Algérie

Emprunter « La route des chinois » pour aller d?Alger à Chlef



Petit safari sur les pistes de l?autoroute Est-Ouest Sortie d?El Affroun, vallée de Oued Djer, sur la RN4. Après avoir parcouru ce tronçon en compagnie de notre collègue Chawki Amari pour les besoins de notre reportage au long des 1216 km du tracé de l?autoroute Est-Ouest (lire El Watan du 5 novembre), voilà que nous y revenons, cette fois-ci au milieu de tout un cortège conduit par Amar Ghoul himself, accompagné par Abdelkader Lahmar, DG de l?Agence nationale des autoroutes. On peut le dire : c?est la première sortie presse sur l?un des couloirs de l?autoroute Est-Ouest, celui qui va du ministère des Travaux publics, sur les hauteurs de Ben Aknoun, à Kadiria, dans la wilaya de Chlef, 220 km plus loin. Contrairement à la semaine précédente, il fait beau ce jeudi 8. Première étape : l?inspection d?un viaduc ENGOA-CMC Ravenna du nom de code 47.2. Ils sont deux en fait (l?autre a pour nom 49.2). Il fait un peu froid au milieu de ce relief montagneux ce matin (nous avons pris le départ à 7h30 quand même). Faisant partie du tronçon de 25 km qui relie El Affroun à Hoceinia, ils enjambent à la fois la RN4, la voie de chemin de fer du train Alger-Oran et l?oued Djer. Des grues géantes s?affairent à déplacer des voussoirs, énormes blocs de béton qui rentrent dans la fabrication des viaducs, tandis que des ouvriers vaquent au coffrage de poutres gigantesques sous un froid qui cisaille les mains. Le DG de l?ENGOA évoque l?effet des intempéries pour expliquer un léger retard dans la cadence de fabrication des voussoirs, argument qui ne manque pas d?énerver le ministre : « Je ne veux rien savoir : si vous ne rattrapez pas le retard, vous n?aurez pas le viaduc d?Alger », gronde Ghoul qui, par ailleurs, rassure la presse que « dans la wilaya de Blida, les travaux ont avancé de 95% ». 9h30. Frontière des wilayas 09 et 44. Un tronçon de route est prêt à être livré. Ghoul inspecte le dispositif de drainage des eaux de pluies qui entoure cette section. Objectif : éviter que la chaussée ne soit submergée par les grosses trombes hivernales. Passé Boumedfaâ, le cortège se lance dans un véritable « safari » en piste chinoise sur le tracé de la nouvelle autoroute. Le couloir est totalement dégagé. La longue file de 4x4 franchit d?abord les 23 km séparant Hoceinia de Khemis Miliana avant d?enchaîner sur un long tronçon de 73 km reliant Khemis Miliana à Oued El Foddha, dans la wilaya de Chlef. On longe ces deux segments d?un total de 100 km dans le dos, pour ainsi dire, de la RN4. La nouvelle infrastructure prend sensiblement forme. Les sections sont à l?évidence d?un niveau de finition inégal. Des piles géantes ponctuent le paysage. Des engins de toutes sortes, portant des inscriptions chinoises, profitent de cette belle journée pour grignoter la terre. « Ils travaillent même de nuit », assure-t-on. La route de la soie à Aïn Defla Des ouvriers chinois en combinaison bleue s?activent autour de buses et autres coffrages laborieux pour des ouvrages d?assainissement. La « route de la soie » au goût de bitume qui prend ainsi forme se fraye un chemin sinueux au milieu d?un relief accidenté, avec des dépressions, des plis, des vallonnements, ce qui explique les nombreux ponts et viaducs installés tout au long de la nouvelle route. « Si cette terre avait été judicieusement exploitée, on aurait éradiqué la crise de la pomme de terre », commente Toufik, un jeune confrère. Des soldats de l?ANP sont postés sur tout le parcours. On est vraiment en rase campagne. Des hameaux isolés apparaissent à intervalles irréguliers. Des maisons démolies ou en voie de l?être attirent notre attention. Des expropriés. 6 habitations, 16 EAC et 11 EAI (exploitations agricoles) sont recensées sur le tracé entre Hoceinia et Khemis Miliana. Les expropriations n?ont pas vraiment commencé. Elles vont s?accélérer pour la libération de l?emprise devant servir à l?installation des parties annexes de l?autoroute : échangeurs, gares de péage, relais, aires de services. « Commencez à identifier dès maintenant les lieux où seront implantées les gares de péage et hâtez la libération des contraintes », lâche Amar Ghoul à l?adresse des walis de Aïn defla et de Chlef ainsi que des responsables de la DPN (Division programme neuf). Tel un magma de bitume, la nouvelle chaussée coule dans des contrées totalement enclavées, entre Khemis Miliana, Aïn Soltane, Zeddine, Djelida, Bourached, Oued El Fodda, El Karimia, Boukadir. Autour de certains villages, des femmes parcourent de longues distances à pied faute de transport. Des enfants sont hissés sur des baudets. Des fellahs vaquent au travail de la terre et l?indigence burine leur visage. Non loin d?eux, des ouvriers du « chantier du siècle » mangent un morceau au milieu de ce décor bucolique qui respire la désolation. Les uns comme les autres espèrent que l?autoroute atténue leur dénuement. Le « rallye » ministériel poursuit son incursion dans l?immense chantier du consortium chinois Citic-Crcc. Des bulldozers chinois accélèrent les travaux de terrassement. Certaines sections sont confiées à des entreprises algériennes (Cosider, ERTHB?). Dans la wilaya de Chlef, un tronçon de 55 km est décapé. Le couloir libre est estimé à 91%. « Dans 15 jours, nous serons à 100% », dit le chef de projet. Et Ghoul de lancer : « Puisque les travaux sont bien avancés, cette section sera livrée au premier semestre 2008 au lieu de 2009. La route Alger-Chlef est très sollicitée. C?est une section prioritaire. » Il invite ses collaborateurs à « tout filmer ». Amar Ghoul insiste, en outre, sur la « ceinture verte » pour équilibrer l?équation bitume-environnement. Et sur l?emploi, la formation sur site des ingénieurs et techniciens de la région. « Allez chercher les meilleurs étudiants dès la 4e année et recrutez-les. Ce projet est une école à ciel ouvert. C?est un réservoir d?encadrement », dit-il. Le voici d?ailleurs posant pour une photo de famille avec de jeunes recrues devant une base du groupement chinois de Citic-Crcc à Boukadir. Les jeunes techniciens sont quelque peu surpris par cette faune de cadres en costume qui viennent mettre le pied dans leur univers métallique de boue et de gravier. On déjeune à 16h avant de rentrer par la bonne vieille RN4 et son lot d?accidents. Encore un près de Oued Sly, un drame qui vient nous rappeler que le salut des roues est dans le magma de goudron qui coule derrière ces collines sur lesquelles veillent jalousement les braves soldats de l?ANP.
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