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ELECTION PRESIDENTIELLE EN FRANCE



De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed
Demain, dimanche 22 avril, la fin de la première manche de la présidentielle française sera sifflée, en attendant la fin du match du 6 mai qui désignera pour 5 ans le futur président de la France . 26 % d'électeurs sur les 44,9 millions d'inscrits étaient encore indécis sur leur choix, selon beaucoup de sondages.
Alors que la quasi-totalité de ces sondages réalisés sur les intentions de vote donnent deux candidats — le chef de l'Etat sortant, pour la droite et le candidat PS François Hollande — comme finalistes de la compétition, un certain nombre de questions se posent : des huit autres candidats, qui gagnera la troisième place : Mélenchon, ou Marine le Pen ' L'enjeu du 2e tour n'est-il pas justement dans ces 3e, 4e et 5e positions et les alliances qu'ils passeront avec les deux premiers, surtout si les résultats de ces deux premiers vainqueurs sont serrés ' Et-ce que Marine Le Pen ne va pas, comme elle le clame en toutes occasions, réitérer l'exploit de son père lors des élections de 2002 en créant la «surprise» en s'invitant au 2e tour. Inconnues nombreuses qui font que les jeux sont loin d'être faits. Les résultats du 1er tour seront connus demain soir à 20h, horaire officiel de leur proclamation. Cette dernière semaine, c'est à un véritable sprint, à l'organisation de grands-messes que se sont livrés les candidats pour conforter leurs troupes, convaincre les nombreux hésitants ou faire changer d'avis ceux qui ne s'apprêtaient pas à voter pour eux. Dans cette dernière catégorie, c'est Nicolas Sarkozy, le président sortant, qui a été le champion de la pêche. Les observateurs ont été unanimes à relever que ce qui lui importait était de faire oublier son bilan désastreux et beaucoup sont désarçonnés par sa capacité de grand écart qui l'a mené à reprendre à son compte des propositions contenues dans les programmes de Hollande ou de Mélenchon, et qu'il considérait comme idiotes et imbéciles, il y a seulement quelques jours. Proximité du scrutin oblige, il a même asséné au meeting de dimanche dernier à la Concorde et contre toute attente : «Après ce que nous avons fait pour sauver l'euro, je veux poser non seulement le problème des frontières mais aussi celui du rôle de la Banque centrale européenne dans le soutien à la croissance. C'est une question très importante que nous ne pourrons pas éluder. Car si l'Europe ne veut pas perdre pied dans l'économie mondiale, elle doit absolument renouer avec la croissance. » Parler de revirement en la circonstance, serait de l'euphémisme. Et là n'est pas le seul thème sur lequel il se ralliait, mine de rien, à des propositions que présentent dans leurs programmes ses opposants. Pour conjurer les intentions de vote qui le donnent perdant au 2e tour, le candidat Sarkozy s'est lancé avec toutes ses forces ces derniers jours dans une bataille de séduction en direction des électeurs de Marine Le Pen. Avec constance, cette dernière s'est présentée comme la candidate du peuple, des laissés-pour-compte. Eh bien, le candidat sortant en a fait de même cette dernière semaine, s'adressant aux sans-voix, à ceux qui souffrent et ne se manifestent pas. Pour compléter le tableau qu'il a d'ailleurs déjà tracé tout au long de son mandat et particulièrement ces deux dernières années, seul ou souvent avec le concours de ses ministres successifs de l'Intérieur, il a encore tapé sur l'immigration dont il veut réduire de moitié le nombre accueilli régulièrement en France et même parlé. Il en a fallu de peu pour qu'il ne s'aligne carrément sur la proposition de Marine le Pen, envisageant la fermeture des frontières. Pour couronner le tout, ce sera le chaos si Hollande, dit-il, arrivait au pouvoir. Son staff de campagne a fortement relayé cette menace en parlant de fin de la grandeur de la France et du danger de voir instaurer «l'ère stalinienne ». François Hollande, favori des sondages aux 1er et 2e tours, a tenté, lui de son côté, de faire tout pour consolider cet avantage. Le candidat du PS, que ses adversaires — comme certains de son camp dans la bataille des primaires — accablent du qualificatif de «mou», qui ne décide pas, a, en tout cas, décidé de jouer de la cohérence, de s'en tenir aux 60 propositions de son programme pour la France déclarant avec ironie : «Moi, je n'ai pas de pochette-surprise à distribuer au gré des vents. Ce ne serait cependant pas tout à fait exact de dire qu'il n'a pas été dans l'obligation de rosir un peu plus son programme. La montée en flèche dans les intentions de vote du candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon (PC, Parti de gauche, Gauche unitaire, Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et socialisme, Convergences et alternative