Algérie

Emigration clandestine



Quelles solutions pour endiguer la «harga»? Ces dernières années, le phénomène de l’émigration clandestine a pris de l’ampleur dans les pays africains et on n’arrête pas de lire à la «une» des journaux des chroniques qui rapportent la fin tragique de nombreux candidats.  Il ne se passe, en effet, pas une semaine sans que les flots ne rejettent des cadavres de jeunes noyés le long des côtes de l’Atlantique et de la Méditerranée ou que des centaines de candidats à l’émigration illégale ne soient sauvés par les forces navales des pays du pourtour méditerranéen. Les chiffres traduisant cette réalité font peur. En 2006, quelque 7.000 émigrants clandestins africains, de divers pays, seraient morts durant leurs tentatives de rejoindre l’Occident. L’archipel espagnol des Canaries a reçu au total, depuis le début de l’année 2008, environ 19.000 immigrés clandestins, soit quatre fois plus que l’année dernière. Ce chiffre ne tient pas compte des cadavres repêchés ou disparus à jamais à la suite des naufrages. En Algérie, par exemple, du mois de janvier au mois de septembre 2007, 1.518 harraga ont été sauvés par les forces navales (source: gardes-côtes algériens). Depuis deux semaines, l’Algérie vient de criminaliser la harga d’une peine de 5 ans et plus, sans pour autant apporter des solutions sociales à cette catégorie de jeunes mal dans leur peau. Le chômage, la dégradation du pouvoir d’achat, la déperdition scolaire et l’analphabétisme chronique, l’éclatement de la cellule familiale, la mal-vie, la corruption, la bureaucratie, la violence, la pauvreté, l’absence de liberté et la répression sous toutes ses formes sont des facteurs qui poussent les jeunes africains à tenter, très souvent au péril de leur vie, de rejoindre la rive nord de la Méditerranée, avec des barques de fortune, espérant aller vers un avenir meilleur. Pourtant l’Afrique dispose de toutes les richesses pour vaincre la pauvreté et offrir ainsi un cadre de vie digne à ses enfants. Le prix de la traversée clandestine en « boat-people «, versé aux passeurs qui organisent ce flux migratoire illégal, pourrait être le prix d’une participation au capital pour la création d’une entreprise ou d’une coopérative. La hausse du flux migratoire et l’échec des mesures sécuritaires pour le stopper sont le fruit de l’incapacité des gouvernements de ces pays à protéger les droits fondamentaux de leurs citoyens, et de l’absence d’une politique de jeunesse. C’est tellement simple de prendre quelques milliards et de créer un fonds pour les jeunes, mais une politique c’est de grandes orientations avec des objectifs, des stratégies et des résultats attendus. Ce n’est pas parce qu’on a créé un fonds pour la jeunesse qu’on a une politique de jeunesse. En plus, la mauvaise gestion et le caractère répressif et autoritaire des élites dirigeantes de ces pays, la politique ultra-libérale suivie par les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) n’ont rien fait pour aider les populations du Sud à se sortir de leurs problèmes quotidiens de survie. Au Contraire, on les appauvrit davantage. Vu l’impact négatif de ce phénomène sur les pays du Sud et ceux du Nord (destinataires), et vu l’universalité des droits de la personne humaine, quelle que soit la façon dont on les désigne et le lieu où ils se trouvent, Les experts en la matière estiment qu’une réflexion sur une stratégie de lutte contre cette émigration clandestine s’impose. Afin d’apporter des traitements de choc à ce dramatique phénomène, des stratégies d’ensemble sont pensées et une meilleure coordination des pays méditerranéens et subsahariens devient l’urgence de l’heure pour contrer ces flux humains qui se terminent, pour la plupart, par des dizaines de cadavres échoués sur les rivages, et tant d’autres abandonnés en pâture en haute mer. L’Algérie qui enregistre chaque jour des dizaines de cas de harraga au niveau de sa bande côtière (Annaba, Oran...) et d’émigrants subsahariens, tente un tant soit peu de limiter les dégâts. Ainsi, une importante rencontre internationale sur ce phénomène, prévue le 27 du mois à Alger, regroupera plusieurs départements ministériels ainsi que les ambassadeurs de 13 pays touchés par ce phénomène.   Abed Tilioua


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