Algérie

Electricité, gaz et carburants


Electricité, gaz et carburants
S 'achemine-t-on vers la fin, ou du moins la baisse des subventions des prix de l'énergie en Algérie 'Les propos tenus hier à Alger par le Premier ministre par intérim et ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, sont sans équivoque à ce propos. Il estime que l'Algérie a mis en place, depuis l'indépendance, une politique de prix de l'énergie «défiant toute concurrence», l'objectif étant politique bien entendu et tendant à permettre «un développement social» de tous les citoyens algériens. Cependant, pense-t-il, cela ne peut plus continuer. Et d'ajouter que dans la mesure où «le pouvoir d'achat de l'Algérien va en augmentant, celui-ci devra contribuer aux coûts de l'énergie» de plus en plus importants.Echéances électorales obligent, le ministre rassure cependant quant la cadence avec laquelle tout cela devra se faire. Il insiste ainsi sur le fait que cela se fera de manière «progressive et rationnelle», en «tenant compte du pouvoir d'achat des citoyens» de façon à réorienter les subventions vers certains métiers et les catégories les plus fragiles.Ce qui, jusqu'à très récemment, était impensable, les pouvoirs publics ayant toujours opposé leur veto à toute possibilité de révision à la hausse des prix de l'énergie, particulièrement l'électricité et le gaz, semble aujourd'hui envisageable. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui précisait il y a quelques mois que l'Algérie subventionnait les prix de l'énergie à hauteur de 60% et y consacrait près de 7% de son PIB, pensait d'ailleurs qu'il était «politiquement risqué de les remettre en cause».Quelles pourraient être les motivations d'un tel revirement dans la position du gouvernement ' Au-delà des pressions exercées par l'OMC pour l'alignement des prix internes de l'énergie sur les marchés internationaux ou celles du FMI pour la suppression des subventions, les pouvoirs publics semblent surtout préoccupés par la cadence de la consommation interne d'énergie, laquelle ne cesse de s'accélérer. Le ministre, qui a eu tout le loisir de surfer sur les nombreux constats d'experts s'inquiétant de la capacité de la consommation interne à grever les exportations de l'Algérie, a ainsi assis son intervention au 18e Forum de l'énergie organisé par l'école polytechnique d'Alger sur l'énorme consommation d'énergie en Algérie.Youcef Yousfi indique ainsi qu'avec 38 millions d'habitants, l'Algérie a consommé, en 2013, 55 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) de divers produits énergétiques pour une valeur de 40 milliards de dollars. Bien que cela semble énorme, le ministre a estimé que la marge de progression de la consommation interne demeure importante dans la mesure où la moyenne nationale reste en deçà de la moyenne mondiale. Ainsi, selon ses prévisions, en 2030, l'Algérie, qui comptera alors 52 millions d'habitants, risque au minimum de doubler sa consommation, laquelle pourrait atteindre l'équivalent de 80 milliards de dollars pour 100 millions de tep. Des projections très en deçà de ce qui pourrait advenir de la consommation interne car basées sur une prévision de croissance de la demande de 5% par an.Quelle énergie alternative 'Or, la croissance de la demande interne d'énergie s'est établie, ces dernières années, à une moyenne annuelle de 10%.Pour Youcef Yousfi, si l'on ramène la croissance de la demande à 7%, la consommation en énergie sera doublée d'ici à peine une dizaine d'années. Se pose alors, selon le ministre, la problématique des ressources disponibles pour la couverture de ces besoins. Energies hydroélectrique, géothermique, charbon et nucléaire sont autant de solutions alternatives que le ministre balaye d'un revers de la main soit pour l'insuffisance des ressources en la matière ou en raison des coûts extrêmement importants que leur développement pourrait induire ainsi que des technologies restant, pour l'heure, inaccessibles, à moins d'un saut qualitatif en matière de recherche. Reste donc l'option des hydrocarbures et des énergies renouvelables.A ce propos, Youcef Yousfi a estimé qu'il ne faut pas se faire d'illusion concernant les énergies renouvelables car, au-delà du fait qu'elles soient une source d'énergie très coûteuse (6 à 7 fois plus que la génération d'électricité à partir du gaz), elles ne pourraient couvrir qu'en partie les besoins sans cesse croissants en électricité. Ainsi, le département de Youcef Yousfi projette de mettre en place une capacité de génération à partir d'énergies renouvelables de 12 000 MGW d'ici à 2030, de quoi couvrir 30 à 35% de besoins en électricité, si ce n'est moins. Le ministre conclut donc que le développement des capacités de production et des réserves de tous types d'hydrocarbures, qu'ils soient conventionnels ou non conventionnels, est vital.Des hydrocarbures qui contribuent, dit-il, «à non seulement couvrir les besoins internes en énergie et assurer la sécurité énergétique à long terme, mais aussi, grâce aux recettes générées par les exportations, à financer le développement de l'économie nationale indépendamment de tout endettement externe». Un aveu édifiant quant aux enjeux et préoccupations des pouvoirs publics : la rente de laquelle dépendent non seulement des pans entiers de l'économie nationale, mais aussi et surtout la survie du système.


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