Algérie

Elle a été adoptée jeudi par le parlement : Une loi sur la réconciliation en Mauritanie



Une nouvelle loi sur le terrorisme, adoptée cette semaine par le Parlement mauritanien, ouvre pour la première fois la voie du repentir aux combattants islamistes, pour tenter de contrer l'expansion d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Le texte adopté jeudi soir par le Sénat annonce, dans l'article 19 : « Peut bénéficier de l'absolution de sa peine tout membre d'un groupe ayant planifié un acte terroriste qui en aurait informé les autorités administratives ou judiciaires, permettant ainsi d'en éviter la mise à exécution ou d'en identifier les auteurs ». Selon des magistrats interrogés, cette disposition concerne des terroristes en liberté ou des détenus n'ayant pas encore été jugés. Mais la loi n'a pas d'effet rétroactif pour des condamnés purgeant déjà leur peine. La nouvelle disposition s'accompagne, toutefois, de plusieurs conditions imposées au repenti.Le parquet peut notamment le poursuivre s'il a des preuves que son repentir n'est pas sincère, en le plaçant sous observation pendant trois mois. De l'avis du juriste mauritanien, Vadhili Ould Raiss, cette loi « s'inspire des règles de la Charia (droit musulman, ndlr) qui préservent l'innocence et le repentir. Elle donne ainsi un contenu et la possibilité d'une issue heureuse au dialogue avec les islamistes radicaux ». Ce juriste évoque ainsi le dialogue « spirituel » lancé en janvier, au sein-même de la prison de Nouakchott, entre des théologiens mandatés par le gouvernement et une soixantaine de présumés terroristes en instance de jugement.Pas d'effet rétroactifA l'issue de ces discussions, les érudits avaient soutenu que la plupart des détenus avaient « reconnu leurs erreurs » et « renoncé à leurs idées fondées sur l'extrémisme et la violence ». A présent, la loi donne une forme juridique à cette idée de repentir. Une possibilité qui contraste avec les récentes condamnations à mort de trois jeunes Mauritaniens affiliés à Al Qaîda. Le 25 mai, la cour criminelle de Nouakchott a, en effet, condamné à la peine capitale Sidi Ould Sidna, 22 ans, Maârouf Ould Haiba, 28 ans et Mohamed Ould Chabarnou, 29 ans, reconnus coupables d'avoir assassiné quatre touristes français près d'Aleg (sud-est), en 2007. 2009 avait été une année noire avec la multiplications d'actions terroristes inédites sur le sol mauritanien : l'assassinat d'un Américain à Nouakchott, la tentative d'attentat d'un kamikaze qui s'est fait exploser près de l'ambassade de France, puis les enlèvements de trois Espagnols (dont deux toujours séquestrés) et de deux Italiens.Pour le sociologue Mohamed Lemine Ould Sidi, le fait que le repentir soit désormais permis par la loi est une bonne chose : « Je crois que le tarissement des sources du terrorisme passe par cette voie. Des jeunes peuvent ainsi être récupérés et réconciliés avec leur société et leur religion ». « C'est une sorte d'insertion sociale à rechercher, dit-il. Car il est établi que la seule méthode forte ne peut avoir de résultats sur des gens qui cherchent la mort comme objectif principal de leurs actions djihadistes ».


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