Algérie

Quelle stratégie face aux échecs répétés ? Les chiffres de Tayeb Louh, avancés hier, lors de la journée parlementaire sur le dispositif anti-chômage, semblent en inadéquation avec la réalité amère de la harga et des dizaines de milliers de jeunes en attente d’un hypothétique emploi. Près de 1,240 million de jeunes sont proie au chômage, dont 300.000 primo-demandeurs d’emploi par an. Le mal est ainsi profond et, de l’aveu même du chef du gouvernement et des responsables en charge du secteur de l’emploi, les dispositifs précédents ont été un véritable échec en dépit des sommes colossales englouties, l’expliquant toutefois par la somme de problèmes et d’accumulation de situations de récession et d’insécurité des années 90 durant lesquelles on assistait au gel d’une multitude de projets, aggravé notamment par l’absence de ressources financières suite à la chute des prix du pétrole. Dans son diagnostic, peu reluisant, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale avoue que des contraintes d’ordre structurelles subsistent encore.  Elles ont, selon lui, essoufflé tous les efforts entrepris jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit notamment d’un déficit de la main d’œuvre qualifiée, de l’incompatibilité entre la formation dispensée dans les CPFA et les universités et les besoins du marché. Le ministre cite également les obstacles dressés par les banques à l’encontre des jeunes promoteurs en matière de crédits de financement. Un véritable parcours du combattant. Il y a aussi la bureaucratie asphyxiante et les problèmes liés à l’informel, lequel phénomène a fini par transformer le marché économique en un véritable bazar. Pour pallier toutes ses tares, le gouvernement, en proie à une vague de contestation généralisée et d’émeutes de toute part, tente de sauver la face. Il met en place un nouveau plan d’action pour traiter en profondeur la question lancinante du chômage, au lieu et place d’un traitement anesthésiant, en recourant à chaque fois au trésor public. Avantageant une approche économique plutôt que sociale, le nouveau dispositif anti-chômage, qui s’étale jusqu’à l’année 2013, se donne déjà des objectifs très clairs. A savoir la promotion de la main d’œuvre qualifiée basée sur une formation sur site, avec des mesures incitatives fiscales et parafiscales en direction des employeurs, l’esprit entreprenarial qui fait du jeune promoteur le pivot de la nouvelle stratégie de lutte contre le chômage, en associant néanmoins les collectivités locales dans toutes les démarches. Dans le souci de soutenir l’investissement productif, le gouvernement donne trois mois aux banques pour traiter les dossiers dont une grosse part reste en souffrance. Le gouvernement est justement à réfléchir à la décentralisation de la décision du financement au niveau local et prévoit la création de plus de 42.000 emplois à la fin 2009 dans le cadre des dispositifs de l’Ansej et de la Cnac. Durant les débats, les quelques intervenants qui ont eu la parole ont mis l’accent sur l’importance de la vulgarisation de ce nouvel dispositif, essentiellement dans les zones désenclavées, et sur la pré-formation des jeunes avant leur insertion. D’autres, ont insisté sur la nécessité d’inscrire la question du chômage dans le registre des préoccupations nationales, surtout que l’embellie financière qui dépasse les 110 milliards de dollars en 2007 s’y prête. Les mêmes doléances relatives aux contraintes bancaires et à la permanisation des postes d’emploi créés ont été également exprimées de part et d’autres. Devant les critiques formulées à l’encontre des banques, un représentant de la BADR s’en défendra et proposera aux jeunes promoteurs le crédit leasing, portant sur la location des équipements acquis sur un échéancier. En attendant, des milliers de jeunes marginaux, désœuvrés pour la plupart et confrontés aux passe-droits qui les désavantagent, ne jurent que par la harga et la quête d’horizons plus cléments. Il faut dire que les perspectives restent encore floues pour un pays dont 70% des jeunes ont moins de 30 ans… Alors quelle stratégie de l’emploi adopter ? Abed Tilioua
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