Écrire peut provoquer des émotions. Evoquer celles du passé trahit inévitablement l'état d'esprit qui caractérise ceux qui ont le courage de s'y aventurer, au moment de rassembler les souvenirs.
Il faut ensuite chercher les mots pour en transmettre la charge palpitante. Les conditions qui enveloppent les instants choisis pour être étalés au grand jour prennent un sens qui échappe à toute précaution d'usage, une fois racontés. La période choisie comme lieu commun (de la rentrée 1954 à la sortie 1963) par le groupe possède des limites qui se confondent avec les jalons posés par l'Histoire elle-même. Chaque éclat de voix se hisse alors tout de suite à sa hauteur. Ce grand tourbillon est inévitablement convoqué avec sa cohorte de fantômes. Nous en alimentons les tourments par chacun de nos gestes ressuscités, aussi innocents soient-ils, n'en maîtrisons absolument pas les échappées ni ne savons nous défendre de ses retombées.Rien de cela n'est interdit, loin s'en faut, il suffit d'en mesurer les aléas et d'en assumer toute interprétation. J'allais dire toute dérive'Evidemment, ceux qui sortent (presque) indemnes de cette expédition, ce sont les deux membres du groupe qui gardent une distance de réserve : Nadia Sekfali, tombée (accidentellement ') dans un champ de définition qui ne la contient pas et Abdelmadjid Chaker, loin des contingences, ne craignant aucun écho déstabilisateur. Je suis toujours personnellement bouleversé de rencontrer le talent. Toute forme d'écriture qui me pousse au bord des larmes me semble digne de foi. J'en parle tout de suite autour de moi et crie naturellement au chef- d''uvre. Le solo interprété par Nadia Sekfali, visiblement heureuse de jouer son morceau, prend tout de suite des allures de variations sur un thème et s'envole vers la magie des improvisations.Deux noms, surgis de sa quête prudente sur des registres fragiles comme seule peut l'être la délicatesse de leur manipulation, émergent de ses descriptions minutieuses, remplies de détails foisonnants et inutiles, comme pour lui servir de masque dans ce moment de détresse respiratoire. Sa rencontre avec ces deux noms de chouhada (Maiza Abderahmane et Amardjia Abbas) suffit à nous résumer ce que fut le lycée durant la révolution. Bien au-delà des balbutiements nécessairement réducteurs'Je ne sais pas si Abelmadjid Chaker a trouvé réponse à la question choisie comme titre à sa « sortie ». J'ai relu le livre en cherchant à l'interpréter à la lumière de ce questeur. J'en mesure tout le poids. Merci à chacun des auteurs de peser le sien, d'évoquer autant que possible le Futur en invoquant le Passé'
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Posté Le : 20/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fayçal Ouaret
Source : www.elwatan.com