et Parti communiste des ouvriers de France) a conduit le candidat PS à s'affirmer plus à gauche et à annoncer des mesures à même de lui apporter un double avantage : faire que certains électeurs, y compris dans le PS, qui lui reprochaient son programme plutôt social-démocrate, pas en adéquation avec les attentes de justice sociale réelle de la population des laissés-pour-compte, qu'ils le rejoignent dès le premier tour et tenter de préparer le 2e tour par l'appel du pied à Mélenchon, qui a su mobiliser autour de lui des citoyens aspirant à un véritable programme de gauche. Toutes les mesures nouvelles ou précisées, Hollande les a prises contraint par les voix fortes et massives qui se sont exprimées, dénotant une renaissance de la gauche et de la gauche de la gauche du PS et notamment du PC qu'on avait enterré un peu trop tôt. Ce retour inattendu a naturellement amené Hollande à un glissement très net vers plus de gauche. A titre d'exemple, l'on retiendra de ces mesures : celles relatives à la taxation des transactions financières ; «aux revenus du capital qui seront imposés comme ceux du travail, aux niches fiscales plafonnées à 1 000 euros, aux rémunérations indécentes taxées à 75% au-delà d'un million d'euros par an et à l'impôt sur la fortune qui sera rétabli ». Quant au diktat imposé par l'Europe et décrié par Mélenchon mais aussi par une opinion assez générale, Hollande a programmé de renégocier le traité d'austérité dans le sens de la croissance et de l'emploi. Tout récemment encore, il s'est déclaré favorable à «un coup de pousse au SMIC pour rattraper ce qui n'a pas été fait depuis 5ans» et ce, après que Mélenchon se soit scandalisé que ce point ne figure pas dans le programme de Hollande. Il est clair que ces rajouts dans le programme de Hollande n'en feront pas un Mélenchon dont le slogan de campagne est «prenez le pouvoir» mais ils tendent à rapprocher le candidat PS de son extrême à gauche, même si Mélenchon, pour l'heure, considère qu'ils sont loin de faire un programme résolument à gauche. Quant au candidat du Modem, François Bayrou, de plus en plus bas dans les derniers sondages, il apparaît peser de moins en moins dans les intentions de vote et n'est crédité que de 10 à 11% de voix. Toutefois, 10% de 49 millions d'électeurs, ce n'est pas négligeable et chacun des deux favoris tente de le faire prononcer en sa faveur pour le 2e tour. A écouter sa dernière déclaration, à savoir «Nicolas Sarkozy s'est un tout petit peu amélioré depuis 2007», l'on est enclin à penser que ce n'est pas vers Hollande qu'il appellera à voter. De plus, les stratèges de l'UMP en panne de réserves de voix ont clamé haut et fort ces derniers temps que Bayrou ferait un bon Premier ministre de Sarkozy. N'est-ce pas cela qui se dessine, si jamais Sarkozy venait à l'emporter ' Pour les autres candidats et notamment Eva Joly pour Europe écologie, Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste, Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, leurs électeurs (chacun pas plus de 3% en intention de vote) seront sans aucun doute appelés à battre coûte que coûte Sarkozy et partant, même s'ils ne le diront pas clairement, suggérer à leurs électeurs de voter pour le candidat socialiste. Demain à 20h, tout est possible d'autant que l'abstention est la grande inconnue et que les indécis (ceux qui n'ont pas encore décidé pour qui voter) sont estimés à 26%, ce qui est énorme pour une élection présidentielle qui donne, toujours à trois jours du scrutin, Hollande à 29%, suivi de Sarkozy à 25,5%, Marine le Pen 16%, Mélenchon 14% et Bayrou 11%.
K. B.-A.

LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME :
«Poursuivre avec Sarkozy constitue une menace des plus graves pour la République»
Dans un appel de cette semaine, la Ligue des droits de l'Homme rappelle en préambule que depuis sa création en 1898 et ses combats pour les droits des citoyens français et étrangers, elle ne s'est jamais exprimé sur le vote avant le 1er tour. La situation qu'a créée Sarkozy en France a fait réagir la ligue, qui explique : «En cinq ans, l'action du président de la République — à nouveau candidat — s'est partagée entre le mauvais et le pire : stigmatisations des populations fragilisées par les crises, agressions contre les organisations syndicales, exaltations de la xénophobie portée par le funeste débat sur “l'identité nationale”, refus obstiné de mettre en débat les choix d'austérité, de débattre de l'emploi, des droits sociaux…». Aussi, la ligue appelle les électeurs à «refuser que soit poursuivie —et a fortiori aggravée — la régression des droits et des libertés, la xénophobie d'Etat et l'autoritarisme, la mise en cause de l'égalité des citoyens», et pour ce faire, d'aller voter pour retrouver le vrai visage de la République «et à rester mobilisés au-delà des élections».
