusieurs centaines de milliers d'emplois et une croissance de plus de 2%». L'éventualité de créer des corridors entre pays maghrébins pour des échanges, dans la conjoncture actuelle des pays du Maghreb, suscite «une remise en cause des bases, c'est-à-dire un échange approprié et équilibré, se rapportant par des entreprises citoyennes. Les opérateurs maghrébins se sont rencontrés après moult débats et réflexions pour assumer le rôle qui leur est dévolu par les dispositifs légaux et universels». Dans le sens de cette démarche, «la complémentarité a été définie, secteur par secteur d'activité lors du premier Forum des hommes d'affaires maghrébins d'Alger, confirmée au deuxième à  Tunis». Les entreprises devront agir «au service du développement économique et social dont l'axe civique demeure un volet important, eu égard aux défis engagés de ce voyage qui résistera à  notre sens aux embuches de ce parcours». De plus, «la fermeture de la frontière ouest subie les conséquences d'un état de lieu, parallèlement à  la situation à  l'est interne. L'architecture d'un ensemble fort doit se concentrer sur la transparence et le droit, tous les droits, entrepreneurial, sociétal, individuel ».        Mohamed Saïd Naït Abdelaziz. Président de la CNPA : «Pas de zones franches sans :la production»   Je partage a priori le point de vue de mes collègues car nous ne sommes pas prêts. Les conditions internes ne sont pas encore réunies. Il faudra commencer par mettre de l'ordre dans notre économie. Le gouvernement a décidé, il y a une dizaine d'année, de créer la zone franche de Bellara, mais on avait mis la charrue avant les bœufs, car un projet pareil suppose une situation économique ouverte sur l'exportation hors hydrocarbure.
Pour  moi, ce qui est attendu maintenant des pouvoirs publics, c'est de continuer les réformes économiques et structurelles, de l'administration en charge des entreprises mais ils ont d'autres priorités, car on se recherche toujours avec une transition économique qui n'en finit pas. Les réformes économiques tardent à  se mettre en route réellement et se concrétiser sur le terrain, car on tourne en rond dans certains domaines. C'est pour cela qu'il est prématuré d'envisager des zones de libre échange même intermaghrébines. Une cacophonie. Une zone franche limitée aux échanges commerciaux telle que suggérée par le gouvernement nous conduirait à  se retrouver avec le marché national inondé par des produits venus de l'extérieur en absence de production nationale. Le secteur économique national ne dispose ni d'instruments ni de moyens pour échanger commercialement. Ce qui est paradoxal est que la facture des importations tourne toujours autour de 40 milliards de dollars. En somme, rien ne marche ni le secteur public ni le privé. Cela fait 20 ans que le pays a entamé les réformes économiques mais finalement on fait du surplace en dehors des projets publics structurants. Le prochain plan quinquennal (2010-2014), nous sommes en plein dedans, en 2011, mais on n'arrive pas à  le faire décoller parce qu'il y a un dysfonctionnement qui ne dit pas son nom car il faut des réformes globales et non pas sectorielles. Pour l'industrie, on fait un pas en avant et 10 pas en arrière, à  ce stade les réformes n'ont pas abouti. Les relations intermaghrébines relèvent des politiques. Il ne faut pas se voiler la face. Nous avons des complémentarités sur le plan économique pour faire démarrer le Maghreb économique mais le problème qu'elle que soit les volontés des opérateurs cela tient à  la volonté politique. Il faudra assainir le climat politique au Maghreb pour pouvoir aller de l'avant, qu'il y ait une libre circulation des personnes et des marchandises entre les pays du Maghreb. L'Algérie a toujours fourni des effets au détriment de ses intérêts pour essayer de s'ouvrir mais malheureusement il existe des intérêts occultes au blocage de l'UMA. Le fond de sa pensée est que «le Maghreb politique est en panne et on espère un Maghreb économique, cela ne marchera jamais». J'ai décroché, car ça ne sert pas les intérêts économiques de notre pays, ni le rapprochement avec les pays de l'UMA, ni avec le Medef, ni dans le cadre méditerranéen.       Abdelkader Boumessila. Consultant en organisation et aménagement portuaire «Le port, une logistique primordiale aux zones économiques»   La possibilité de zones économiques spéciales ne peut se concevoir sans logistique que l'on soit à  l'intérieur du pays ou en zones côtières. En zones côtières avec l'ensemble de l'arrière-pays on ne peut percevoir une zone économique spéciale sans un port et un réseau terrestre performants. Pourquoi un port performant ' C'est pour intégrer les grandes lignes maritimes intercontinentales ou inter maritimes par exemple pour la Méditerranée pour pouvoir proposer éventuellement des exportations à  des prix compétitifs. C'est pourquoi le rôle de la logistique est important. Il faut trouver des complémentarités par ce biais avec des pôles économiques extérieurs ». A titre d'exemple, Tanger Med «est un projet assez consistant qui sert le Maghreb ». Selon lui, «il faudra deux ou trois pôles de ce genre en Algérie et en Tunisie également qui se complètent par leur nature d'excellence, les régions qu'ils développent et ce que peuvent entraîner et leur attraction pour les investissements tirée vers le haut même s'il y a une concurrence entre eux et elles provoqueraient des synergies entre les différents pôles». Ailleurs, l'Etat n'investit plus dans les infrastructures portuaires ou très peu. A Tanger Med, ce qu'on appelle un Landlord port, un port de service où l'Etat a réalisé les infrastructures ensuite, a fait appel aux investisseurs pour réaliser les superstructures. Le port de Tanger Med est revenu au Royaume du Maroc à  7 milliards de dollars et l'équivalent à  7 milliards de dollars a été investi par des opérateurs privés qui ont réalisés les deux terminaux à  conteneurs. Le retour sur investissement, qui dépend de sa stratégie, se fait en cinq ans maximum. Mais, «il existe l'autre possibilité qui est de donner à  des consortiums soit sous forme de BOT (Build, Operate, Transfer : « réaliser, exploiter, restituer ») ou concession pour sa réalisation et l'Etat est propriétaire».  L'Algérie a réalisé l'infrastructure terrestre, l'autoroute Est-Ouest. Pour les sites portuaires, on ne choisit plus des abris naturels comme avant. La technologie du génie civil permet de réaliser artificiellement des sites. Il suffit de bonnes études de faisabilité. D'ailleurs, les nouveaux pôles se caractérisent par l'immensité de leur espace et créer aussi les infrastructures de protection». C'est le cas des grands ports chinois qui «sont des abris artificiels créés ensuite des infrastructures avec de vastes terres pleines et des bassins très profonds qui permettent d'accueillir ce qui se fait de mieux en matière de navires qui créent des économies d'échelle et qui permettent aux ports d'investir dans des instruments lourds d'exploitation performante, mais qui permettent également en arrière-pays, la création de zones où viennent s'intégrer  des industries et des activités de services».


 


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