Les personnes arrêtées lors des émeutes qui ont secoué El-Ançor, dans la
wilaya d'Oran, ont été présentées jeudi devant le parquet. Sur les 24 mis en
cause présentés par la brigade de la Gendarmerie nationale d'El-Ançor, 19 ont
été écroués sur ordre du procureur de la République près le tribunal
correctionnel de Aïn El-Turck, a-t-on appris de source judiciaire. Transférés à
la maison d'arrêt d'Oran, les mis en cause devront comparaître devant la
justice après-demain, dans le cadre de la procédure du flagrant délit,
indique-t-on de même source.
Le représentant du ministère
public a retenu contre eux une panoplie de charges délictuelles : «attroupement
illégal non armé, incitation aux actes de violence, trouble à l'ordre public,
dégradation de biens d'autrui et vol
(du matériel appartenant aux entreprises algéro-turques exploitant le gisement
minier) ». Pour leur part, les cinq autres personnes présentées, dont le
représentant local de l'UNJA, ont été remises en liberté en bénéficiant d'une
citation directe à comparaître devant le tribunal, lundi.
Alors que la présentation se
poursuivait à une heure tardive - à 17 heures, les mis en cause se relayaient
encore devant le bureau du procureur, a-t-on constaté sur place -, une foule
compacte de citoyens était amassée sur la place attenant au tribunal, sous
l'oeil vigilant des éléments du commissariat de daïra d'à-côté. Pendant que les
familles des détenus et leurs voisins du village, qui se sont déplacés en force
dans un indescriptible élan de solidarité et de compassion, criaient à
«l'injustice» et réclamaient «la libération immédiate » des leurs, policiers et
gendarmes étaient sur les dents. Aucun dérapage notable n'a eu lieu toutefois
et la foule s'est finalement dispersée dans le calme, l'approche de la date du
procès, lundi, ayant «réconforté» un peu les esprits anxieux, qui espèrent un
heureux dénouement.
Si les voix qui se sont
élevées, aussi bien près du tribunal que dans les rues du village d'El-Ançor,
étaient très partagées sur «qui a incité qui» à la révolte, l'opinion publique
à El-Ançor était en revanche unanime à témoigner que le président de
l'association locale ONSA a «de tout temps appelé à l'action civile et
pacifique pour dénoncer les désagréments de la carrière». Les habitants
estiment, en effet, que «Mrah El-Ansri est incarcéré à tort». Et ils ont tenu à
l'exprimer par une marche au centre-ville d'El-Ançor, dans la matinée du jeudi,
puis un rassemblement devant l'édifice du tribunal de Aïn El-Turck, dans
l'après-midi. «Peut-on reprocher l'instigation à la violence et au vandalisme à
quelqu'un qui a planté une tente verte en contrebas de la carrière, y a fait
venir des élèves et des scouts pour chanter et scander des banderoles aux
connotations écologistes et a demandé la veille aux hommes du village de
ramener du couscous à la tente pour les invités ?», s'insurge un des notables
de la région, qui a tenu à souligner sa «confiance totale en la justice».
Par ailleurs, la situation de
calme précaire qui prévalait dans la commune au lendemain de la flambée de
violence s'est stabilisée jeudi et vendredi,
puisqu'aucun incident n'est survenu. Mais le village était visiblement
toujours sous le choc. A part quelques rares boutiques, les commerces n'ont
toujours pas relevé leurs rideaux, hermétiquement cadenassés depuis la journée enflammée
de mardi. Les élèves n'avaient pas rejoint jeudi leurs établissements. Les
transports n'ont pas repris, ce qui a plongé davantage El-Ançor dans
l'isolement. Bref, le village, traumatisé, ne s'est pas encore remis sur pied.
«Ça viendra, au fil des jours, avec le retour de la sécurité. Il ne faut pas
oublier que notre ville vient de vivre l'enfer, un cauchemar sans précédent»,
se console Karim qui, comme beaucoup de jeunes du village, vit toute l'année
avec ce qu'il gagne durant l'été dans les petits boulots qu'offre
accessoirement la station balnéaire des Andalouses, située à quelques
encablures de la cité.
Sur un autre plan, les
habitants ont reçu des promesses des autorités locales qui consistent en une
batterie de dispositions visant à limiter, de manière considérable, l'impact de
la carrière sur l'entourage. La limitation de l'activité minière, l'imposition
d'une tranche horaire de travail, la modération de l'intensité d'explosif et la
diminution de sa fréquence, l'installation de dispositifs anti-pollution,
notamment contre la propagation de la poussière, l'aménagement d'un circuit
pour les poids lourds contournant les voies du trafic routier public, sont,
entre autres, les dispositions qui seront prises pour mettre à l'abri le tissu
urbain des effets de la gravière, qui demeurent à l'arrêt jusqu'à nouvel ordre.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 31/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com