Algérie

Election présidentielle Belgique : le «gagnant-gagnant»



La communauté algérienne de Belgique et du Luxembourg saisit l'occasion de la campagne électorale présidentielle pour négocier un deal du «gagnant-gagnant».

Pourquoi ne pas profiter de l'élection présidentielle du 9 avril pour gagner quelques «revendications» mises sur la table depuis bien longtemps par la communauté émigrée ?

C'est, en tout cas, ce qui semble motiver, a priori, la présence de nombreux compatriotes aux rencontres «citoyennes» initiées par les autorités diplomatiques et consulaires en Belgique et au Luxembourg.

Ces dernières ont lancé, depuis la mi-mars, une série de rencontres avec la communauté algérienne dans les villes de Luxembourg, Mons, Charleroi, Liège... et appelé à un rassemblement général le 28 mars prochain à Bruxelles pour que, les immigrés eux-mêmes désignent démocratiquement et en toute liberté une équipe chargée de mettre en place une stratégie et un programme d'action conforme à leurs revendications.

C'est ce qui semble être tiré comme enseignement par les services diplomatiques et consulaires en Belgique. «Les nombreuses demandes de la communauté que nous avons recueillies lors de ces rencontres, ainsi que celles qui sont exprimées sur le site Internet de l'ambassade, souhaitent que nous, en tant qu'autorité officielle, soyons en quelque sorte le témoin de la naissance d'un vrai forum, qui rassemble les associations civiles, les simples citoyens et autres organisations professionnelles», résument en choeur l'ambassadeur et le consul général d'Algérie en Belgique. Les sceptiques voient dans ces manifestations une simple «manipulation» de l'Etat pour booster l'électorat et éviter une abstention élevée au 9 avril; d'autres estiment qu'il faut profiter de l'occasion pour réaliser un voeu qui tient depuis longtemps à coeur les compatriotes : avoir une vraie organisation qui les rassemble, un centre culturel et ainsi pouvoir faire pression sur les pouvoirs publics pour réaliser bien d'autres préoccupations.

Il s'agit par exemple des prix des billets d'avion pratiqués par Air Algérie, «les plus chers au monde» vous répètent les gens. 600 euros en moyenne, ce qui équivaut à un voyage plus une semaine tout compris dans un hôtel quatre étoiles en Tunisie ou au Maroc. Voire au USA.

Les pères de familles nombreuses sont pratiquement interdits de séjour en Algérie en raison du prix du voyage. Par ailleurs, les émigrés ne comprennent pas pourquoi il n'existe pas en Belgique et ailleurs des banques nationales de leurs pays où ils ont des comptes-dépôts d'épargne... Pour eux, cela leur permet de financer surtout des logements dans le pays d'origine et, pour l'Etat, de disposer de fonds en devises non négligeables. La question des assurances de rapatriement en cas de décès est une autre préoccupation majeure des émigrés. Ils payent des assurances aux banques européennes alors que cela peut être un plus pour les finances de l'Etat algérien.

Vous l'aurez compris, les émigrés sont conscients que sans une organisation qui les rassemble, ils ont peu de chance de voir leurs revendications aboutir. C'est une raison suffisante qui les pousse aujourd'hui à être nombreux aux rencontres initiées par les autorités algériennes à l'étranger et à mettre la pression pour qu'elles s'impliquent d'une manière ou d'une autre.

Et puis, ne croyez pas que c'est l'attitude du simple ouvrier, retraité ou commerçant; c'est aussi la même stratégie utilisée par les intellectuels. Les chercheurs et autres cerveaux abondent dans le même sens avec, bien sûr, leurs spécificités.

Ils montrent une réelle disponibilité à vouloir apporter leur contribution au développement du pays, mais sont désemparés face aux innombrables obstacles bureaucratiques, aux incompréhensions des autorités locales du pays... Enfin, les industriels (différents des traders) rencontrent le même type de difficultés lorsqu'ils se tournent vers l'Algérie.

Certains y ont laissé des plumes pour avoir osé un partenariat avec des entreprises privées ou publiques en Algérie. Problèmes avec les banques, les administrations, les clients... Pour toutes ces raisons, les émigrés sont, dans une large majorité, décidés cette fois-ci à «saisir» l'occasion de l'élection présidentielle pour se faire entendre. C'est possible pensent-ils.

 






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