L'Algérie a définitivement pris les allures d'un pays démocratique, a
estimé, samedi, le président de la Commission nationale consultative de
promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH),M. Farouk Ksentini.
Pour lui, «les réformes politiques et les nouvelles lois (...) font que
le pays a pris d'une manière irréversible le virage définitif de la
démocratie».
Mieux, M. Ksentini affirme à la radio chaîne III que «l'Algérie est en
voie de devenir un Etat démocratique dans toute l'acceptation du terme», avant
d'enchaîner que «nous sommes arrivés à une étape décisive de notre histoire».
Bien sûr, il reconnaît, cependant, que les réformes politiques engagées
en Algérie, au lendemain du Printemps arabe, sont «quelque part insuffisantes
et frileuses», mais «ne sont pas nécessairement négatives».
Il en veut pour preuve la loi sur l'information, estimant qu'»elle est
frileuse pour une raison bien simple, qui n'a rien de démagogique, (du fait
que) les journalistes n'ont pas été suffisamment consultés».
Dans le même sillage, s'il a salué l'ouverture du champ audiovisuel, il
n'en demeure pas moins, selon lui, que cette ouverture «ne se fait pas
suffisamment rapidement».
Pour lui, «ça faisait des mois déjà que les choses ont été décidées. Il
faut passer aux actes et ouvrir réellement le champ audiovisuel». Au passage,
il a salué le rôle de la société civile en matière de renforcement de la
démocratie, relevant leur rôle important dans les rendez-vous électoraux, avec
une propension des partis politiques à les utiliser lors des rendez-vous
électoraux.
Ce qui est «naturel», a-t-il dit, souhaitant, toutefois, que les choses
se fassent «loyalement». «Il faut leur faire confiance», a-t-il affirmé, et a
appelé l'Etat à leur faciliter le travail et les encourager, pour le travail
«considérable» qu'ils accomplissent sur le terrain.
Par ailleurs, et sur les
prochaines législatives, il a affirmé qu'il faut aller voter, même s'il y a
risque de fraude «morale», et il faut empêcher l'instrumentalisation de la
religion à des fins politiques. Farouk Ksentini a appelé à la «mobilisation»
pour la réussite des élections législatives et l'avènement du «changement».
Pour le président de la CNCPPDH, aller voter dans la conjoncture
socioéconomique nationale actuelle, c'est en réalité faire preuve de
militantisme et pour accélérer le changement politique en Algérie. «Nous devons
nous mobiliser pour aller voter, pour que ces élections réussissent, et pour
que le changement intervienne à travers une chambre réellement représentative»,
a-t-il affirmé. Il a même souhaité que les jeunes se «déterminent» par rapport
à ces élections législatives. M. Ksentini ne manque pas de relever le malaise
social, notamment chez les jeunes, mais il les exhorte quand même à aller
voter, espérant, en sa qualité de défenseur des droits de l'homme, des
élections «sincères, transparentes et réussies». Farouk Ksentini a même suggéré
de rendre le vote «obligatoire», pour «inciter» les gens à voter, même avec un
«bulletin blanc», si quelqu'un n'est pas convaincu par les candidats en course.
«C'est totalement inadmissible que des gens refusent d'aller voter»,
affirme-t-il, ajoutant que pour lui, l'abstention «ne profite à personne».
Restant dans cette même logique, il s'est par ailleurs déclaré opposé à toute
instrumentalisation de la religion à des fins électorales.
EVITER LES MAUVAIS SCENARIOS POLITIQUES
«Je ne reconnais à personne le droit d'instrumentaliser la religion à des
fins politiques. Ceci est complètement immoral», a-t-il dit, qualifiant
d'»escroquerie et d'entreprise criminelle» toute tentative d'utiliser la
religion à des fins politiques et électoralistes. M. Ksentini a ainsi rappelé
l'»expérience malheureuse» vécue par l'Algérie durant la décennie noire,
appelant à ce que les «choses ne se répètent pas». «Ce qui me perturbe le plus,
c'est la fraude de l'électeur, manipulé par des partis prônant des programmes
et des promesses irréalisables», a-t-il dit, avant de mettre en garde contre la
«fraude morale», qui est pour lui «plus difficile à cerner que la fraude
physique, la fraude sur le bulletin». Et pour rester dans sa logique, Ksentini
estime que cela «relève beaucoup plus de la démagogie électorale que de la
réalité des choses (...). Ça, c'est beaucoup plus difficile à maîtriser», a
expliqué Me Ksentini.
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Posté Le : 08/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com