Ce n'est pas la première fois qu'un président américain se retrouve, à
mi-mandat, avec une opposition au Congrès. C'est même la règle depuis quelques
décennies. Quoi de si particulier, alors, pour Barack Obama ?
Deux ans après sa conquête de la
Maison Blanche, Barack Obama entame à partir d'aujourd'hui la seconde partie de
son mandat présidentiel avec un Congrès qui lui est hostile. Faut-il en déduire
que le président ne pourra plus mener à terme les grands chapitres de son
projet politique, et que ses chances pour un second mandat présidentiel ne sont
plus à l'ordre du jour ? Peut-être, et ce serait bien la première fois dans
l'histoire moderne des USA qu'un président ne fasse pas deux mandats, si l'on
considère Barack Obama naïf et peu «bosseur». Ce qui, au regard du bilan de ses
deux premières années aux commandes du pays, est loin d'être le cas. Une
première remarque : Obama est arrivé à la Maison Blanche en pleine tempête
financière américaine, la seconde de par son ampleur dans l'histoire des USA.
Cela veut dire que le programme économique et financier sur lequel il avait
bâti sa campagne électorale était «mort-né». Il a fait face, dès sa prise de
fonction, à son premier test d'envergure pour redonner la confiance et un sens
à son mandat. Il a montré une capacité d'adaptation rare chez les hommes
politiques dans de telles circonstances. Bien mieux encore, puisque c'est dans
ces circonstances budgétaires drastiques qu'il a réussi, quelques mois à peine
après, à faire voter une loi sur la sécurité sociale qui protège, désormais,
les 46 millions d'Américains qui en étaient exclus. Lorsqu'on sait que depuis
plus d'un siècle, les présidents américains successifs ont tenté, dans des
conditions d'aisance économique nationale, de faire pareil sans réussir, il
faut lui reconnaître une habilité politique exceptionnelle. Au plan
international, le retrait des troupes de combat américaines d'Irak dès août
2010, avec la perspective d'un retrait total en fin 2011, est un autre acte de
fidélité à ses engagements électoraux. Ce ne sont là que deux exemples qui démontrent
sa capacité à se jouer des équilibres politiques internes aux USA. Il aurait
très bien pu se saisir de l'occasion de la crise financière internationale et
de la recrudescence du terrorisme international pour fermer le jeu et abonder
dans une démagogie de circonstance. Son prédécesseur, George Bush, n'a fait que
cela et a décroché un second mandat présidentiel.
Revenons à la question principale
: que va faire Obama du reste de son programme et comment va-t-il travailler
avec un Congrès (Chambre et Sénat) qui ne lui est pas acquis ? Une seule
stratégie inévitable s'offre à lui : amener publiquement le Congrès à assumer
sa responsabilité sur les grands dossiers économiques, diplomatiques et, par
dessus tout, ceux liés au département de la Défense. Tout recul ou échec
économique, diplomatique ou militaire sera aussi assumé par les républicains,
majoritaires au Congrès. Et les dossiers qui les attendent sont lourds : sur le
plan interne, juguler l'inflation, relancer la croissance, diminuer le chômage,
réguler et contrôler les marchés financiers, protéger le dollar, etc. Sur le
plan international : sortir de l'enfer afghan, déjouer la crise iranienne,
relancer le processus de paix au Moyen-Orient, requalifier les relations avec
le monde musulman, calmer les Russes sur le sujet du redéploiement des armes
stratégiques nucléaires et rouvrir avec eux le partenariat au sein de l'Otan,
etc. Ce ne sont encore là que des exemples parmi les plus apparents.
En d'autres termes, si les
républicains ont surfé sur quelques échecs (réduction du chômage, processus de
paix au Moyen-Orient) pour se refaire et gagner ces élections de mi-mandat, ils
devront faire mieux, ce qui n'est guère dans leur logique, sinon les assumer au
côté du président Obama. Ce dernier n'hésitera pas à mettre en avance leurs
«oppositions» pour justifier tout retard ou échec à venir dans la mise en Å“uvre
de son programme. Les républicains ne pourront plus accuser le président de
tous les échecs. Maintenant que l'on connaît l'habilité politique de Barack
Obama, il est fort à parier que ce sera lui qui leur fera porter le chapeau des
défaites. Après tout, la gestion des affaires de l'Etat aux USA est partagée
entre le président et le Congrès. Ce n'est pas une «cohabitation» à
l'européenne où le président peut passer, outre l'Assemblée ou le Sénat, grâce
au pouvoir que lui confère la Constitution. Enfin, rappelons que Nixon, Reagan,
Clinton ont vécu la même expérience à mi-mandat, et jusqu'à George W. Bush avec
ses guerres, sans rater une deuxième fois la conquête de la Maison Blanche
américaine. Le jeu politique aux USA n'en sera que plus passionnant et Obama
aime bien ça.
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Posté Le : 03/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com