K. B.-A.
PROPOS AU FIL DE LA CAMPAGNE
Les «bobos de gauche» pour J-Marie Le Pen '
En marge du dernier meeting de Marine Le Pen mardi dernier au Zenith, le père, président d'honneur du FN, s'est fendu la pipe sur la chaîne LCP sur les «bobos de gauche» déclarant : «Le bobo se porte plutôt à gauche et il est poilu de la gueule d'habitude. » Et de poursuivre : «C'est la mode musulmane, ça, d'être poilu de la gueule et ça vous fait prendre pour un FLN.» Décidément jusqu'à sa mort, Le Pen restera un inguérissable du cauchemar que lui a fait subir ce FLN qui l'a chassé de «sa terre».
Hollande ne veut pas de deux débats entre les deux tours
Quels que soient les résultats du 1er tour, François Hollande, finaliste et classé premier, comme le prévoient les dernières intentions de vote, ou même second, il ne prendra pas part à deux débats dans l'intervalle des deux tours mais à un seul débat. Interrogé sur la demande persistante de Sarkozy d'organiser deux débats, le candidat socialiste, qui rappelle qu'il faut être prudent et que rien n'est encore fait, mais dans cette éventualité il ne prendra part qu'à un seul grand débat et s'interroge : «J'ai été, moi, favorable à des débats avant le 1er tour et pourquoi n'en a-t-il pas voulu '
Hollande 2 : «Mon Premier ministre sera socialiste»
Interrogé par RMC jeudi matin, sur le ralliement à quelques jours de plusieurs personnalités en sa faveur : Fadhéla Amara, Martin Hirsh, Jean-Pierre Jouyet tous trois anciens membres du gouvernement Sarkozy ou encore Azouz Begag ministre sous Villepin, Corinne Lepage ancien membre du gouvernement Juppé , Brigitte Girardin ex ministre et ex secrétaire générale de République Solidaire de Villepin… le candidat socialiste a eu cette réponse : «Je ne n'ai rien sollicité, rien demandé, rien négocié… Je ne repousse personne, en revanche je suis socialiste, je suis de gauche, il n'y aura pas d'ouverture. Mon premier ministre sera socialiste». C'est clair comme de l'eau de roche !
Les musulmans d'apparence : «abstention et vote blanc haram»
Le recteur de la mosquée du 18e arrondissement parisien et les associations «d'apparence musulmane» d'Ile-de-France lançaient hier (vendredi) un appel citoyen (relayé par le site de l'Union des associations musulmanes de la Seine-Saint-Denis) pour un «vote massif halal le 22 avril 2012 et le 6 mai 2012 pour défendre notre dignité contre l'islamophobie et la stigmatisation des membres de notre communauté». Et cet appel, signé par A. Dahmane, conclut par : «L'abstention et le vote blanc sont haram.» Proprement inouï et en même temps peu courageux pour s'engager à dire pour qui voter !
Eva Joly à Marine Le Pen : «Nous les Nègres, les bougnoules, les Norvégiennes ménopausées»
A son dernier meeting au Cirque d'hiver mercredi à Paris, la candidate Europe Ecologie les Verts, Eva Joly, a adressé, devant la foule venue l'acclamer, ce message à Marine Le Pen : «Nous sommes chez nous, nous les Françaises, métèques venus des quatre coins du monde, pour faire la France. Nous les métis et les immigrés, qui travaillons sur les chantiers, nous cassant le dos pour ériger des bâtiments, nous sommes chez nous. Nous les Nègres, bougnoules, youpins, norvégiennes ménopausées… » Il fallait le faire et elle l'a fait et ce n'était pas la première fois. Fin décembre dernier, elle déclarait toujours à propos de la Marine : «Ce n'est pas la fille héritière du milliardaire, héritière par un détournement de successions d'un parti et d'un tortionnaire en Algérie de décider qui est français ou pas». Jeudi, le tribunal de Paris a relaxé Eva Joly, qui était poursuivie par l'héritière pour diffamation.




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