Algérie

Elections législatives



Quand Mezrag et Djaballah feignent d’ignorer la loi Le chef du MRN a animé, avant-hier, une conférence de presse pour dire que les autorités, le ministère de l’Intérieur en particulier, veulent l’empêcher de prendre part aux futures législatives dans lesquelles il espère faire une bonne pioche. «Suite à une note du ministère de l’Intérieur, les services des wilayas ont décidé de suspendre l’octroi des formulaires de candidatures à nos représentants, arguant que notre parti n’a pas tenu son congrès», a déclaré Abdallah Djaballah. Qualifiant cette décision d’»illégale», le chef du MRN a indiqué que «le ministère de l’Intérieur a refusé à trois reprises, depuis décembre 2004, de délivrer une autorisation pour l’organisation» du congrès de son parti. «L’administration n’a rien à nous reprocher, nous n’avons commis aucune infraction. La participation du parti à toutes les élections précédentes et la dernière en date, les sénatoriales (en décembre), est une preuve édifiante. Où est donc la faille? Pourquoi aujourd’hui on décide de nous écarter?», s’est-il interrogé. Mais tout en exprimant une telle interrogation, Djaballah, qui a perdu la qualité de chef du MRN, pour avoir été destitué par le bureau national, n’ignore pas que son parti se trouve actuellement en porte à faux avec la loi. Il le sait mais il joue sur le registre de la victimisation, dans l’espoir de faire céder les autorités, plus que jamais soucieuses du bon déroulement des futures législatives, comme a tenu à le souligner Yazid Zerhouni. C’est d’ailleurs le même Zerhouni qui est monté hier au créneau pour apporter des clarifications par rapport à la problématique soulevée par Djaballah. Pour lui, ce dernier, dont le mandat de président d’El-Islah a expiré en 2004, «ne peut pas convoquer un congrès au nom de ce parti». «Du fait que son mandat a expiré en 2004, M. Djaballah ne peut pas, selon le statut d’El-Islah, convoquer un congrès au nom de ce parti», a souligné M. Zerhouni dans une déclaration à l’APS. Le ministre a indiqué que «selon un grand nombre de militants de ce mouvement, il n’est plus habilité à diriger le parti», précisant qu’El-Islah et M. Djaballah «n’ont pas de problèmes avec l’administration», mais, a-t-il dit, «c’est M. Djaballah qui a des problèmes avec son parti et ses militants». Rappelant, par ailleurs, que le parti El-Islah «n’a pas tenu son congrès», M. Zerhouni a relevé que «la dernière réunion du Madjliss Echoura (conseil national), à laquelle avait participé M. Djaballah, avait décidé de constituer une commission de préparation du congrès». «Cette commission a été récemment constituée par le Madjliss Echoura et a demandé l’autorisation d’organiser le congrès», a précisé le ministre qui a affirmé que cette autorisation lui a été accordée. «Nous attendons l’issue de ce congrès pour savoir qui va diriger le parti et qui sera habilité à désigner ses candidats», a-t-il dit. La balle est donc dans le camp de cette commission qui a encore assez de temps pour tenir le congrès et désigner les candidats qui porteront les couleurs du parti aux législatives. Mais en vérité, l’agitation de Djaballah, qui est loin d’ignorer les servitudes de la loi, pour être lui-même juriste, semble s’inscrire dans une stratégie d’ensemble des islamistes. Et pour cause, Madani Mezrag, aussi, fait dans la même manœuvre, en revendiquant le droit de participer aux législatives. Selon la presse arabophone nationale, qui a repris des propos qu’il aurait tenus à la chaîne qatarie Al Djazeera, il exprime clairement sa volonté de prendre le train des législatives, soit en présentant des listes indépendantes, soit en plaçant des éléments de sa mouvance dans d’autres listes. Il considère cela comme un droit, dans la mesure où, a-t-il encore expliqué, il a souscrit à la politique de réconciliation nationale qu’il interprète comme une amnistie. Pourtant, la loi sur la paix et la réconciliation nationale est claire à ce sujet en stipulant que tous ceux dont la responsabilité est avérée dans la tragédie nationale sont disqualifiés du jeu politique. Plus que la revendication de participation, l’ex-chef de l’AIS brandit la menace, sans toutefois donner d’indications précises sur ce qu’il compte faire lui et ses ouailles, dans le cas d’un niet, qui ne fait d’ailleurs pas de doute. En effet, le chef du Gouvernement Abdelaziz Belkhadem et son ministre chargé des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, ont rappelé opportunément la loi sur la réconciliation nationale et la ligne rouge qui ne devrait pas être franchie. En fait, l’agitation de Djaballah et celle de Mezrag, en attendant d’autres figures de l’islamisme, versent dans la même logique de pression, l’occasion des législatives étant propice.


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