Battu à Ankara, le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan était en passe de perdre Istanbul aux élections municipales de dimanche dernier. Un revers pour le Président dont le scrutin a servi de baromètre pour tester sa popularité.En effet, les résultats partiels indiquent que la coalition d'Erdogan est arrivée en tête à l'échelle nationale avec 51% des voix, mais l'opposition a remporté Ankara et était en passe d'arracher Istanbul, deux villes que le parti présidentiel AKP d'obédience islamiste et ses prédécesseurs de même tendance contrôlent depuis 25 ans.
A Istanbul, une ville de 15 millions d'habitants, où Erdogan était maire avant de devenir Premier ministre en 2003, le candidat de l'opposition, Ekrem Imamoglu, était crédité d'une courte avance sur l'ex-Premier ministre, Binali Yildirim. Le président du Haut Comité électoral (YSK), Sadi Güven, a indiqué hier que Ekrem Imamoglu devançait d'environ 28 000 voix M. Yildirim, d'après des résultats partiels.
Aussi, il a relevé que des recours sont examinés pour un peu plus de 80 urnes. Après cette annonce, l'agence de presse étatique Anadolu a crédité Ekrem Imamoglu de 48,79% des voix contre 48,51% pour Binali Yildirim, après dépouillement de 99% des urnes.
Ce dernier a admis hier que son adversaire «semble avoir reçu 25 000 voix de plus», mais souligné «que le comptage des voix était toujours en cours». Ceci dit, Erdogan a déjà perdu la capitale.
Selon Anadolu, le candidat de l'opposition Mansur Yavas est en tête avec 50,90% des voix, contre 47,06% pour celui de la majorité Mehmet Özhaseki, après dépouillement de 99% des urnes. Pour les deux principales villes du pays, l'AKP a annoncé hier qu'il déposerait des recours pour faire réexaminer la validité des bulletins considérés comme nuls, affirmant avoir relevé des «irrégularités».
Domination
De son côté, Binali Yildirim a indiqué, ce même jour, que le nombre de votes nuls à Istanbul était «plus de 10 fois supérieur à l'écart» de voix le séparant de Ekrem Imamoglu, déclarant que le score pourrait changer. Redoutant des fraudes, l'opposition a appelé ses observateurs à ne pas quitter les bureaux de vote, quitte à «ne pas dormir pendant 48 heures». La situation économique du pays a pénalisé l'AKP, qui s'est appuyé sur une forte croissance pour récolter les victoires électorales depuis les débuts 2000. Cette fois, il est sanctionné par la première récession connue par le pays en dix ans, une inflation record et un chômage en hausse.
Cofondé par Erdogan et Abdullah Gül, l'AKP remporte en 2002 une écrasante victoire aux législatives. En 2003, Erdogan est nommé Premier ministre. En mai 2013, les forces de l'ordre délogent plusieurs centaines de personnes campant près de la place Taksim d'Istanbul contre un projet d'aménagement urbain.
Les manifestants exigent la démission du Président, accusé de dérive autoritaire. Le 10 août 2014, Erdogan est élu Président dès le premier tour du scrutin, qui se déroule pour la première fois au suffrage universel direct. Aux législatives de juin 2015, l'AKP arrive en tête mais est privé de sa majorité absolue au Parlement. D'où de nouvelles élections le 1er novembre de la même année, remportées par l'AKP. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, une tentative de coup d'Etat échoue.
Elle est imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, qui nie toute implication. Des purges visent les partisans de Gülen, puis la mouvance prokurde et les médias.
Quelque 55 000 personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 limogées ou suspendues. En juin 2018, Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour avec 52,6% des voix.
Le scrutin marque le passage, à la faveur d'une révision constitutionnelle, du système parlementaire à un régime présidentiel où le Président concentre la totalité du pouvoir exécutif.
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Posté Le : 02/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amnay Idir
Source : www.elwatan.com