Algérie

Emigration au Canada : Ces Algériens qui veulent quitter le pays massivement



Emigration au Canada : Ces Algériens qui veulent quitter le pays massivement
Photo : H. Lyes

Emigrer au Canada, changer de vie et s’émanciper, offrir un avenir à ses enfants… ils sont nombreux, très nombreux les Algériens candidats au grand saut.

Hier en tout cas, ils étaient plus de 600 participants à emplir la salle de la maison de la culture Malek Haddad à Constantine. Ils avaient fait le déplacement d’Alger, de Annaba, de Tlemcen aussi, et bien entendu de Constantine, pour écouter Nora Bouhali, consultante réglementée et certifiée en immigration canadienne, nommée par le ministère de la Justice du Québec.

Le CV de la conférencière ne laisse pas de place au doute parmi les présents échaudés par de douloureuses histoires d’arnaque dont ont été victimes de nombreux candidats, qui mettent en scène des bureaux de consulting derrière lesquels se cachent des escrocs.

Mais c’est surtout l’opportunité d’immigration qu’offre le Canada à travers sa nouvelle formule de sélection, Arima, et par-dessus tout le désir de quitter le pays «devenu invivable» qui motivent les participants. El Watan en a interrogé plusieurs à cette occasion et il en ressort que les motivations sont les mêmes, notamment concernant les raisons qui poussent à quitter le pays.

«Qui est présent ici pour l’immigration», demande Mme Bouhali dans son introduction. Les mains se lèvent sans hésitation, et c’est tout l’auditoire qui réagit de manière synchronisée comme dans une chorégraphie. Ces gens de différents âges et d’horizons professionnels divers s’étaient présentés avant le rendez-vous de 9h précisé sur le coupon d’invitation.

Invitation sans laquelle il était impossible d’accéder en raison de la très grande demande et de l’exiguïté de la salle, explique Radja Arioua, directrice générale de Innovation Way Consulting, organisatrice de l’événement et agent agréé à Constantine de la compagnie Vivre O Canada.

En silence et dans l’ordre, les centaines de participants occupent le hall de l’établissement et attendent avec patience le début de la conférence. Quelques-uns ont omis d’imprimer l’invitation, mais les organisateurs de l’événement maîtrisent vite la situation. A 9h45, Mme Bouhali prend la parole devant une salle archicomble et, comme à Alger et Béjaïa, elle emploie le langage de la vérité. Son but n’est pas de flatter ni de faire miroiter de faux espoirs aux candidats.

Son but est d’expliquer le système et sa complexité, dit-elle, afin de faire tomber les préjugés et les incompréhensions. La salle écoute religieusement.

«Je ne vois plus l’horizon»

Il y avait des médecins cabinards dans la salle, des artistes connus et des ingénieurs ayant déjà une situation ou à la recherche d’un travail. Il y avait autant de femmes que d’hommes, jeunes et moins jeunes ; des célibataires, mais aussi beaucoup de couples venus avec leurs enfants. Tous étaient venus écouter l’experte dans le but d’améliorer leur connaissance du sujet, maîtriser les astuces, éviter des erreurs fatales et optimiser leurs chances d’obtenir le fameux sésame.

Quelques-uns ont pris le micro pour poser des questions, parfois pertinentes, preuve d’une familiarité avec le projet d’immigration au pays de l’érable. Parmi eux, Abdellatif. Cet ingénieur de réseaux, âgé de 31 ans, a fait le déplacement d’Alger après avoir raté les trois rencontres tenues à partir du 8 septembre dans la capitale, ensuite de Akbou à Béjaïa.

Abdellatif cite pêle-mêle la bureaucratie, l’injustice et l’incurie du système politique algérien pour justifier sa volonté de quitter le pays. «Rien ne marche ici», nous dit-il fermement. Et pour lui, le Canada présente la meilleure offre d‘immigration aux Algériens qui ne supportent pas de céder de leur dignité.

Redha et son épouse Ines, tous les deux architectes, travaillent dans des entreprises qui leur payent des salaires bien au-dessus de la moyenne nationale.

On pourrait dire qu’ils ont la chance d’avoir une bonne situation professionnelle et sociale. Pourquoi alors veulent-ils partir ? «Je veux partir aujourd’hui avant demain», déclare Redha. «Je ne vois plus l’horizon ici. La situation du pays est au plus mal et j’ai peur pour ma famille», précise-t-il. La plupart des personnes que nous avons abordées évitent cependant d’afficher les raisons du départ, préférant se projeter dans les opportunités qu’offre le pays ciblé.

Anya et Maya sont informaticiennes et travaillent dans l’administration publique à Constantine. Un peu réservées, les deux jeunes femmes voient leur curiosité se transformer en tentation. Rokia, en revanche, affiche plus de détermination dans son projet d’immigration.

Elle n’en peut plus du chômage du haut de ses 28 ans. «Mon diplôme de biologiste me permet seulement deux débouchés ici. Ou bien comme déléguée médicale ou alors comme laborantine. Ça tue mes ambitions, alors qu’au Canada je pourrais m’émanciper dans de nombreux métiers en relation avec ma formation», nous dit-elle.

Parmi les participants, il y avait aussi de nombreux jeunes candidats pour des études au Québec. Laïdi, 29 ans, vient de Annaba. Titulaire d’un mastère en biologie, il espère poursuivre ses études au Canada et s’obstine à réaliser son rêve, sachant que c’est là sa deuxième tentative d’immigration et qu’il a déjà signé un contrat d’accompagnement avec le bureau de Constantine.

«Pour une immigration réussie», est le slogan employé pour cette campagne qui s’est achevée hier à Constantine et nous a enseigné que la demande de départ est très importante.

i certains y voient une fuite massive des cerveaux algériens, Nora Bouhali considère au contraire qu’il s’agit d’une richesse humaine inestimable qui, un jour ou l’autre, reviendra au pays.


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