Algérie

Emploi et protection sociale



Le débat sur la question sociale revêt une extrême importance tant au sein des pays développés que dans les pays en développement, où apparaissent des formes d'exclusion et de marginalisation sociale de plus en plus durables et où l'on cherche à concevoir de nouvelles stratégies, voire de nouveaux concepts fondateurs des politiques sociales.  L'apparition de nouvelles formes de pauvreté, la perte des solidarités traditionnelles, l'extension du chômage issues des bouleversements économiques de ces dernières années sont autant de facteurs qui contribuent à creuser les disparités sociales et à engendrer des situations aiguës de vulnérabilité et d'exclusion.  En Algérie, cette question a été surdéterminée par l'économique. La politique sociale est organisée autour et à partir de la sphère économique. Or, le système économique, sur lequel reposent la conception et la gestion du social, est devenu peu à peu inopérant et a révélé ses limites à la désagrégation des équilibres sociaux.  Les statistiques données par les différents organes laissent paraître une corrélation manifeste entre le chômage et la pauvreté. Le chômage constitue la principale cause d'appauvrissement du fait de ses conséquences sur les revenus des ménages. Le taux de chômage est beaucoup plus élevé, que ce soit parmi les pauvres en âge de travailler ou parmi les non-pauvres en âge de travailler, aussi bien en zones rurales qu'en zones urbaines. La situation en matière d'emploi est davantage aggravée par le fait qu'une grande partie a moins de trente ans et que plus de 70% sont primo demandeurs, surtout les diplômés de l'enseignement supérieur, si l'on n'inclut pas dans cette situation le secteur informel. Les chiffres du chômage cachent l'Algérie invisible (qui gagne peu d'argent, moins du SMIG). Les chiffres du chômage sont cafouilleux, et pour faire face à ce problème de chiffres, il est urgent de faire le passage par l'ANEM de toutes les demandes d'emploi une priorité, ainsi que tous les placements.  Les différents dispositifs d'emploi et de lutte contre la pauvreté à travers les missions ANSEJ, ANGEM, ADS et les volets CPE, ESIL, IAIG, TUP/HIMO, sont devenus presque inopérants et ont révélé leurs limites: la création d'activité est conditionnée par l'accès au crédit; or, on constate que les banques se désengagent, les contrats de pré emploi n'ont pas joué le rôle alors qu'ils devraient être orientés vers des secteurs offrant de réelles possibilités de permanisation ou vers des branches professionnelles de nature à conférer aux bénéficiaires des capacités de création d'activité. L'emploi salarié d'initiative locale à 2.500 dinars brut et l'indemnité d'activité d'intérêt général à 3.000 dinars brut ne seront jamais des emplois. Leur fusion en un seul dispositif réaménagé en revalorisant les salaires et en imposant l'effectivité des chantiers est jugée indispensable. Enfin, les travaux d'utilité publique à haute intensité de main-d'oeuvre, qui doivent être orientés vers des secteurs d'activité prioritaires, tout en assurant la transparence dans la passation de marchés-conventions, et surtout protéger les chômeurs recrutés en chantiers et non pas les entreprises, ainsi que l'implication des collectivités locales, de la CNAS et de l'inspection de travail.  L'évolution de l'offre de l'emploi s'est caractérisée ces derniers temps par le développement de l'emploi temporaire peu qualifié - pendant que se raréfie l'emploi de l'Etat à durée indéterminée -, la progression du secteur informel et la croissance de la demande additionnelle annuelle, ainsi que le travail au noir.  La constitution d'un système d'informations fiables et exploitables rapidement est liée à l'extension et à l'utilisation d'un réseau informatique qui devra couvrir l'ensemble des services publics de l'emploi et de l'action sociale, à savoir: la direction de l'emploi de wilaya, la direction de l'action sociale, ADS, ANSEJ, ANEM, ANGEM et CNAC, comme il est important de veiller à la modernisation du fonctionnement de ces services pour assurer un rôle plus conforme aux objectifs assignés à ces dispositifs, notamment pour une évaluation plus précise et en temps réel des résultats avec des instruments modernes et renforcés d'analyse, de suivi et de canalisation de la demande d'emploi (l'ANEM est habilitée à le faire).  Les efforts devront intégrer le souci de faire évoluer l'action sociale de l'Etat, de l'assistance aux couches vulnérables, vers l'investissement social et le développement social au profit et surtout avec les populations défavorisées.  Certes, il est indéniable que la résolution du chômage reste liée à la relance de l'investissement et au décollage économique. Il faut néanmoins renforcer les politiques alternatives de l'emploi en impliquant le secteur privé en lui accordant des avantages fiscaux et parafiscaux nécessaires et d'escalader ainsi la montagne du plein emploi.  L'emploi n'est-il pas en fait un facteur essentiel d'intégration sociale à placer au centre de toute politique de protection sociale ? *Ex-Assistant Du Directeur De L?emploi De La Wilaya De Mascara


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