Elle propose un report de la révision constitutionnelle

Louisa Hanoun a-t-elle tout dit? Dans la conférence de presse qu’elle avait animée, dimanche dernier, pour parler, surtout, de la loi de Finances et de «l’attitude dogmatique» des députés par rapport aux amendements du PT, Louisa Hanoun a, mine de rien, jeter un pavé dans la mare. Elle ne propose, rien moins, que le report de l’élection présidentielle. Pourquoi le report? Parce qu’elle considère que la période qui nous sépare de ce rendez-vous, cinq mois, est trop courte. Trop courte pour une révision qui passerait par voie référendaire. Car la première dame du Parti des travailleurs estime que la cause, en l’occurrence la révision, est trop importante, pour la confier à un parlement à qui elle dénie toute représentativité.  «C’est le plus mauvais parlement que nous avons depuis l’instauration du pluralisme», s’est-elle emportée. Et de dire aussi à propos de cette révision qu’elle souhaiterait la voir porter sur le fond, c’est-à-dire non pas un léger toilettage dans le seul but de faire passer à la trappe la disposition limitative des mandats. Mme Hanoun, forte de sa référence à la Constitution, estime que le président de la République a la prérogative de différer la tenue des élections. Il faut noter que c’est la première fois que le débat sur la révision constitutionnelle, vieux déjà de deux années, au moins, bifurque sur une proposition de renvoyer carrément le rendez-vous du moins d’avril prochain à une date ultérieure. Jusqu’à la sortie de Mme Hanoun, avant-hier, le débat autour de la révision constitutionnelle avait une autre substance. Il y a d’abord les partis de la coalition présidentielle, le FLN en particulier qui a fait de cette révision l’essentiel de son programme politique. Ces partis sont soutenus dans leur démarche par la flopée d’organisations satellitaires du système qui pressent Abdelaziz Bouteflika à faire procéder à la révision pour se donner la possibilité de briguer un troisième mandat. On retrouve, aussi, au sein des partis de l’opposition ceux qui sont contre la révision constitutionnelle, à l’instar du RCD et du FFS. Il y a, aussi, Moussa Touati qui a annoncé sa candidature, tout en revendiquant une révision de la constitution par la vox populi. Mais force est de constater qu’avec cette sortie, Louisa Hanoun se place radicalement dans une autre perspective, celle du report. Du coup, une foule de questions se posent naturellement. La proposition de la première dame du PT est-elle «une génération spontanée»? Ou bien joue-t-elle le rôle de poisson pilote, en se faisant l’écho d’une proposition discutée en haut lieu. Il faut se rappeler que ce n’est pas la première fois que le Pouvoir prend le truchement de la première dame du Parti des travailleurs pour faire des annonces politiques fortes avant de les faire prendre en charge, dans un deuxième temps, par ses relais traditionnels. En tous cas, loin d’être gratuite, la proposition de madame Hanoun place l’enjeu de la présidentielle dans une nouvelle perspective qui se précisera certainement dans les semaines à venir.   H. Senouci