Un programme de défense avancé. C'est le nouveau plan gaz de l'Europe,
multiplier les infrastructures, organiser une riposte communautaire aux crises
et jouer la concurrence entre fournisseurs.
Les Européens sont traumatisés par les crises récurrentes du gaz de 2006
et du début de cette année qui avaient vu la Russie, suite à un litige avec
l'Ukraine, arrêter purement et simplement - en plein hiver ! - les livraisons
du précieux fluide. Le différend sur les quantités prélevées par l'Ukraine sur
les livraisons à l'Ouest européen avait entraîné un arrêt brutal des livraisons
suscitant l'angoisse et la colère chez les clients transis de la puissante
Gazprom. Les débats, parfois enflammés, au Parlement européen sur la fiabilité
russe ont conduit la Commission européenne à proposer un programme de
renforcement des moyens communautaires de stockage et de répartition du gaz
pour parer à d'éventuelles crises du gaz à l'avenir. Le nouveau plan de
garantie de la sécurité énergétique devrait entrer en vigueur en 2014 au plus
tard. D'ici à cette date, les Etats membres devront s'assurer que leurs
infrastructures sont suffisamment diversifiées pour prévenir et atténuer les
conséquences d'éventuelles ruptures d'approvisionnement. L'objectif étant de faire
face à l'éventuelle carence de leur principale source d'approvisionnement
durant une durée de 60 jours de temps glacial.
La Communauté européenne
déclarera une «Urgence communautaire» si elle perd plus de 10% de ses
importations gazières ou en cas de crise nationale dans l'UE, suivant les
nouvelles règles proposées par l'exécutif européen. Dans ce cas, les pays de
l'UE devront faire preuve de solidarité pour assurer un flux continu au travers
de leurs frontières. A fin septembre 2010, les pays de l'UE soumettront leurs
projets de diversification de leurs réseaux et de réponse aux situations
d'urgence.
Dans son communiqué daté du 16
juillet, la Commission insiste aussi sur son propre rôle dans la coordination
des actions durant les crises et sur l'instauration de mécanismes afin que les
Etats membres accordent leurs efforts. Le communiqué ne précise pas les mesures
concrètes destinées à atteindre cet objectif. Selon des spécialistes des
questions énergétiques, l'UE envisage la création de nouveaux terminaux de
regazéification du GNL, des entrepôts souterrains et des gazoducs
supplémentaires destinés à échanger des quantités de gaz entre pays membres...
Des terminaux, des entrepôts... en attendant l'évitement de la Russie
Selon les experts, le plan
européen est purement transitoire et démontre un certain scepticisme devant la
mise en service rapide des gazoducs Nabucco ou South Stream qui pourraient
réduire effectivement sa dépendance au gaz russe. Il n'est pas inutile de noter
que la publication de ce programme intervient au lendemain, littéralement, de
la signature d'un accord politique à Ankara relatif au projet de gazoduc
Nabucco. Le pipeline, dont l'entrée en service est prévue - hypothèse optimiste
- à 2014, pourra transporter 31 milliards de mètres cubes de gaz par an à
partir d'Asie centrale et devrait coûter environ 8 milliards d'euros.
Le projet de gazoduc Nabucco
lancé en 2002, dans le but de réduire la dépendance énergétique des pays de
l'Union européenne vis-à-vis de la Russie, est entré dans une phase nouvelle
avec la signature lundi 13 juillet d'un important accord politique en Turquie.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, présent à
Ankara, a pu rencontrer les partenaires au projet ainsi que les deux
fournisseurs potentiels, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Malgré la
satisfaction apparente des participants à la cérémonie de signature, de
nombreuses questions restent en suspens sur la capacité des fournisseurs à
développer leurs gisements.
Des alternatives sont d'ores et
déjà envisagées, notamment les champs du nord de l'Irak ou même ceux de l'Iran
malgré l'ostracisme « nucléaire » dont ce pays est l'objet. Les Européens sont
d'ailleurs divisés sur la question de la sécurité énergétique et de l'évitement
de la Russie. Les Allemands engagés aux côtés des Russes sur le projet North
Stream, destiné à contourner l'Ukraine via la mer Baltique, estiment que la
rationalité industrielle, au niveau des entreprises, doit jouer un rôle
primordial en cas de crise. Les autorités européennes ne devant intervenir,
selon Berlin, qu'en cas de situation « exceptionnelle ».
Russie contre Algérie, contre Qatar...
Les enjeux sont d'importance, le
gaz étant appelé, notamment pour des raisons de protection de l'environnement,
à assumer une part croissante de la consommation européenne de combustibles
fossiles. Derrière le discours sur la sécurité des approvisionnements,
l'intention première de l'UE est de mettre en concurrence le maximum de
fournisseurs possibles. La diversification élargie est en effet le moyen le
plus efficace de maintenir la position dominante du client dans une stratégie
commerciale destinée à exercer une pression permanente sur les prix. Les
déclarations du commissaire européen à l'énergie sont parfaitement limpides à
cet égard. Interrogé sur la possibilité que le gaz algérien, qui devrait venir
sur le marché européen par le gazoduc «TSGP» qui part du Nigeria, puisse
remplacer le gaz russe, Andris Piebalgs a écarté cette possibilité et a rappelé
que l'Algérie couvre «déjà» 10% des besoins de l'UE. Au sujet du Qatar, autre
producteur très important, le responsable européen a montré l'intérêt de la
Commission: «C'est un pays vers lequel nous regardons». L'UE souhaite porter
ses importations de l'Emirat de 7,5 milliards de m3 actuellement à 30 milliards
de m3. On le voit, la priorité à la sécurité des approvisionnements est
inséparable de la logique de mise en concurrence des fournisseurs.
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Posté Le : 18/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com