Algérie

En Algérie, les Chinois ne reposent pas en paix



En Algérie, les Chinois ne reposent pas en paix
De plus en plus nombreux en Algérie, les Chinois posent désormais un véritable problème spatial (et sociétal) au gouvernement: où va-t-on bien pouvoir les enterrer?
En Algérie, les Chinois travaillent, respirent, mangent, dorment, se reproduisent et meurent aussi. La forte communauté de main-d’œuvre importée suppose son lot d’accidents de travail et de morts, naturelles ou non. Question: où enterre-t-on un non-musulman alors même que les cimetières de Français sont «déménagés»?

Il y a quelques semaines, un journal algérien a rapporté l’information en bref, mais presque avec humour: un ouvrier chinois travaillant sur le site du chantier d’une prison est mort à Bejaïa (en Kabylie) et a été enterré, dans la discrétion, dans une sorte de ravin, en bordure d’un nouveau cimetière «local» et donc musulman.

La nouvelle avait fait polémique parmi les habitants de la ville, mais apparemment, il n’y avait pas d’autre solution. Mort et enterré, l'homme avait malgré lui baptisé l’endroit, désormais désigné par «le ravin du Chinois».

La raison de cette sépulture en catimini? Les dépouilles des Chinois coûtent trop cher à rapatrier, mais leur enterrement en Algérie commence à poser problème et à imposer l’idée d’un cimetière chinois. La sépulture met fin, symboliquement, à l’idée du provisoire avec laquelle les autorités essayent de justifier la présence de plus en plus massive des Chinois en Algérie.

Estimée à plus de 30.000 individus, la communauté chinoise a pris, en effet, quartier dans le pays, fait commerce, achète (par prête-noms) des fonds et des locaux et s’est adaptée à la vie nationale jusqu’à provoquer des tensions.

L’intégration est si totale qu’elle a même provoqué l’intérêt de l’ambassadeur américain, selon un câble de WikiLeaks rendu public au début du mois de septembre. «Seules les entreprises chinoises s’adaptent savamment au climat des affaires en Algérie», rapporte le câble. Selon le quotidien influent El Watan:

«La deuxième partie de ce document évoque d’ailleurs longuement la présence et l’influence de l’empire du milieu en Algérie. Le président de la Chambre de commerce américaine a souligné que les Chinois "importent" des milliers de travailleurs pour pouvoir répondre aux délais "irréalistes" exigés par les pouvoirs publics algériens».

La note de l’ambassadeur rendue publique explique que les Chinois «ne s’embarrassent pas de scrupules pour verser des pots-de-vin aux agents de l’administration afin d’accélérer la délivrance de documents».

Ne restait que le «détail» du décès à régler. Avec autant de migrants chinois, la question devait tôt ou tard être traitée de manière officielle, brisant un tabou instauré depuis l’indépendance: le malaise à accepter d’autres cimetières d’étrangers dans un pays où les morts sont des martyrs et les vivants tous musulmans, selon la règle.


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