Algérie

Emmanuel Macron à Alger et à Oran: Une visite pour un nouveau départ '



L'Elysée a confirmé samedi le déplacement officiel du 25 au 27 août du président français à Alger et à Oran, en soulignant qu'«il vise à relancer le partenariat entre les deux pays et contribuera à approfondir la relation bilatérale, tournée vers l'avenir au bénéfice des populations des deux pays».Le communiqué de la présidence française est venu confirmer une information qui a fait le tour des rédactions nationales depuis plusieurs jours, en ajoutant que Macron se rendra aussi à Oran, la capitale de l'Ouest. «L'objet» de la visite de Macron, «renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et poursuivre le travail d'apaisement des mémoires». Dernier préambule à cette visite, l'appel téléphonique de Macron à Tebboune, ce samedi 20 août 2022, pour, en sus d'«aborder la coopération bilatérale», «lui présenter ses condoléances ainsi qu'à l'ensemble du peuple algérien et aux familles et proches des victimes des terribles incendies des derniers jours et lui faire part de la disponibilité de la France à fournir à l'Algérie des moyens terrestres et aériens pour y faire face».
En juillet dernier, Macron a saisi l'occasion de la célébration du 60ème Anniversaire de l'indépendance de l'Algérie pour adresser ses félicitations à Tebboune, lui exprimer son «bonheur de se rendre en Algérie prochainement pour lancer ensemble ce nouvel agenda bilatéral, construit en confiance et dans le respect mutuel de nos souverainetés et lui faire part de son souhait d'y travailler, dès maintenant, pour appuyer cette ambition sur des fondations solides et l'inscrire dans un calendrier partagé». Entre sa première visite officielle du 1er décembre 2017 en tant que président de la république et celle de jeudi prochain, Macron n'a pas cessé d'alimenter le cours de ces relations bilatérales, alternant déclarations tumultueuses, jugées parfois «graves» du côté algérien et d'autres, des «mea culpa» pour corriger la teneur des premières. Macron alors candidat à la présidentielle française de 2017 avait bien choisi de faire un saut à Alger où il a lancé entre autres propos, que «la colonisation est un crime contre l'humanité». Il revient à Alger en décembre de la même année pour rendre hommage aux martyrs de la guerre algérienne d'indépendance» et en mars 2021, il reçoit à l'Elysée la famille du Chahid Ali Boumendjel.
«Ces passions douloureuses»
Macron a eu, en janvier de la même année, le rapport qu'il a demandé à l'historien Benjamin Stora sur la question mémorielle entre l'Algérie et la France et qui a provoqué le mécontentement de beaucoup d'intellectuels et politiques algériens. Déjà en décembre 2019, il a déclaré «prendre acte» de l'élection de Tebboune à la présidence. «On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak [mouvement de protestation] l'a fragilisé, j'ai un bon dialogue avec le Président Tebboune, mais je vois qu'il est pris dans un système qui est très dur», lâche-t-il encore quelque temps plus tard.
Il semble que le président français a choisi de souffler le chaud et le froid sur des relations bilatérales qui n'ont jamais progressé sans couacs. En effet, en septembre 2021, Macron présente aux harkis les excuses de la France mais fait part tout de suite après de «sa reconnaissance des massacres des Algériens en France en 1961». Début octobre, lors de sa rencontre avec des enfants de harkis, il accuse « le système politico-militaire algérien d'entretenir une rente mémorielle, en servant à son peuple une histoire officielle qui ne s'appuie pas sur des vérités» et affirme que « la construction de l'Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ' Ça, c'est la question (…)». Des propos jugés «très graves» par le Président Tebboune qui a fait rappeler l'ambassadeur d'Algérie à Paris «pour consultation et décidé une interdiction de survol de l'espace aérien algérien par des avions français dans le cadre de l'opération ‘Barkhane' au Sahel».
Début novembre, Macron fait son mea culpa et dit « regretter les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés et signifie son plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l'Algérie ». Il a déclaré par la voix d'un de ses conseillers qu'«il est fortement attaché au développement de la relation entre la France et l'Algérie, qu'il souhaitait que cette relation s'apaise et se développe au bénéfice des populations algérienne et française mais également pour répondre aux grands défis régionaux, à commencer par la Libye».
Du bilatéral au communautaire
Propos qui s'adressent, faut-il le préciser, à une Algérie directement concernée par les crises libyenne et malienne dans lesquelles la Russie commence à s'ingérer. Si les dossiers épineux des questions mémorielles et de la réduction drastique des visas aux Algériens, décidée par Paris, rythment les relations algéro-françaises et pèseront certainement sur la visite officielle du jeudi prochain, ceux relatifs aux conflits frontaliers de l'Algérie y compris la question du Sahara Occidental, le feront également tant elles gardent toute leur importance et affichent toute leur difficulté à trouver des solutions tant les ingérences occidentales, particulièrement françaises, restent intactes et persistantes. Pour cette fois, Macron vient en Algérie après que la France ait assuré de juin 2021 à juillet 2022 une présidence du Conseil de l'Union européenne fortement marquée par le conflit russo-ukrainien et ses conséquences désastreuses sur l'Europe et sur le reste du monde. Un conflit auquel l'Algérie s'est retrouvée concernée dans sa partie «énergie» en tant que pays producteur de gaz et «fournisseur stratégique et sûr de l'Europe» avec en appoint sa crise avec Madrid jugée bilatérale mais qui a entraîné sur son cours de lourdes questions communautaires.


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