Algérie

Election présidentielle française : Cinq ans de bouleversements


La réussite de François Hollande à la présidentielle française n'a rien d'une surprise tant la France avait besoin de se reconstruire après que l'ensemble de ses équilibres politiques, économiques et sociaux aient été rompus le temps d'un mandat sarkozien.
Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy fêtait son accession à la présidentielle au fameux Fouket's, un chic restaurant sur la plus belle avenue de la capitale française. Son élection à la tête de l'Etat français n'avait rien de fortuit. Elle devait être calculée sur la base de paramètres bien précis et pour des objectifs, clairement, définis. Ceci, essentiellement pour répondre à des impératifs de reconstruction d'équilibres vitaux pour la république française qui montrait, depuis longtemps, des signes indéniables de fragilité. Propulsé par les colossaux moyens humains, financiers et médiatiques du puissant lobby juif, Sarkozy s'était engagé dans la course électorale pour gagner. La France gaulliste, celle qui s'est toujours targuée d'être la mère des démocraties, n'avait pas d'autre choix que d'élire un président qui avait les facultés recherchées pour casser des équilibres qui supportaient très mal ses profonds dysfonctionnements. Plus encore, la France républicaine n'arrivait plus à assumer ses diversités culturelles. Elle passait par ses pires moments de déflagration sociale.
Les lois de la nature exigent que pour reconstruire, sainement, il faut savoir détruire ce qui est mauvais. Seul Sarkozy pouvait le faire de part son caractère va-t-en guerre et capable d'exécuter les sales besognes sans rechigner sur les principes. En gros, et comme déjà mentionné dans ces mêmes colonnes à son élection, il y a déjà cinq ans, la France ne pouvait plus continuer à fonctionner avec un système socio-économique plus social qui était arrivé à ses limites. Dés ses premiers mois de président, Sarkozy a commencé à le démonter. L'histoire lui retiendra qu'il a eu, durant son mandat, les plus grands rassemblements syndicaux qui lui ont bloqué le pays pendant plusieurs jours. Jamais du temps de Chirac et d'autres de ses prédécesseurs, la France n'avait connu autant de mouvements de contestation sociale que ceux provoqués par les effets de sa gouvernance. Sarkozy a mis toute la société française en ébullition. Les banlieues s'enflammaient à n'en plus finir.
UNE FRANCE TOTALEMENT DESARTICULEE EN HERITAGE
Sarkozy n'avait aucune difficulté à diviser pour régner. Il s'est mis à dos pratiquement toutes les forces (saines) de son pays. Il aura été tout ce que la France n'avait pas eu auparavant. Hautain, haineux, raciste, suffisant, imprévisible, radical dans ses décisions, pour être arrivé à remettre le système social sens dessus dessous. Il a été ainsi, homme à détruire. Il ne peut donc être homme à reconstruire.
Dans tous les pays du monde, les chefs d'Etat ne peuvent émerger du néant. Pour le devenir, il faut que les forces en exercice, civiles et militaires, tous services confondus, les notables, les différentes idéologies en compétition construisent autour un consensus bien solide. L'acte de vote «libre et transparent» fait le reste, emballé bien entendu, par des campagnes médiatiques menées sur de longues périodes, permettant ainsi au candidat du consensus d'émerger sans trop de peine. Sarkozy a eu dans son agenda, une mission bien précise, celle d'arrêter le temps de la réflexion pour faire atteindre les processus à leurs limites les plus poussées. Il l'a bien fait. Il ne pouvait de fait, faire plus d'un mandat. Les dommages auraient été difficiles à réparer.
La victoire de François Hollande est venue confirmer, si besoin est, l'échec d'une droite qui a causé de gros dommages au sein de la société française sur ces cinq dernières années. L'heureux élu de l'élection présidentielle 2012 ne le sera pas autant puisqu'il est attendu pour reconstruire sur des bases saines et solides, ce qui a été cassé par son prédécesseur. Il hérite d'une France totalement désarticulée. Hollande sera confronté aux exigences les plus dures d'une société en mal de stabilité et de bien-être. Il ne lui suffira pas de recoller les morceaux mais d'édifier de nouveaux rapports politiques, économiques et sociaux. Il aura à rassembler une France fragmentée dans ses couches les plus profondes.
Hollande aura aussi à reconstituer la gauche dans toutes ses dimensions après qu'elle ait perdu de sa grandeur et de sa cohésion sous l'effet ravageur d'une droite frondeuse. Elle se doit de réapprendre à exercer le pouvoir à la tête de la république après l'avoir perdu pendant 17 longues années.
