Algérie

Elan dialoguiste et poursuite de la protestation : Le «piège» de la représentation du hirak


En attendant les réponses hirakiennes de ce mardi et de vendredi prochain, la priorité qui se dégage à l'unanimité est la satisfaction du préalable de la libération des détenus du hirak. Premier test sérieux pour Abdelmadjid Tebboune.Avant même que l'élu Tebboune ne tende sa main au hirak, des voix émanant des marcheurs ont lancé l'idée du moment venu pour le dialogue et «l'impérative désignation de représentants». A Constantine, comme dans plusieurs villes, des voix se sont emparées du forum populaire ouvert après la marche du dernier vendredi pour marteler «l'inévitable option», «la dernière chance du hirak», et autres formules affolantes.
Sur les réseaux sociaux, l'idée est reproduite à profusion, profitant de ce qu'on pourrait qualifier de moment d'expectative du mouvement en ce jeudi 12 décembre. Des noms sont avancés, notamment certains sélectionnés parmi les 18 personnalités nationales signataires de l'appel du 10 décembre, et sur les plateaux télé, des périphériques du sérail n'hésitent pas à faire des offres de service.
Mais l'offensive est vite captée grâce à la vigilance du mouvement, et la contre-attaque ne se fait pas attendre. Sur son compte Facebook, le professeur Adel Abderrezak estime qu'il faut impérativement éloigner le hirak de ce qu'il qualifie de «conception pourrie» du politique. «Les élections de Gaïd Salah passées, les prédateurs du politique reviennent à la surface ! Des voix commandées suggèrent le dialogue, une nouvelle version des arouchs.
Le catalogue de »personnalités nationales » s'élargit pour personnaliser arbitrairement le hirak, après l'élection. Le FFS se place très maladroitement, confirmant sa déconstruction. L'obsession islamiste revient avec des statistiques d'un hirak islamisé. Le syndrome makiste réactivé alors que le hirak a démontré son algérianité.
Les experts et les retournés des autres candidats et de la classe politique se mettent déjà dans la course aux postes !» écrit-il. L'ancien porte-parole et membre fondateur du CNES prédit aussi de dures épreuves pour le mouvement, faites de «sentiment de défaite, scepticisme sur l'avenir du hirak, les divisions contenues par la magie du vendredi vont être gonflées, des propositions suspectes vont apparaître et le scénario répressif va prendre de l'ampleur jusqu'à extinction du hirak et ghettoïsation programmée de la Kabylie rebelle et incontrôlable !»
Un reflux inévitable qui n'empêche pas, cela dit, le mouvement de garder sa force de frappe intacte, précise Adel Abderrezak. Dans la rue, encore pour citer des exemples de Constantine, des voix fortes et concordantes ont répondu, lors des débats quotidiens tenus au centre-ville et relayés en image sur les réseaux sociaux, aux orientations dialoguistes du vendredi. On crie aussi à la man?uvre, à l'opportunisme embusqué.
Le noyau dur du hirak ne se laisse pas faire et tient fermement à ses formes d'organisation tout en appelant à élargir les espaces de débat citoyen, et à la création de collectifs démocratiques pour résister à la répression et préserver le caractère pacifique du mouvement, par la sensibilisation. «Seule une ombre peut dialoguer avec une ombre. La révolution est la seule réalité tangible en Algérie.
Le reste est ruine», écrit Djamel Zenati, en réponse aux élans dialoguistes. En attendant les réponses hirakiennes de ce mardi et de vendredi prochain, la priorité qui se dégage à l'unanimité est la satisfaction du préalable de la libération des détenus du hirak. Premier test sérieux pour Abdelmadjid Tebboune.
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