Emballement

La convergence qui se dessine entre les partis et forces regroupés au sein de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique et le quartette d'anciens Premiers ministres rejoints par d'autres personnalités amorce un nouveau tournant avec la rencontre, tenue hier au siège du RCD, pour sceller un pacte politique devant déboucher sur une mise à niveau démocratique du pays.Désormais, il y a beaucoup de monde sur le pont qui appelle au changement et à la rupture avec le système et pas seulement des moindres ? de simples moussaillons pour cirer le plancher, mais des personnalités en vue de la scène nationale ? pour que le pouvoir minimise la portée et l'impact politique de ce conglomérat de forces unies dans l'opposition au pouvoir.Tout le spectre politique que compte la scène nationale, et qui va des démocrates, aux nationalistes, en passant par les islamistes, les recyclés du système ainsi que des chefs de certaines formations politiques sans envergure utilisés comme faire-valoir pour faire du chiffre, est représenté dans cette initiative politique. Sans préjuger de l'avenir de cette coalition, il reste qu'un pas politique et psychologique important a été franchi par l'opposition à la faveur de la rencontre d'hier.Compte tenu de la situation de blocage politique dans laquelle se trouve le pays depuis la réélection de Bouteflika pour un quatrième mandat dans les conditions que l'on sait, il n'est pas inopportun de se demander qu'est-ce qui fait courir tout ce beau monde, dont certains ont pris le train en marche après avoir fait de la résistance passive à la CNLTD pour des questions de leadership.En filigrane de cette mobilisation qui s'élargit de plus en plus, faisant sortir du bois des personnalités qui ont disparu des radars de la vie politique nationale, certains croient y déceler un appel pressant à la classe politique de la part des sphères du pouvoir pour se préparer à mettre en place les instruments de l'alternance.Quand on connaît la prudence, le pragmatisme politique de certaines personnalités et le sens de l'opportunisme d'autres qui ont souscrit à la démarche de la Coordination, on ne peut pas en effet ne pas voir dans cette accélération subite des événements un lien direct avec la situation de vacance du pouvoir constatée et confirmée dans les faits par l'incapacité de Bouteflika à exercer ses prérogatives présidentielles pour cause de santé.La succession à Bouteflika est-elle à l'ordre du jour pour que la vie politique, et précisément l'opposition, s'emballe ainsi subitement comme si un événement politique majeur se préparait dans le secret des laboratoires du pouvoir ' Poser une telle interrogation ne signifie pas pour autant douter des convictions des animateurs de la coordination.L'avenir nous dira si elles sont sincères ou non. Le fait que le débat sur la révision constitutionnelle mené, tambour battant, sans la participation d'une large frange de l'opposition, ne fasse plus l'actualité alors qu'il aurait dû constituer naturellement l'événement phare de la rentrée politique et parlementaire, pourrait constituer un indice pertinent qui montre bien que le pouvoir fait du surplace et que l'élection d'avril dernier n'a pas réglé, mais n'a fait que rendre encore plus complexe, l'équation politique en Algérie.