Algérie

Elections législatives en Egypte



Les Frères musulmans surprennent Le rideau est tombé mercredi sur les élections législatives les plus violentes jamais organisées en Egypte. La confrérie des Frères musulmans a multiplié par cinq le nombre des sièges dans le nouveau Parlement, qui passent ainsi de 17 à 88, sur un nombre total de 444. Certes, le Parti national démocratique, au pouvoir, a gagné 334 sièges - ce qui lui permet de maintenir sa majorité au Parlement - mais, pour la première fois de l?histoire, les Frères musulmans formeront le principal bloc de l?opposition dans l?hémicycle. Les Frères musulmans n?ont présenté des candidats que dans la moitié des circonscriptions électorales pour ne pas trop bousculer le champ politique. Des années de dictature déguisée ont réduit la vie politique à néant. D?où des taux de participation faibles aux élections, avec 23% lors des législatives de novembre et de décembre et des présidentielles de septembre derniers. Officiellement, la confrérie est interdite, mais, en réalité, elle est tolérée et ses candidats peuvent se présenter à des élections comme indépendants. Son succès à ces élections parlementaires est d?autant plus remarquable qu?il intervient en dépit des multiples tentatives des autorités d?empêcher ses sympathisants de voter. La gauche, les chrétiens coptes, des femmes et des laïcs ont peur que les nouveaux députés des Frères musulmans n?essaient de mettre à profit leur succès électoral pour demander des restrictions d?ordre moral et des limites aux libertés individuelles. A en croire Ali Laban, un député de la confrérie qui vient d?être réélu - et qui, selon la presse, est connu pour ses diatribes contre les programmes d?éducation sexuelle dans les écoles privées, et en faveur du port du voile obligatoire - « avant, toute proposition que nous faisions était immédiatement rejetée par les centaines de mains levées des membres du parti au pouvoir. Maintenant, nos propositions pourront être débattues ». Quant au numéro 2 des Frères musulmans, Mohamed Adib, il affirme dans un éditorial que « le but de la confrérie est de changer la Constitution afin de doter les tribunaux du pouvoir de s?assurer que les lois sont conformes à la charia », concédant toutefois que c?était là un objectif à long terme. La confrérie n?a pas encore le nombre nécessaire de députés pour pouvoir opérer de profonds changements. Ses objectifs immédiats, selon Mohamed Adib, restent « les réformes politiques et économiques, en priorité, en plus de la lutte contre le chômage et la corruption ». Laban, un élément pourtant extrémiste de la confrérie, estime que les Frères musulmans ne cherchent pas la confrontation avec le parti au pouvoir. En plus de sa campagne électorale sophistiquée et de ses excellents rapports avec les médias, la confrérie a déployé des milliers de volontaires aux quatre coins du pays afin de sonder les électeurs. « Nous cherchons à savoir pourquoi les gens votent pour nous et ce qu?ils attendent de nous ; et nous avons des experts qui se sont attelés uniquement à cette tâche » explique le numéro 3 des Frères musulmans, M. Arian. Un grand nombre d?Egyptiens a voté pour leurs candidats, non pas parce qu?ils appuient leur projet de société, mais pour protester contre la corruption et la pauvreté ayant caractérisé, près d?un quart de siècle, le pouvoir du président Moubarak. Le rédacteur en chef du journal hebdomadaire Al-Doustour offre l?explication suivante quant à la percée des Frères musulmans : « Quand ils doivent choisir entre les candidats de la confrérie et ceux du parti au pouvoir, tout citoyen, selon sa logique, n?hésitera pas à choisir un candidat de la confrérie. » Cependant, ceux qui ne partagent pas l?idéologie de la confrérie sont loin d?être convaincus par cette modération. Pour eux, en effet, les Frères musulmans tiennent différents langages, selon ceux ou celles auxquels ils s?adressent. Ils adoptent un discours radical devant des pieux et la base, et un discours modéré quand ils s?adressent au monde extérieur, aux coptes, à une partie de la classe moyenne et les laïcs.


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