Algérie

Emouvant flash-back



Une soirée particulière qui a marqué la chanteuse andalouse Fazilet Diff.La Salle Ibn Zeydoun d'Alger était comble, ce jeudi 16 février, d'un public qu'on aurait pu partager en deux groupes égaux et d'âges différents. Autant de jeunes que de moins jeunes. Ce n'est pas seulement une génération qui rend hommage à l'un des siens, mais plusieurs qui s'inclinent devant une légende vivante : Blaoui El Houari. Les amoureux du genre «wahrani» sont venus à la grande fête initiée par le ministère de la Culture qui multiplie les actes de reconnaissance aux maîtres des différents genres, de leur vivant quand c'est encore possible.
En début de soirée, un film retrace la carrière de l'artiste. Les images en noir et blanc et les visages qui apparaissent réveillent de nombreux souvenirs. Blaoui El Houari, né à Oran le 23 janvier 1926, apprend très jeune le maniement de la mandoline et du banjo et se familiarise très tôt aux rythmes- qarqabou. Il fréquente le quartier de Sidi El Hasni et s'intéresse particulièrement au chaâbi de l'époque. En 1938, Cheikh Mohamed Semmache représente ce genre à Oran. Il est curieux de tout et s'intéresse aussi aux artistes européens comme Tino Rossi et Rina Kitty. Très travailleur, il apprend à jouer du piano et de l'accordéon et excellera dans cet instrument.
En 1943, il fonde son propre orchestre. Entre 1946 et 1950, il développe une importante activité artistique, faisant partie de la troupe de Keltoum qui sillonne le pays. En 1949, Mahieddine Bachtarzi lui confie la formation et la direction de l'orchestre de l'Opéra d'Oran. Après cet émouvant flash-back, la nouvelle génération oranaise de chanteurs et de musiciens, composant un très bel orchestre dirigé par Bey Bekaï, lui rend hommage. Il n'est jamais aisé de se produire devant son maître et de lui servir ses propres créations. C'est pourtant ce qu'ont fait, avec brio, Samira Benabi, Baroudi Benkhedda et Houari Benchenet. A cette occasion, parmi le public algérois, nombreux sont ceux qui découvrent Houari Oualhaci, digne des grands crooners. Un nom à retenir. Sans Blaoui El Houari, cette génération ne serait pas là. Le meilleur est pour la fin : le maître monte sur scène. Une immense émotion étreint la salle. Il prend sa guitare, rectifie un peu l'accord et après avoir salué le public, lance «Excusez-moi, la voix est un peu fatiguée?». Fatiguée la voix ' A peine? L'artiste chante un florilège de ses plus grands succès, Asmaâ, El Mersem, Zabana soutenus dans les refrains par les plus jeunes qui se mettent en retrait devant ce concentré de maîtrise de 86 ans.
On retiendra que les formations solides font les grands artistes. Un des grands mérites de Blaoui El Houari est de s'être astreint à apprendre la langue arabe correctement. Pour cela, il fréquenta le cours du bachaadel Khadaoui, dit Benkhedda. Blaoui El Houari est longtemps resté à l'écoute des grands qui l'ont précédé. Imprégné de plusieurs genres et courants ? régionaux, nationaux et internationaux ?, il a conçu, à leur carrefour, des musiques et des chansons reprises par des générations entières. En restant fidèle et authentique à ses origines, il a été ainsi capable d'initier un courant musical, le «wahrani», qui compte encore aujourd'hui de nombreux adeptes, bien au-delà d'Oran.
Le secret de sa réussite : la passion et le travail. Et rien d'autre. C'est la leçon principale que devraient retenir ceux qui envisagent d'embrasser une telle carrière. Blaoui a étudié, fait, défait et refait les choses pour le résultat qu'on connaît et c'est tout à son honneur. En fin de soirée, la douceur, typique du personnage, est au rendez-vous. Quand la ministre de la Culture rejoint l'artiste sur scène et le remercie une fois encore, l'artiste demande à son épouse de le rejoindre sur scène. «Je ne fais rien sans elle, c'est ma moitié», dit-il, comme pour se justifier. Une belle marque d'amour !


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