Algérie

Emeutiers arrêtés relax «politiques»



Selon le bilan du ministère de l'Intérieur, 1100 personnes ont été arrêtées lors des émeutes de janvier dernier. 1347, selon des estimations judiciaires, et plus de 2000, selon des membres de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Aucune évaluation officielle ne donne le nombre exact des «émeutiers» libérés depuis, mais de ville en ville, chaque semaine est marquée par l'annonce de la libération de plusieurs groupes de personnes accusées d'être impliquées dans ces émeutes : Tizi Ouzou avec 12 personnes relâchées à  la fin du mois de janvier, 24 à  Constantine, suivie d'Oran avec plus d'une cinquantaine des 137 personnes interceptées dans la rue, 60 à  Boumerdès et une dizaine de libérés lundi dernier dans la région de Tipasa, et plusieurs autres villes sont encore concernées par ces vagues de libération. Mais ces mises en liberté ne signifient pas pour autant la fin des procédures judiciaires. Pour la grande majorité des personnes relâchées, l'instruction est encore en cours. Trois sortes de procédures judiciaires ont été adoptées, d'abord les mineurs qui sont programmés en audience, libérés avec des amendes ou des sursis, ensuite la citation directe ou l'instruction après audience chez le procureur. La dernière est la plus longue, d'ailleurs beaucoup de justiciables voient la qualification de leurs affaires se criminaliser. Et pourtant, l'avocat Aïssa Rahmouni, membre du comité directeur de la LADDH, explique que «la plupart des arrestations ont été faites de façon aléatoire, c'est ce qui ressort des constats que nous avons faits». Le deuxième constat établi n'est pas moins suggestif : «Les procureurs généraux ont prononcé des relax, alors que d'habitude, c'est le contraire qui se produit dans nos tribunaux. On peut en tirer une déduction très simple, c'est une question politique, d'ailleurs il y a beaucoup de doutes exprimés sur l'indépendance de la justice dans le traitement de ces affaires.» Des arrestations aléatoires réparées par des relax politiques ! Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH, officielle), parle «de mesures d'apaisement». Et d'expliquer : «Ils vont tous àªtre libérés de façon progressive, et il me semble que c'est une politique très sage.» Leïla, jeune sœur d'un émeutier arrêté dans la région de Tipasa, qui a mal vécu de rester durant trois semaines sans nouvelles de son frère, y voit plutôt «une question d'injustice doublée d'une volonté de réprimer qui relève de tout sauf de la sagesse». «Ouvrir le dialogue aurait été un acte de sagesse», conclut-elle.          


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