Malgré une épaisse littérature sur le nouveau style religieux (l’islamisme), particulièrement durant ces dix dernières années, il ne nous semble pas, d’un point de vue sociologique et anthropologique, que nous soyons pour autant mieux avancés sur la connaissance de ce phénomène religieux nouveau. De plus, il semble bien que son émergence soit le résultat d’un long travail de fabrication de nouvelles catégories religieuses. Ces dernières sont bâties sur un effacement des catégories véhiculées par le modèle religieux traditionnel mis «hors la loi» autant par l’action de refonte religieuse des années 1930/40 que par celle de la gestion bureaucratique du domaine religieux
Par ailleurs, nous n’excluons pas des glissements d’un mode religieux à un autre. Ce qui nous semble avoir été négligé par la littérature portant sur la situation religieuse actuelle, c’est justement le processus lent de fabrication de ce style religieux nouveau en même temps qu’une tendance à se focaliser plus sur la refondation du lien politique à partir d’un lieu religieux plutôt que l’analyser le style lui-même. De plus, ces approches occultent les réalités religieuses empiriques encore en fonction au profit des manifestations ostentatoires du nouveau style religieux. Partant de ce constat, nous proposons de retourner à une démarche qui, pour le moment, devrait accorder une grande attention à l’accumulation de données de terrain à partir de lieux locaux. C’est, nous semble-t-il, l’angle le plus maîtrisable pour le chercheur et le plus fructueux aussi. L’exemple exposé dans la deuxième partie de l’article se veut démonstratif à ce sujet.
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Posté Le : 09/02/2024
Posté par : einstein
Ecrit par : - Salhi Mohamed Brahim
Source : Insaniyat Volume 4, Numéro 2, Pages 43-63 2000-08-30