Algérie

Elections législatives: Les Algériens du Canada pourront-ils voter ?


Le Canada interdit le lancement du processus électoral des élections législatives du 10 mai prochain sur son sol et ce conformément à une de ses lois.

C'est en abordant hier le premier des sept points qu'il dit «avoir été examinés par le gouvernement» que le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger a fait part de ce refus exprimé par le gouvernement canadien. Halim Benattallah affirme «ne pas comprendre comment le Canada demande à être présent en Algérie parmi les observateurs étrangers pour suivre le processus électoral et le scrutin, et refuse en parallèle le droit de vote aux ressortissants algériens vivant sur son sol.» Il a ainsi souligné lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier au siège du ministère des Affaires étrangères que «le gouvernement canadien interdit aux ambassades et aux consulats étrangers d'organiser un quelconque scrutin sur son sol, ce qui constitue pour nous un problème parce que nous considérons que nos ressortissants ont le droit de voter.» Le secrétaire d'Etat fait savoir qu'«il est possible que l'opération de vote soit organisée à l'intérieur de l'ambassade et du consulat, ce qui ne cause aucun préjudice à la souveraineté de ce pays.» Ce qui, en principe, n'est pas interdit par la loi canadienne. Par contre, ce qui l'est, c'est l'utilisation de l'espace public canadien par des candidats étrangers pour les besoins de leur campagne électorale ainsi que l'ouverture de bureau ou ce qui est appelé QG (quartier général) de campagne ou de bureaux de vote. Interdiction valable pour tous les pays étrangers. «Ce qui contredit à notre avis les lois internationales», dit cependant Benattallah. L'on rappelle à cet effet que les candidats tunisiens ont été interdits de campagne sur le sol canadien. C'est aussi le cas actuellement pour les candidats français. Halim Benattallah indique que «les autorités algériennes continuent de négocier avec le gouvernement canadien pour régler ce problème.» Ce qui est bien en soi et montre que les Canadiens semblent disposés à trouver une solution à un problème qui n'en est pas un véritablement puisque leur loi impose l'interdiction en question. Le secrétaire d'Etat espère qu'«en tant que pays démocratique, le Canada doit respecter le droit de vote de la communauté algérienne et doit lui permettre de l'exercer.»

80% DES ELECTEURS ALGERIENS A L'ETRANGER SE TROUVENT EN FRANCE

Le ministère des Affaires étrangères et le secrétariat d'Etat sont en attente «d'une réponse définitive». Mourad Medelci a même reçu l'ambassadeur canadien en poste à Alger «suite aux nombreuses démarches entamées à cet effet.» Benattallah reste optimiste et «espère sensibiliser notre partenaire au Canada (le MAE à Ottawa ndlr).» Le secrétaire d'Etat annonce par ailleurs que «d'autres alternatives sont à l'étude mais il est trop tôt pour en parler».

Le Canada compte 18.000 électeurs issus de la communauté algérienne résidant sur ses territoires. Un nombre en augmentation par rapport à 2009 où ce nombre était de 10.000 électeurs.

Les services du secrétariat d'Etat estiment le nombre global des électeurs issus de la communauté algérienne à l'étranger «après épuration des listes électorales» à 988.229 électeurs dont 80% résident en France. «En 2009, ils étaient à 928.403 électeurs», précise le secrétaire d'Etat. Ces électeurs pourront exercer leur droit au niveau de 117 circonscriptions administratives pour le pourvoi de 4 et 2 sièges, respectivement pour le nord et le sud de la France, 2 sièges pour la zone Maghreb-Machrek-Asie-Afrique et 2 sièges pour la zone Amérique-Europe. Le gouvernement algérien a décidé de regrouper les espaces pour la campagne électorale des candidats en France en quatre régions au lieu de six auparavant. Des régions qui n'englobent pas forcément les villes françaises qui sont proches l'une de l'autre. Ce qui est le cas de Paris et Strasbourg, par exemple, qui se retrouvent dans une même région alors qu'elles sont distantes l'une de l'autre de plus de 500 km. «Ce n'est pas la solution idéale mais elle nous a été imposée par la loi qui fixe le taux de représentativité de la femme à 50% des sièges de l'émigration au sein de l'APN», explique-t-il. Il pense même que «les candidats n'auront pas la tâche facile mais ils pourront s'adapter à cette réalité».

DANS L'ATTENTE DU RAPPORT DE L'UE

Le responsable de la communauté nationale à l'étranger souligne par ailleurs, qu'en plus de l'installation ces dernières semaines des commissions de contrôle, en matière de nouveautés «il y a eu l'installation de commissions de supervision des élections à Paris, Marseille, Tunis et Washington, ceci pour assurer un bon déroulement du processus électoral.» Mais, avoue-t-il, «parfois les instructions ne suffisent pas, une délégation composée de cadres du MAE et d'autres du ministère de l'Intérieur se déplaceront la semaine prochaine à l'étranger pour contrôler les dispositifs mis en place.»

48 dossiers de candidature ont été retirés à ce jour auprès des ambassades et consulats algériens «dont 2 femmes et 40 indépendants», précise le diplomate.

Benattallah rappelle pour la circonstance que l'Union européenne, la Ligue arabe, l'Union africaine ont envoyé en Algérie des missions de précurseurs pour juger de l'envoi d'observateurs du processus électoral. «Nous avons eu des échos positifs de ces institutions à ce sujet», a dit Benattallah, qui note que l'Algérie a accepté que les observateurs étrangers jouissent durant leur mission de «la liberté de circulation sans avertir de leur déplacement au préalable et de la liberté de recherche de l'information auprès de l'administration.» Les premières estimations du nombre d'observateurs étrangers susceptibles d'être présents durant la période électorale donnent, selon le secrétaire d'Etat, 120 observateurs pour l'UE, près de 200 pour l'UA, 100 pour la Ligue arabe en plus d'une centaine de personnalités onusiennes. «Nous attendons la confirmation de ces estimations par nos partenaires», précise-t-il. «Le Canada, la Suisse et la Norvège ont aussi demandé à être présents pour observer le processus électoral», ajoute-t-il. Des ONG comme la Fondation Carter ou le NDI veulent elles aussi être de la partie. La première attend, selon lui, le rapport des précurseurs de l'UE pour se décider.


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