HOLLANDE FACE A OBAMA
Il est appelé en parallèle, à trouver à la France, une place plus communautaire pour renforcer une Europe déliquescente, ceci en 'uvrant en faveur d'une croissance interne positive à même de soutenir une croissance européenne tant recherchée en ces temps de crises financière et économique mondiales.
Il se devra, par ailleurs, de regarder l'Amérique d'Obama plus en face que de vouloir l'imiter, stupidement, et de la laisser entraîner son pays dans des conflits destructeurs. La France de François Hollande se devra de participer à remettre de l'ordre dans une Libye qu'elle a déchiquetée. La révision de ses relations avec le Mali, le Tchad, le Niger, le Sahel et l'Afrique toute entière, devront figurer en pôle position dans son agenda. La France-Afrique, telle que conçue par les barbouses et bien entretenue par Sarkozy et ses pairs, devra être profondément revisitée. Premier test international de Hollande: sa participation, le 20 mai prochain, à la tenue à Chicago du sommet de l'OTAN. Le dossier de l'Afghanistan sera pour lui, l'épreuve la plus dure pour expliquer sa vision de la politique extérieure française.
L'Algérie ne sera pas du reste, bien au contraire, des bouleversements que devra s'imposer Paris pour se redresser à gauche. Les intérêts d'Alger et de Paris s'entremêlent, aujourd'hui, d'une manière dangereuse dans ces régions où la guerre et la paix se monnayent à coups de compromissions, de grosses fortunes, d'armements illicites, de prises d'otages, de conflits ethniques et de putschs. Hollande mettra, certainement, plus d'un dossier sur la table des relations algéro-françaises dont l'effritement s'est accentué lorsque Sarkozy a pensé mettre Alger au pied du mur en arrêtant en France, l'un de ses diplomates d'une manière rocambolesque. Le reste est connu.
L'Algérie en est arrivée à fermer les yeux sur des attitudes provocantes de responsables français à la limite de l'indécence. L'affaire Hasseni et ce qui a été dit entre autre sur le projet Renault, ont retenti comme une offense dans les oreilles du plus haut sommet de l'Etat.
LES MESSAGES DE BOUTEFLIKA
Bouteflika n'a pas attendu le résultat de la présidentielle française pour commencer à distiller les messages qu'il juge opportuns pour corriger les nombreuses dérives qui ont davantage éloigné les deux pays l'un de l'autre. Le déplacement en mars dernier, du secrétaire général du FLN, à Marseille, pour assister à un forum sur le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie n'avait rien d'une coquetterie. Dépêché par le président de la république en personne, Abdelaziz Belkhadem avait comme mission de transmettre des messages bien précis à une France qu'il savait se préparer à être dirigée par la gauche. Il devait esquisser des réponses à la question «la Méditerranée, une histoire commune'». Thème qui, avait-il dit, «m'inspire d'emblée une réflexion : si nous avons une histoire commune, nous devrions avoir un destin commun.» Le SG du FLN avait souligné que «malgré la rapidité des transports et le développement de la technologie de l'information et de la communication, les peuples des deux rives communiquent de moins en moins entre eux.» Belkhadem pense qu'il «est temps de se situer, résolument, dans une perspective de co-développement et de ne plus considérer les pays de la rive-sud comme de simples marchés et des pourvoyeurs d'énergie.» Il suggère alors que « ceci exige des révisions déchirantes des comportements dont la politique d'affrontement, de division, d'exploitation et de domination qui hypothèquent l'avenir commun de l'espace méditerranéen.» Il en conclut que «ceci demande la fin des interventions dans les affaires intérieures des autres sous des prétextes prétendument nobles qui cachent mal la recherche d'intérêts indus.» Ses propos ont été étayés par des rappels précis, entre autres, le conflit israélo-palestinien, l'échec du processus de Barcelone et bien sûr l'Union pour la Méditerranée, un projet qui, a-t-il noté, a perdu de son attractivité dés qu'il a été sorti de son cadre méditerranéen pour être inscrit dans un ensemble plus vaste dont certaines composantes sont étrangères à la région.
« Il faut dire qu'elle l'était aussi (l'UPM ndlr), par les non-dits qu'elle véhiculait, » avait-il affirmé. La visite en début d'année, de Hollande au FLN, semble avoir été programmée en prévision de sa victoire pour être un prélude à la construction d'un partenariat dont les exigences et les objectifs se projetteraient bien au-delà de 2012.


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