Algérie

Elyes Fakhfakh piégé



Des partis politiques accusent le mouvement Ennahdha de vouloir faire main basse sur le gouvernement.Sans surprise, le parti islamiste Ennahdha a acté officiellement, mardi soir, son retrait de confiance au chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, optant ainsi pour la voie du conflit frontal avec le chef du gouvernement et le président Kaïs Saïed. Cette décision a été prise par le Conseil de la choura, à l'issue d'une réunion exceptionnelle tenue dans la soirée du mardi, au siège du parti à Tunis. Le leader du parti, Rached Ghannouchi, a été chargé de mener les consultations avec le gouvernement et des partis politiques pour un changement de gouvernement, faisant fi de la position du président de la République, Kaïs Saïed, qui avait exprimé, lundi, son rejet catégorique des concertations gouvernementales tant que le gouvernement de Fakhfakh est toujours en place.
Dans la foulée, ce dernier a annoncé son intention de procéder à un remaniement ministériel qui devrait toucher sept ministres du parti Ennahdha, alors que le président de ce parti, Ghannouchi, est lui-même sous le coup d'un retrait de confiance engagé au Parlement qu'il préside par quatre formations politiques l'accusant de mauvaise gestion. Plusieurs partis tunisiens ont réagi hier à la décision du mouvement islamiste, en lui reprochant de vouloir faire main basse sur le gouvernement, a rapporté la presse tunisienne.
Le dirigeant au sein du Courant démocratique, Hichem Ajbouni, cité par Tunisie numérique, a estimé qu'"Ennahdha s'est habituée à dominer les gouvernements depuis 2011, mais l'équipe actuelle a coupé la voie du chantage, en particulier le Courant démocratique, le Mouvement du peuple ainsi que le chef du gouvernement", ce qui semble gêner énormément Ennahdha. Il a souligné que ce parti islamiste "ne veut pas de partis qui gouvernent avec lui, mais des partis qu'il contrôle", assurant que c'est la seule formation politique qui "perturbe le travail du gouvernement depuis le début de sa formation".
Ennahdha, qui est en difficulté au sein de la coalition gouvernementale, a dit lundi envisager le départ de M. Fakhfakh, désigné fin janvier par le président Saied, après des mois de négociations et deux échecs du parti à réunir une majorité autour d'un chef de gouvernement. Le parti a expliqué sa dernière décision par les soupçons de corruption qui pèsent sur le chef du gouvernement Fakhfakh. "La situation économique et sociale très grave ne peut être surmontée par un gouvernement dont le chef est soupçonné de conflit d'intérêts", a déclaré Abdelkrim Harouni, président du Conseil de la choura du mouvement islamiste. "Ennahdha n'accepte aucun soupçon de corruption dans ce gouvernement", a-t-il affirmé.
La Tunisie, déjà au bord de l'asphyxie économique, risque avec cette crise politique de plonger dans l'incertitude, alors que sur le front social la population se montre de plus en plus excédée face à un chômage qui dépasse les 30% dans le Sud et où la pauvreté touche des pans entiers de la société.


K. Benamar


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