Algérie

Elections des membres du CC



Elections des membres du CC
« Nous ferons les élections des membres du Comité Central dans la nuit du vendredi à samedi, quand les congressistes seront à moitié endormis, » promet un membre du Bureau Politique du FLN.La technique n'est pas propre à l'ex-parti unique. Elle a même été à l'origine de plusieurs résolutions adoptées en France ou au niveau du Parlement européen contre l'Algérie. Rompu aux pratiques « des coups d'Etat scientifique», des coups dans le dos et des coups bas, le FLN ne serait pas à sa première duperie de ses propres militants. «On élira les membres du CC vers 5h du matin, les gens seront complètement à plat, on pourra faire passer qui on veut», nous dit encore notre interlocuteur, non sans en rire. Il connaît bien la maison pour en être l'un des gardiens des arcanes du parti depuis de longues années. De 351, le nombre des membres du CC sera peut-être revu à la hausse comme ont eu à nous le dire la semaine dernière des caciques-dissidents. Des congressistes nous expliquent qu'il est décidé d'élire 3 membres par mouhafadha, dont le nombre à travers le pays est de 118. «Parmi ces trois membres, il faut compter une femme non pas par mouhafadha mais par wilaya, donc on doit avoir 48 femmes dans le CC, et il faut multiplier 118 (le nombre de mouhafadha) par deux, le tout donnera en principe 284 membres,» affirment ces congressistes, responsables au FLN.«Le jeu est fermé, on ne peut rien changer», nous disent des membres du BP, non sans un soupir. Ils font partie de ceux qui demandent à ce qu'«une seule fois, le FLN respecte son règlement intérieur; on demande que ses responsables fassent au moins semblant», nous disent-ils. Ils veulent pour cette fois, que le SG ne soit pas plébiscité mais qu'«il y ait plusieurs candidatures pour passer par les urnes.» L'on demande si ceux qui revendiquent l'urne sont nombreux. «On ne sait pas, on ne peut rien dire ni faire, on ne nous laisse pas discuter entre nous, les responsables et ceux qui décident pour le FLN nous divisent toujours pour régner», disent-ils. «Celui qui a été berrah, le sera toute sa vie,» ont-ils lâché.C'EST LA POLICE QUI A CONFECTIONNE LES BADGES»Le SG du FLN en a eu pour son rôle et sa prétention, jeudi dernier. Il avait ouvert les travaux du 10ème congrès jeudi dernier à la coupole du complexe du 5 juillet en présence du 1er ministre, des membres du gouvernement, des responsables d'institutions publiques et syndicales (UGTA) des ambassadeurs accrédités en Algérie ainsi que des délégations venues de Tunisie, de l'Angola, du Soudan, du Vietnam et du Sahara Occidental. La plus forte délégation est bien celle tunisienne qui comptait la présence de Mohamed Chaber, porteur d'un message du président Kaïd Essebci au président Bouteflika, El Hadi Bekouche, ancien 1erministre et « ami de l'Algérie» et des représentants de partis politiques tunisiens, notamment ceux de Nidaâ Touness. Il y avait aussi des représentants de l'Internationale Socialiste.La salle était pleine à craquer, même si la remise des badges a été marquée par une débandade indescriptible. Certains journalistes avaient beaucoup de peine à se faire accréditer même s'ils avaient pris la précaution d'envoyer leur photo quelques jours avant, tel qu'exigé par les responsables du parti. « Vos photos ont été perdues par la police, c'est elle qui a confectionné les badges, on ne peut rien faire», ont fait savoir des agents. Les bus de congressistes venus de certaines wilayas ne sont arrivés au niveau de la coupole que vers 10h et même plus tard. Leurs passagers n'avaient rien raté puisque ce n'est que vers un peu plus de 11h, qu'un représentant a pris le micro pour appeler les congressistes à s'asseoir. « Aujourd'hui, c'est la fête du FLN, prenez place pour que tout se passe bien,» disait-il. Saadani appelle tout de suite après les représentants des 118 mouhafadha à la tribune pour constituer la commission de validation de l'identité des congressistes. Un décompte qui a pris une demi-heure. L'assistance a eu droit, entre temps, aux discours qui ont fait « les beaux jours» de Bouteflika, de ministre des Sports, puis des Affaires étrangères à l'âge de 28 ans, président d'une des assemblées de l'ONU, à celui de la réconciliation nationale qu'il a prônée pendant son troisième mandat présidentiel, jusqu'aux « réalisations» durant son 4ème mandat.SAADANI, ENTRE IGNORANCE, DUPERIE ET CONSECRATIONLes membres de la commission reviennent avec leur verdict. « 6 371 congressistes sont retenus dont 3 161 jeunes, près de 700 femmes et 200 représentant les militants émigrés. 30 seulement ont été déclarés non conformes.» Saadani déclare le 10e congrès ouvert. « Le meilleur avec lequel on peut ouvrir nos travaux, ce sont des versets coraniques récités par Cheikh Ghafour,» a-t-il lancé. Le grand maître de la sanâa de Tlemcen est effectivement monté sur scène mais entonnera un superbe chant soufi, pure souche. Saadani a dû confondre, même s'il a fait dans sa vie, de grands pas dans le milieu musical. Le grand cheikh terminera quand même sa prestation en invoquant la très courte sourate Edhouha. Le SG annonce alors l'hymne national et ce sont des airs musicaux de la chanson de Warda El Djazaïria « Aïd El karama» qui fusent. L'hymne national commence après quelques secondes de flottement. Une fois les discours lus, la séance est levée par Saadani vers 13h 30 pour reprendre à 16h et installer 7 commissions chargées de plancher sur ce qui doit être retenu et ce qui ne doit pas l'être. Il faut noter que le travail a été fait par l'ancien CC puisque avant de remettre leur mandat, ses membres ont adopté tous les textes que le congrès doit juste entériner comme nouveaux règlements du parti. Mais les congressistes feront semblant d'en débattre. C'est ce qu'ils ont fait la journée d'hier, vendredi. « Vous connaissez le niveau des congressistes choisis par Saadani au niveau des mouhafadhat,» soupirent des membres du BP. « Les cadres du FLN sont démissionnaires moralement, aucun d'entre eux n'a pris la parole, ils savent qu'un travail de sape a été fait pour que l'unanimité et le plébiscite restent la règle de la participation,» notent-ils.Dans la matinée de jeudi dernier, pendant que Saadani lisait son discours, il y a eu en bas de l'estrade, une prise de bec entre photographes et cameramen d'un côté, et de l'autre, les «agents» de l'ordre recrutés par le FLN pour les besoins de l'organisation. C'était la pagaille. Des photographes affirment que les jeunes «organisateurs» avaient des crans d'arrêt sur eux. «C'est Djemââ, l'actuel président du groupe parlementaire FLN, qui a ramené ces videurs, il a choisi des voyous prêts à tout,» nous a dit un élu local congressiste. «J'assume ce que je dis,» nous a-t-il lancé encore. Aujourd'hui, samedi, le FLN installera son nouveau Comité Central et nommera son secrétaire général. A moins d'un miracle ou d'un coup de théâtre voulu en hauts lieux, Saadani sera plébiscité à son poste. Rien ne l'empêchera d'avoir cette consécration dans un pays où la politique n'est que slogan..




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