Algérie

Emeutes du logement à L'Arba



Le feu qui couvait depuis quelque temps a fini par prendre après que la liste des 254 bénéficiaires de logements sociaux eut été affichée à L'Arba en début de matinée.
En effet, cette liste était très attendue par les citoyens qui n'avaient pas trouvé leurs noms sur celle qui a été affichée il y a un peu plus d'une année. Depuis plusieurs mois, l'ancien chef de daïra avait commencé à établir la liste de ces logements mais tout s'arrêta quand il fut remplacé par un autre à la fin de l'année écoulée. Ce dernier se devait d'observer un délai qui lui a permis de s'imprégner de la réalité de la région de L'Arba qui accuse un déficit monstre en matière de logements sociaux.
Donc, et après avoir siégé durant plusieurs jours, les membres de la commission de daïra avaient dressé cette liste de 254 logements sociaux qui comporterait, selon les déclarations de plusieurs citoyens, les noms d'habitants qui possèderaient des logements propres ou des lots de terrain ou habitent avec leurs parents dans des demeures qu'ils possèdent. D'autres brandissaient des documents prouvant qu'ils avaient déposé des dossiers de demandes de logements en 1998 ou les années qui viennent juste après et s'insurgent qu'ils ne voient pas leurs noms figurer parmi les bénéficiaires après tant d'années d'attente. Dès qu'ils ont constaté que leurs noms n'existaient pas sur la liste, des dizaines de jeunes, d'adultes et de femmes se sont dirigés vers la daïra où ils découvrirent la porte d'entrée de l'édifice fermée. Sous la poussée irrésistible, un carreau vola en éclats mais la porte résista.
Au même moment, des jeunes se dirigèrent vers une porte qui donne sur l'arrière de l'édifice dans la cour de la résidence du chef de daïra et, la trouvant ouverte, s'y engouffrèrent, suivis aussitôt par des dizaines de personnes qui pénétrèrent en trombe dans le bureau du chef de daïra puis la déferlante continua vers le bureau des secrétaires et du secrétaire général de la daïra. Les policiers présents n'ont rien pu faire devant ce nombre trop important et le chef de daïra ainsi que les employés se retranchèrent dans un bureau. Pour essayer de calmer les esprits surchauffés par le jeûne, la chaleur et la colère, le chef de daïra les invita à passer les uns après les autres pour qu'il puisse recueillir leurs doléances. Le nombre trop important de personnes dans ces bureaux exigus fit monter la chaleur. La tension tomba alors d'un cran, même si on entendait des insultes, des cris et un brouhaha indescriptible, les contestataires attendant d'entrer dans le bureau pour parler au chef de daïra. Dehors, les policiers, renforcés par des éléments anti-émeute et des camions portant des canons à eau, demandaient aux gens de ne point boucher les passages et de patienter jusqu'à être reçus par le chef de daïra. D'autres contestataires se sont par ailleurs dirigés vers le siège de l'APC qu'ils ont envahi avant de s'en prendre au mobilier qu'ils ont carrément écrasé, il ne restait après le passage de ces citoyens en colère ni bureau, ni archives, ni micro-ordinateurs. Certains jeunes ont commencé à faire sortir le mobilier fracassé pour l'utiliser comme barricade afin de bloquer la RN 8 et la RN 29 juste en face de la mairie, puis ils y ont mis le feu. Il a fallu l'intervention des brigades anti-émeute pour calmer les choses et faire sortir les contestataires de l'intérieur de l'APC. Des riverains ont apporté des seaux pour éteindre le feu avant qu'ils soient remplacés par les agents de la protection civile qui ont envoyé un camion anti-feu.
Au milieu de l'après-midi les choses se sont quelque peu calmées mais il faudra beaucoup de courage et de patience au chef de daïra, M. Mohamed Méziane, pour convaincre les citoyens en colère qu'ils devront attendre leur tour qui viendra très prochainement dès la réception de plusieurs dizaines de logements sociaux en construction. Mais beaucoup de citoyens se sont étonnés du choix de la date d'affichage des listes, aux premiers jours du Ramadhan, avec le risque de débordements dangereux qui pourraient avoir lieu.


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