Rompu à la man'uvre de la diversion, le FLN a réussi à entrer dans le jeu électoral avec à sa tête son secrétaire général pourtant, fortement, décrié par «le chahut» qui a accompagné la confection des listes de ses candidatures.
Abdelaziz Belkhadem tente de convaincre, plus que tout autre responsable de parti politique, que le FLN remportera le plus grand nombre de sièges à l'issue des élections législatives du 10 mai prochain. Il n'a pas tort d'y croire puisqu'il a réussi à garder son poste de SG malgré les pressions et les retraits de confiance qu'il a subis par des personnes qui, pourtant, lui étaient très proches. L'on ne sait si c'est la célébration du 50è anniversaire de l'indépendance de l'Algérie qui déteint sur les esprits ou alors une éventuelle recomposition du pouvoir sur fond d'une nouvelle définition de son exercice qui ameutent des antagonismes parfois féroces. Les man'uvres se définissent, aujourd'hui, plus que tout par le renvoi à des velléités de dominance d'une wilaya ou d'une région sur une autre tant la référence aux wilayas historiques est présente. L'on note, sans gêne, que l'agitation au niveau du FLN a été déclenchée par ce qui est appelé le clan de Constantine. «Il ne faut pas confondre entre le clan de l'Est qui englobe les Chaouias notamment Batna et celui de Constantine qui regroupe ceux d'El Harouche, de Skikda et parfois même ceux de Jijel pour des considérations d'équilibre», nous expliquent des responsables.
Du coup, l'on n'hésite pas à compter Salah Goudjil dans «le clan de Constantine» qui cherche à (re)prendre les choses en main au sein du FLN, un appareil de pouvoir par excellence où le jeu de rôles est devenu une seconde nature. L'exercice de décryptage d'une conjoncture, dont les bouleversements n'épargnent ni les Etats, ni les Nations encore moins leurs gouvernants, laisse croire que le pouvoir en place accepte de se redéfinir mais sans perdre ses privilèges et surtout sans perdre la face. Les uns dans les autres, l'Algérie tente de se frayer un chemin dans ce paysage houleux et dangereux sans être trop secouée.
Le départ de Belkhadem ne figurait donc pas, du moins pour cette période, sur les tablettes de celui qui décide, à savoir le chef de l'Etat fortement assisté par son proche entourage. Belkhadem ne devait pas partir avant d'avoir fait la campagne d'un parti qui veut absolument damer le pion au RND et au MSP en tentant de canaliser toutes les forces susceptibles de rouspéter ou de revendiquer au nom du fameux changement politique recherché. L'ex- parti unique s'est même arrangé pour placer dans ses listes des conservateurs avérés afin de mettre à l'aise les partisans de l'islamisme politique. On trouve de tout dans les listes FLN pour les prochaines législatives. Du démocrate, au conservateur, à l'islamiste modéré et radical, et même le laïc, tout y est.
«L'HOMME DE MISSION»
La personne de Belkhadem, à elle seule, assume l'ensemble de ces critères sans s'obliger à faire dans le mimétisme. Le SG est connu pour être un «homme de mission.» Il se doit ainsi d'être prêt à camper tous les rôles. Qualifié «d'homme de confiance» du président de la république, Belkhadem n'a jamais donné l'impression d'être inquiété par l'agitation qui s'exprimait sous ses yeux jusqu'à l'étouffer. Il attend toujours de réagir conformément aux consignes du président du FLN, Abdelaziz Bouteflika. Ce qui laisse affirmer que la confection des listes par ses soins relève de l'utopie. Il est clair que les candidatures FLN ont été choisies avec une grande précaution tant le jeu est trouble. La presse a déjà avancé le nom du ministre de l'enseignement supérieur à cet effet. Le raccourci est vite établi quand on sait, qu'entre Rachid Harouabia et Saïd Bouteflika, il y a une proximité née il y a de longues années lorsqu'ils fréquentaient tous les deux le campus de Bab Ezzouar, le premier comme recteur et le second comme enseignant. La confiance est toute établie. Autre indice, il est admis que Belkhadem ne pouvait accomplir l'exploit d'éjecter Si Affif sans que l'opération ne soit parrainée par une main experte. L'on raconte que Si Affif fait partie de ces nombreux courtisans auxquels le président de la république n'a pas d'estime. «Si Affif a été dans les listes des élections de 2007 plus parce que le président a vu qu'il s'était trop investi aux côtés de Belkhadem alors responsable des redresseurs contre Ali Benflis,» nous dit un responsable. «Il l'a accepté en 2007 mais a refusé de le revoir dans les listes de 2012. Il a tenu à ce que Si Affif en soit éloigné le plus possible,» ajoute-Il. Abdelaziz Ziari ne devait pas non plus y être mais pas pour les mêmes raisons. L'on avance que le président ne tient pas à le revoir à la présidence de la nouvelle assemblée mais qu'il pourrait le nommer à la tête du FLN après la tenue d'un congrès extraordinaire. Toutes les supputations sont bonnes en prévision de la constitution d'un nouvel échiquier politique. Bouteflika compte, selon nos sources s'assurer «une bonne relève pour un pouvoir sur mesure, à commencer par se trouver à lui même le remplaçant qu'il cherche.»
BELKHADEM, «UNE CARTE DE CONFIANCE»
L'on susurre alors que son départ avant 2014 serait toujours une option à garder en main à condition que «les choses avancent comme convenu». Avril 2013 est donné comme période où le président risquerait de partir non sans avoir trouvé le bon remplacement. Le nom de Mouloud Hamrouche refait encore surface même si cet ancien chef du gouvernement est considéré comme «le mal aimé de l'armée.» Mais «justement», disent nos sources, «Bouteflika n'a rien laissé à l'armée pour être encore en position de faire encore des présidents.» Hamrouche serait ce nom que l'on sort pour nous dit-on «permettre au clan de Constantine de rebondir comme il se doit.» L'on ne s'empêche pas de penser qu'ainsi, Bouteflika fera tout pour ne pas laisser le nom de Benflis être projeté au devant de la scène. Reste que Belkhadem n'est pas exclu de la liste «des noms présidentiables.» le SG du FLN ferait l'affaire des Américains dont le poids dans la région gonfle, considérablement, depuis le déclenchement des guerres qu'ils ont fomentées contre les régimes arabes.
Rien n'est sûr, tout se fait selon les évolutions politiques et sécuritaires dans la région. Dés son arrivée au pouvoir, Bouteflika s'est promis, selon nos sources de se consacrer à trois lourds dossiers à savoir : la redéfinition des pouvoirs confondus des services de sécurité avec en prime le rôle de l'armée, les questions sécuritaires et enfin l'islamisme. Il se voit aujourd'hui bien servi. Les bouleversements que connaît la région et les menaces qui pèsent sur l'Algérie le garde en constante veille pour (re)donner à ces trois dossiers l'importance et les dimensions qui lui permettront de garder le pays intact. Il se doit d'avoir toutes les cartes entre les mains pour pouvoir en abattre les plus sûres en ces temps incertains. Belkhadem semble en être une… de confiance.
L'on susurre encore que Bouteflika réfléchit, ces jours-ci, à changer le gouvernement Ouyahia par un gouvernement «neutre.» Abdelmalek Sellal est ce nom qui est avancé à chaque fois qu'il est question de changer le Premier ministre. Le ministre des ressources en eau a été désigné pour accueillir le fils de l'émir du Qatar venu, vendredi dernier, à Alger, pour assister aux funérailles du président Ahmed Benbella. Il suffit de peu pour supputer…
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Posté Le : 19/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com