Redéploiement des forces navales pour combattre le fléau
A problème exceptionnel, moyens exceptionnels. Face à la courbe ascendante du nombre de harraga, comme en témoigne le nombre de candidats interceptés par les services de surveillance des garde-côtes, qui est passé de 161 en 1998 à 1.170 en 2006, on assiste depuis quelque temps à un redéploiement des forces navales pour combattre le fléau.
Ainsi, pas moins de 44 embarcations ont été saisies au cours de cette année, soit autant de tentatives avortées et des centaines de vies humaines sauvées d’une mort certaine. C’est ce qu’a révélé hier le colonel Rezki Mostéfa, commandant du groupement territorial des garde-côtes de la zone d’Oran, lors d’un point de presse à Oran. Une effroyable statistique qui donne, à elle seule, froid au dos lorsqu’on sait qu’une embarcation, conçue pour supporter 4 ou 5 personnes à bord, seuil maximum admis, subit souvent la surcharge des passagers clandestins, qui se regroupent généralement à 10 ou 15, voire plus de 20, pour tenter la traversée vers les côtes espagnoles. Sans parler de défaillances techniques. Les clandestins jouent, par ailleurs, souvent au chat et à la souris avec les garde-côtes, en utilisant comme points de départ des plages faciles d’accès et situées dans des zones isolées, à l’exemple des Corales et Cap Falcon, dans la zone d’Oran, et Madagh 2, Sidi Ali, M’Saïd, Bouzedjar et Ouardania, situées dans la zone de Béni-Saf territorialement compétente. Plusieurs brèches ont ainsi été ouvertes le long de la côte Ouest du pays, dans des zones qu’on croyait pourtant étanches, compte-tenu de leur isolement et des nombreux points de surveillance des plages considérées comme points de passage des clandestins. Ces passagers d’un genre particulier sont généralement aidés par des passeurs professionnels qui donnent l’impression d’avoir la capacité de disposer d’informations précieuses plus que n’importe quel élément des garde-côtes, malgré les difficultés de la topographie tourmentée des lieux.
Dans cette «guerre» déclarée contre ce fléau des temps modernes, l’étau contre les passagers clandestins semble cependant se resserrer, particulièrement avec le dégagement des plages non surveillées, à l’exemple de Madagh 2, un lieu de passage pour les candidats à l’émigration clandestine, et qui vient d’être doté d’un poste de police communale chargée de la surveillance du site, comme l’a déclaré à la presse, hier, le lieutenant-colonel Bénaïssa, commandant du groupement territorial des garde-côtes de la zone de Béni-saf. Ce site abritait jusqu’alors un «village de pêcheurs», des gens qui n’avaient, semble-t-il, de pêcheurs que le nom.
13 postes d’observation pour la zone de Béni-saf
Au total, 13 postes d’observation ont été installés par le groupement territorial des garde-côtes de Béni-Saf, dont la compétence s’étend de Madagh 2 à Ouardania, une plage située dans la daïra d’Oulhaça. «C’est aussi le poste le plus isolé et qui est mitoyen avec la zone frontalière de Tlemcen», reprend notre interlocuteur qui précise au passage que le littoral de la zone maritime de son groupement est long d’environ 100 kilomètres. La zone comprend une vingtaine de plages, dont Rechgoun, la plage du Puits, Sidi-Boucif, Sidi Djelloul, Oued El Hallouf, Terga, M’saïd, Bouzadjar, Madagh, etc. Des plages particulièrement ciblées et surveillées tant elles ont connu nombre de tentatives d’émigration clandestine, comme l’a précisé le lieutenant-colonel Benaïssa, qui donnera quelques chiffres à la presse. Des chiffres qui en disent long sur l’ampleur du fléau. Ainsi, de septembre 2005 à novembre 2006, la zone de Béni-Saf a enregistré 167 harraga ayant utilisé dans leurs tentatives pas moins de 25 embarcations et 19 moteurs in bord et hors bord (entre 65 et 90 CV). Le bilan fait cependant état de seulement 15 tentatives qui ont échoué. Le plus inquiétant reste toutefois cette guerre larvée contre les clandestins au niveau de cette zone réputée pourtant sans problèmes mais qui vient d’enregistrer un pic de 30 personnes interceptées en septembre 2006. Octobre n’a pas été en reste avec 23 harraga qui ont tenté de prendre la direction des rivages espagnols.
Fidal, le poste d’observation le plus haut du pays
Une visite guidée, hier, le long des côtes oranaises, nous révèlera que le poste d’observation Fidal, un point de vigie édifié en 1906, est le point d’observation le plus haut du pays, pratiquement au même niveau que celui de Béjaïa, avec pas moins de 935 mètres d’altitude. Le poste qui fait partie du dispositif de sûreté des approches maritimes, a pour mission la surveillance, le renseignement militaire et le relais de transmissions au profit des unités des forces navales, ainsi que la participation à l’exercice des activités de police et de service public dans cette zone de responsabilité de la station maritime. Il reste également l’un des moyens les plus appropriés pour détecter, comme l’a laissé entendre un officier de la marine nationale, les sources de pollution, et pour assurer la veille sur les canaux de détresse et la transmission des signaux d’urgence.
Renforcement du dispositif de surveillance dans la zone maritime de Béni-Saf
Concernant le potentiel déployé par les forces navales, il faut noter les premières mesures d’urgence prises pour le renforcement de la surveillance au niveau des ports de Béni-Saf et de Bouzedjar. Le nombre de sorties en mer par les éléments des garde-côtes est tout autant appréciable, notamment avec la mise en place d’un réseau d’information structuré le long du littoral, le tout accompagné d’un dispositif maritime spécifique, notamment au niveau des zones isolées, comme on a pu le constater hier sur le terrain. Un dispositif qui, rappelons-le, entre dans le cadre du programme SAFA 3, et qui a été jusqu’à présent très efficace si on en juge par le nombre d’opérations de ratissage, d’inspection et de contrôle des embarcations effectués, entre autres, au niveau des forêts côtières longeant les plages de Sebiat, Sassel et Sidi Ali, indique-t-on de même source. Tout cela est conforté par la mise en place d’un comité de sécurité de wilaya qui entend dégager l’ensemble des plages non surveillées. La signature des engagements avec les propriétaires d’embarcations est un autre signe encourageant d’un excellent travail sur le terrain.
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Posté Le : 30/11/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com