Algérie

Elle avait annoncé à l'antenne la naissance de la République algérienne



Elle avait annoncé à l'antenne la naissance de la République algérienne
Elle était la pionnière des speakrines de l'Algérie post-indépendance. Elle était télégénique. Avec cette coquetterie dans l'?il. Elle avait marqué plusieurs générations de téléspectateurs. Amina Belouizdad est décédée hier à l'âge de 83 ans.Amina Belouizdad est entrée dans l'histoire de la télévision algérienne une certaine journée du 28 octobre 1962 à 18h, depuis le studio principal du siège de la Télévision nationale du 21 boulevard des Martyrs, à Alger. Car Amina Belouizdad a eu l'insigne honneur d'annoncer solennellement et fébrilement à l'antenne la naissance de la jeune République algérienne démocratique et populaire.«C'étaient des moments forts, qu'on ne peut décrire», s'était-elle souvenue de cette historique nouvelle. Ayant acquis une expérience à l'ORTF, qu'elle avait intégré en 1958, elle avouait : «J'ai commencé à travailler par nécessité. J'avais 3 enfants. Mon mari était fonctionnaire. Mes enfants grandissaient, leurs besoins aussi. Il fallait donc se mettre au boulot pour aider ma famille.Je n'avais aucune formation. J'étais une mère de famille dont l'ancrage traditionnel est connu, où les femmes ne travaillent pas, encore moins dans un milieu artistique comme la télévision. Cela a défrayé la chronique dans le cercle familial, mais j'avais de mon côté mon époux, qui était d'accord, et mon frère aîné. J'ai donc commencé à exercer? c'était un plaisir pour moi. On m'avait appris à être discrète, correcte dans ma manière de m'habiller, d'être simple?»Elle crevait le petit écranAprès l'indépendance, Amina s'était imposée comme l'animatrice vedette par excellence bien qu'elle réfutait ce qualificatif. La force d'Amina résidait dans sa capacité de maîtriser les deux langues, arabe et français. Il lui arrivait souvent de passer de l'une à l'autre sans encombre, avec un accent particulier qui plaisait.«Le jour où on nous a dit : ??le français, c'est fini'', j'étais fin prête à présenter dans la langue nationale avec la même finesse et la même facilité.» A propos de son éviction de la télévision, elle avait confié : «Un directeur a décidé qu'il fallait changer de speakerines. Cela a été fait comme ça brutalement, sans aucune considération pour notre passé. Nous n'avons même pas été invitées à une collation d'adieu. On m'a carrément signifié que je devais quitter l'antenne, le jour même où je devais passer. Imaginez le choc?C'est comme quelque chose que vous aimez beaucoup, et que vous n'avez pas le courage de quitter, et il y a des gens qui prennent des décisions pour vous. En quelque sorte, cela vous soulage. On m'a mutée à la radio où j'ai été accueillie par le directeur de l'époque, que je remercie infiniment, en l'occurrence M. Aldelkader Nour. Il m'avait dit textuellement à l'époque : ??Madame, je ne peux pas obliger une personne comme vous à faire n'importe quoi.Choisissez où vous voulez aller et avec qui vous voulez travailler. Juste à ce moment-là la porte s'ouvre et Faouzi, alors chef de département de la production et de la programmation en langue arabe, a fait son apparition. J'avais d'excellentes relations avec Faouzi alors, j'ai dit que j'aimerais travailler avec lui, et c'est parti comme ça pour une autre aventure. J'ai gravi les échelons pour devenir, à mon tour, chef de département. C'est à ce titre que je suis à la retraite.»Elle n'était pas une poticheLa dépouille mortelle d'Amina Belouizdad sera exposée au public, aujourd'hui au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Kouba, pour un dernier hommage. La défunte sera inhumée au cimetière de Sidi M'hamed. Amina Belouizdad, cette figure emblématique et familière de surcroît, a été cette présentatrice adoptée par des générations. Ces «enfants de la télé»-là, sont tristes. Car cette mère n'était guère une potiche et jurait avec la «mire».




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