Algérie

Elles y laissent parfois la vie



Elles y laissent parfois la vie
Chiffres - Il n'y a pas de statistiques officielles concernant l'avortement hors mariage. Mais celles des organisations de femmes sont effarants.
Alors que nous continuons de scruter ce qui se passe autour de nous dans la salle d'attente. De temps à autres, l'infirmière jette un coup d''il, certainement pour épier nos mouvements.
Elle demande à une femme qui venait d'arriver de l'accompagner vers une autre salle, interdite aux amies venues l'accompagner, obligées de rester dans la salle d'attente. Il est également défendu aux femmes entrant dans la salle d'opération d'échanger quelques mots avec celles qui sortent.
En un mot, les choses se déroulent selon les règles auxquelles doivent se soumettre les femmes : se faire avorter puis se débarrasser du «déshonneur», ou bien se faire rabrouer de la clinique et en assumer les conséquences.
Malgré le mutisme des services de la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn) que nous avons sollicités pour avoir des chiffres, nous en avons quand même obtenu (par le biais d'un autre truchement) quelques-uns qui laissent pantois : il y a 70 000 avortements contre 780 000 grossesses par an en Algérie. Notre source a révélé «qu'au moins 70 000 cas d'avortements ont été enregistrés, contre 780 000 naissances naturelles par an au niveau national. Sur 100 cas de naissance, 10,5 % sont des avortements, dont 7 % de ce taux dans le milieu urbain et 3,5 % en milieu rural, ce qui indique que le phénomène se propage aussi bien dans les villes que dans les campagnes». Il n'y a pas de statistiques officielles ou de chiffres concernant l'avortement des femmes enceintes hors mariage, mais notre source révèle «le décès de 78 femmes l'année dernière en dix mois, après s'être fait avorter chez des obstétriciennes ou des médecins non qualifiés.
Durant la même période, 21 cas d'avortements ont été enregistrés, avec une moyenne de 3 opérations par mois». Dans le domaine juridique c'est l'avocate Me Fatma Zohra Ben Brahem qui jette un pavé dans la mare. «Il y a un vide juridique concernant l'avortement. Ce vide constitue un obstacle à l'application des articles du nouveau code de la famille ainsi que le code pénal», dit-elle. Par ailleurs, l'avocate a classé les raisons de l'avortement en deux catégories, les raisons légitimes et les raisons illégitimes. «La propagation de la prostitution sont l'une des causes principales qui font que beaucoup de femmes tombent enceintes, donc pour cacher le déshonneur, elles acceptent par ignorance de se faire avorter», explique l'avocate qui travaille pour changer le cours de certaines lois, mais surtout pour faire valoir les droits de la femme dans de telles circonstances.




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