Un ambitieux projet d’exploration de l’Afrique en automobile visant à relier l’Afrique du Nord à l’Afrique équatoriale par la route et qui servira de préparation aux raids à venir en Afrique et en Asie, les célèbres croisières noire et jaune entre 1924 et 1932.
L’expédition est partie le 17 décembre 1922 de Touggourt en Algérie, terminus du chemin de fer, pour arriver à Tombouctou au Mali le 7 janvier 1923. Celle-ci acheminait le premier courrier postal transsaharien sur une distance de 3500 km.
Une organisation, des hommes
Cette première expédition témoigne des qualités exceptionnelles d’organisation logistique d’André Citroën qui chargea George Marie Haardt et Louis Audouin- Dubreuil d’une équipe constituée de plusieurs militaires et d’un géographe. Ce sont Georges Etienne, le professeur Castelnau, Maurice Penaud, Maurice Billy, Roger Prud’homme, Fernaud Billy, René Rabaud et l’adjudant Chapuis qui ont rendu possible cette aventure. La traversée, selon les deux chefs de mission dans leur livre La première traversée du Sahara en automobile de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide (publié en 1923) raconte avec force détails le déroulement de l’expédition qui a été effectuée par cinq véhicules auto-chenilles, moteur 10 HP et 2000 kg de charge. Le 18 décembre, les voitures empruntèrent l’oued Mya passant par les zones de puits vers Bordj Hassi Inifel qu’elles quittèrent le 20 décembre pour arriver au carrefour de Menkeb Souf à 90 km au sud. A l’embranchement de l’ancienne piste qui mène vers In Salah, les véhicules s’engagent dans le plateau du Tademaït pour découvrir une excellente piste abandonnée mais reprise l’année d’avant par la mission d’étude du raid. Ils arrivent à In Salah le 21 décembre 1922 pour enfin prendre la direction de Tasnou par Hassi El Khenig, Tigulguemine, Tadjmout et les gorges d’Arak. Le 26, ils étaient à In Iker puis In Amguel, Tit et Abelessa et le 29 décembre, ce fut l’étape de l’oasis de Silet, dernière oasis avant la traversée du Tanezrouft qui se fera par l’Adrar des Ifoghas, Kidal et l’arrivée à Tombouctou le 7 janvier 1923. Dans un album paru aux éditions Glénat en 2003, La croisière des sables, sur les pistes de Tombouctou, Ariane Audouin—Dubreuil, fille de Louis Audouin—Dubreuil, retrace la traversée et témoigne de la passion de son père pour le désert. Ariane Audouin—Dubreuil rend aussi hommage aux mécanos de la Croisière des sables qui, témoigne-t-elle, pouvaient fondre une pièce de moteur là où ils se trouvaient.
Et Touggourt ?
Comme chaque année à la même date, il n’y aura aucune commémoration de cet événement aujourd’hui. Ce que garde Touggourt de la croisière des sables est une stèle témoignant du passage de l’expédition. A l’ex-place Citroën, place de la Liberté actuellement, on peut admirer l’hexaèdre qui reprend l’itinéraire de la mission, ses hommes, ses escales ainsi que les trois ethnies rencontrées sur le parcours : un homme en burnous sous le titre Algérie, un homme bleu au Hoggar et un guerrier africain au Soudan. Au cœur de Touggourt, la stèle Citroën appelle plus que jamais un regain d’intérêt. En 2002, la tentative d’organiser un rallye raid de l’amitié se voulait une relance des sports mécaniques en Algérie et une commémoration de l’expédition, mais l’idée n’a jamais abouti.
Posté Le : 17/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Houria Alioua
Source : www.elwatan.com