Algérie

Émeutes à la suite d'incendies : Nuit agitée à Tadmaït


Les stigmates des troubles de la veille étaient toujours visibles, hier matin, dans les principales ruelles de la ville de Tadmaït, 17 km à l'ouest de Tizi Ouzou, qui a connu une nuit très agitée. La cité était, vendredi dernier, tout juste à la tombée de la nuit, le théâtre d'affrontements entre des jeunes manifestants et les éléments des forces de l'ordre. Les heurts se sont poursuivis jusqu'à une heure tardive de la nuit. Tout a commencé, selon des témoignages concordants, au milieu de la journée. Alors que la chaleur avait atteint 45 degrés, des villageois ont, disent-ils, aperçu deux gardes communaux en train de mettre volontairement le feu à des champs d'oliviers sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab. A partir de là, les citoyens de ces bourgades se sont mobilisés pour arrêter les deux éléments de la police municipale. Ces derniers ont été passés à tabac par la population, et ce, avant d'être emmenés au siège de l'APC où un grand rassemblement avait été observé par les manifestants qui voulaient remettre les deux gardes communaux aux élus locaux mais pas, insistent-ils, aux services de sécurité. L'arrivée des brigades antiémeute, quelques instants plus tard, a mis le feu aux poudres. La situation a, en un laps de temps, dégénéré. Les manifestants ont lancé des jets de pierre et autres projectiles sur le siège de l'APC qui a été partiellement saccagé.Les portes en verre et les fenêtres ont volé en éclats. Dès lors, la ville commençait à offrir un visage de désolation. Toutes les artères menant au centre-ville ont été barricadées par des blocs de pierre et des pylônes arrachés ainsi que par des pneus enflammés. Les fumées émanaient de tous les coins de la cité. Il était près de 19h lorsque les manifestants ont commencé à investir la RN12. Celle-ci a été fermée à la circulation pendant plus de deux heures. Ce qui a engendré un grand embouteillage en début de soirée. Vers 21h, alors que la voie publique a été dégagée, les jeunes ont regagné l'esplanade du siège de l'APC. Ils voulaient en découdre avec les éléments de la police. Des affrontements éclatent de nouveau obligeant les forces de l'ordre à utiliser des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. Ces derniers ont riposté avec toutes sortes de projectiles et de pierres. « Comment voulez-vous qu'on se taise. Des maisons ont failli, de peu, être brûlées. On a subi des journées infernales avec la chaleur et en plus on fait face à des incendies qui empoisonnent notre quotidien en cette de période de canicule où les conditions de vie sont vraiment difficiles dans notre village. Comment peut-on rester insensibles à ce qui se passe », clame un citoyen de Bouchioua, l'un des hameaux les plus touchés par les incendies du week-end dernier. En effet, les flammes ont ravagé une partie importante de la forêt et des broussailles dans les villages de Sidi Ali Bounab, une région fortement pénalisée par la rudesse du climat. Que ce soit en été ou en hiver, les habitants de ces bourgades, perchées sur les hauteurs de Tadmaït, font face à un véritable calvaire.Vendredi, les feux de forêt ont fait subir à la population de cette région de durs moments tant les flammes cernaient même les maisons. « On a dû évacuer les habitants et se mobiliser pour apaiser l'intensité des feux et éviter surtout aux flammes d'atteindre nos maisons. Des centaines d'oliviers et des dizaines de ruches sont parties en fumée en une journée », déplore un jeune d'El Maâdi. Pour sa part, le maire de Tadmaït nous a précisé : « Nous avons essayé vainement de calmer les esprits, d'expliquer aux manifestants que l'affaire est du ressort de la justice. Ils ne voulaient pas remettre les deux gardes communaux aux forces de sécurité et voulaient les garder au siège de l'APC », ajoute M. Hammadi, qui a souligné, en outre, que les deux gardes communaux ont été, après leur libération, évacués à l'hôpital, dont l'un est dans un état grave. On a appris également, hier dans l'après-midi, que les propriétaires des champs d'oliveraies auraient déposé plainte contre les deux éléments de la police municipale pour incendie volontaire. Hier, durant toute la journée, le calme est revenu dans la ville de Tadmaït. Une opération de nettoyage des débris provoqués par les émeutes de la veille a été entreprise par les services de la mairie à travers les différentes ruelles de la ville.
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