Algérie - Revue de Presse

ELECTIONS LEGISLATIVES La politique des officines



Entre un taux de participation gonflé et un autre revu à un niveau admisuniversellement, les scores des échéances électorales ne semblent pas faitspour échapper aux diverses manipulations du pouvoir en place. Dernièreprestation médiatique des « gagnants » aux dernières législatives, cellediffusée mardi soir par la télévision nationale. Sereins, les patrons du FLN etdu RND se sont d'ores et déjà installés dans leurs confortables sièges que la «raison » politique » leur a réservés à l'Assemblée populaire nationale. Ledébat qui les a réunis ce soir là à la responsable du PT, tournera surtout surles explications à donner à l'important taux d'abstention qui a caractérisél'élection du 17 mai dernier. Il est curieux quand même de voir que l'oncontinue à s'émouvoir au sujet d'un taux d'abstention qui, placé dans uncontexte électoral dont le décor est monté comme de tradition, par les milieuxdécisionnels habituels, devient par déduction, un indicateur comme tous lesautres, à la mesure des ambitions conjoncturels des pouvoirs en exercice.  L'on admet que depuis quel'Algérie politique organise des élections, l'Algérie citoyenne ne vote pas. Onen voudrait pour preuve les réactions qu'ont toujours eu les observateurs etcommentateurs à propos du taux de participation à chaque élection. « Gonflé ! »comme d'habitude, disent-ils tous sans ambages. Cela se passait avant 1990. C'étaitdu temps où le pouvoir pensait construire une crédibilité autour d'uneparticipation forte et passive du corps électoral. L'on aura vu jusqu'à 98, 99%de taux de participation sans que ceux qui l'ont décidé éprouvent un quelconquescrupule à le rendre public et à le confirmer de surcroît quand il s'agissaitde le faire pour le compte d'un parti unique. Dès le début des années 90, déjàpas très homogènes, les cercles du pouvoir se sont éloignés davantage les unsdes autres en raison de divergences autour notamment de la gestion de la donneislamiste. A partir de là et en conséquence à leur décision d'opérer, à partirde 1989, une ouverture contrôlée du champ politique, il décide de la créationd'un multipartisme dont les animateurs deviennent -s'ils ne le sont pas tout àfait au début de leur désignation - maniables sous peine de se voir éjecter del'échiquier sous n'importe quel prétexte. Dès ces années-là, les observateurs expliquent que le jeu partisan devaitêtre dessiné en premier dans les officines pour être réalisé publiquement parles partis politiques. L'option est simple. Elle repose sur la fameuseproblématique des quotas que les pouvoirs en place ont adopté et réexaminent àchaque fois qu'une échéance électorale pointe à l'horizon. Ceci pour préserverleurs intérêts respectifs à travers les instruments partisans qu'ils ontaccepté d'inclure dans le jeu politique. Ils ont pour cela, varié les moyens depersuasion de leurs interlocuteurs. Ils ont soit opéré des gonflements du tauxde participation, des repositionnements des partis et des redistributions desièges. Ou le tout à la fois. Cela pour toujours composer un parlement à leurservice. Il serait malhonnête de ne pas le reconnaître quand on voit de quellemanière sont expédiés les projets de lois, parfois adoptés sous une forme etredescendus dans l'hémicycle pour être ré-adoptés sous une autre tout à faitdifférente. Le cas de la loi sur les hydrocarbures en restera le meilleurexemple. Plus récemment, la création d'une alliance présidentielle deviendrapour rester à ce jour un bon outil de manoeuvres politiques. Elle constitueracette majorité qui doit, selon les propres propos du secrétaire général du RND,être au service de l'Exécutif. En clair, elle sera le porte-voix des pouvoirsen place pour appuyer toute décision que ces derniers voudraient prendre maisqu'ils accepteraient de soumettre par fausse pudeur à l'appréciation duparlement. Sous-entendre qu'ils le feraient dans les conditions qu'ils seraientles seuls à en maîtriser les évolutions. Cette fois-ci donc, ils l'ont fait comme en 2002, et plus loin comme en1997. Ils ont confectionné le parlement qu'ils voulaient en fonction de lanature de la conjoncture et des redéploiements que chacune de leurs castestentent de leur donner. Annoncé déjà dans ces colonnes avant la tenue desélections, ils ont diminué de la force du FLN, ont ramené le RND à uneproportion un peu plus importante que celle de 2002, ont rassuré le PT par unnombre appréciable de sièges, ont réadmis le RCD sous sa forme d'il y a cinqans, ont laminé les islamistes par coups interposés sous forme d'une exclusionde leur leader ou d'une diminution purgative de leur présence à la chambrebasse. Entendons par islamistes ceux d'El-Islah puisque ceux du MSP sont inclusdans une alliance au service de l'Exécutif comme le soutien Ouyahia, un chefqui sait toujours de quoi il parle. Le reste de la composante de l'Assemblée,émiéttée comme elle l'est, répondrait à des considérations de calculs parpermutations selon les besoins. Pour réussir ce schéma, les pouvoirs en factionn'avaient pas besoin d'un taux de participation plus important que ce qu'ilsont annoncé officiellement (35,65%). Cela conforterait même leur choix dediscréditer les partis qu'ils accusent implicitement de fraude. « Si fraude ily a, ce sont les partis politiques qui en sont responsables », a répété leministre de l'Intérieur avant même la tenue des élections. Ceci étant dit, sion suit les itinéraires de ces partis depuis leur création à ce jour, les observateursles moins avertis diront qu'ils se confondraient avec les castes des pouvoirsen place. Le jeu donc existe bel et bien. Et s'ils acceptent tous de s'yprêter, c'est parce qu'il en vaut la chandelle. Aux yeux de ces concepteurs enpremier. De qui, de l'administration ou des représentants partisans qui ontfraudé le jeudi dernier ? Il serait dans ce cas, inutile donc de s'essayer à enidentifier les auteurs. Ceux des Algériens qui ont voté, et il y en a eu comme à chaque élection,ils l'ont fait par tradition, par respect du droit de citoyen, par devoirpartisan et autre considération de se voir exiger la carte d'électeur. Le toutdonnerait bien un taux qui avoisinerait celui admis par les grandes démocratiesde par le monde même s'il est réajusté comme récemment pour les besoins descauses en débat en hauts lieux. Ceux qui ne l'ont pas fait, ne l'ont jamaisfait, par rejet d'un système politique qui n'a pas changé et dont ils estimentbien connaître le fonctionnement.


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