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Elections législatives en Belgique: La gauche victorieuse, les séparatistes en trouble-fête



La gauche belge, largement vainqueur des élections législatives, doit faire avec les nationalistes et séparatistes flamands qui ont réussi une percée en Flandre avec 28,3% des votes. L'équation est compliquée et les Européens retiennent leur souffle parce que la Belgique doit assurer la présidence tournante de l'UE dans… 15 jours.

En Belgique, les élections législatives sont une éternelle dispute entre Flamands du nord et Wallons du sud. Au centre Bruxelles, capitale par ailleurs de l'Union européenne, est la pomme de discorde. Ainsi, le peuple belge s'est prononcé ce dimanche 13 juin, lors de ces législatives anticipées (Chambre et Sénat), pour marquer plus ses différences identitaires que ses peurs face à la crise socio-économique qui menace le pays. Globalement, les Flamands du nord ont placé en tête de leur préférence un parti politique séparatiste, la N-VA (Nouvelle Alliance Flamande), en lui attribuant 28,3% de leurs voix. Au sud, les francophones wallons ont plébiscité largement le parti socialiste (PS) avec 35%. A Bruxelles, région à part entière, les socialistes ont rejoint les libéraux du Mouvement réformateur (MR) avec une moyenne de 20% pour chaque parti. La principale satisfaction est le net recul de l'extrême droite qui passe de près de 25% en Flandre à moins de 12%. En Wallonie et à Bruxelles, le Front National n'a pu franchir le cap des 1,5%, autrement dit il a disparu.

 Ce sont là, les principaux résultats, car dans le détail les choses sont complexes à l'image du schéma institutionnel belge (fédéralisme) qui fait cohabiter sept gouvernements (régionaux et fédéral) et autant d'assemblées élues. C'est cette complexité du système belge que mettent en avant les conservateurs et séparatistes flamands pour revendiquer une réforme de l'Etat, et qui a été, par ailleurs, à l'origine de ces élections générales anticipées. D'aucuns s'interrogent sur l'impatience des Flamands à revendiquer l'urgence de cette réforme institutionnelle. En réalité, la réforme des institutions n'est que le prétexte qui cache le désir des Flamands de briser la solidarité sociale et financière entre les trois régions du pays. Profitant de son aisance financière relative pour le moment, la Flandre ne veut plus être solidaire des difficultés sociales et économiques de la Wallonie francophone. Cette dernière qui fut plus prospère durant près d'un siècle et demi traverse une mutation difficile en raison de la fin de l'exploitation de ses mines de charbon.

 La Wallonie a été, au temps de sa prospérité, solidaire de la Flandre pauvre (essentiellement agricole). C'est cette ingratitude que les Wallons n'arrivent pas à comprendre. Pourtant, la Wallonie amorce depuis les cinq dernières années un essor économique certain, grâce à l'adoption de son plan «Marshall». Mieux, toutes les études prospectives sont du côté wallon : natalité en hausse, recul du taux de chômage, investissement, y compris étranger en hausse, innovation et recherche en pointe, etc. Au contraire, la Flandre accuse une population vieillissante (financement des pensions), emploi en berne, pas d'industrie de base, etc.

 Enfin, il y a la question de Bruxelles-Capitale, région à part entière et enjeu de la guéguerre entre les deux communautés. Malgré son positionnement géographique en Flandre et son statut de capitale de l'UE, Bruxelles est une ville à majorité francophone (plus de 85%). Son financement est complexe et c'est aussi le cheval de bataille, cette fois-ci, des francophones et Wallons. Aux Flamands qui revendiquent de revoir les circonscriptions électorales de sa périphérie constituée des zones de Hall et de Vilvoorde (BHV) pour les rattacher à la région flamande, les Bruxellois répondent par l'extension du droit des populations francophones de cette périphérie et par la révision du financement du budget général de la capitale Bruxelles (300.000 Flamands travaillent à Bruxelles et paient leurs impôts en Flandre où ils habitent).

 Comme on le voit, les différends ne manquent pas entre les deux principales communautés belges et tout le monde se questionne sur la suite de ces élections : y aura-t-il un gouvernement fédéral stable avec tant de désaccords ? Auquel cas, il n'est pas exclu que les Belges soient appelés à de nouvelles élections dans les mois qui arrivent. C'est un scénario plausible. Pour l'heure, l'hypothèse la plus probable et celle d'un gouvernement qui rassemblerait du côté francophone les socialistes, les humanistes (démocrates chrétiens) et les écologistes arrivés en troisième position, et du côté flamand les nationalistes de la N-VA, les sociaux chrétiens (CD&V) et les socialistes (S.PA). Quant au Premier ministre, ce sera selon tous les pronostics et pour la première fois depuis 1974, un francophone, le socialiste Elio Di Rupo. C'est dans ces conditions que la Belgique s'apprête à assurer la présidence tournante de l'UE, dès le 1er juillet prochain. Les yeux du reste de l'Europe sont fixés sur sa capitale, Bruxelles.




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