Algérie

El Tarf sous les eaux



C’est l’effet conjugué des précipitations et des lâchers obligatoires des barrages remplis à ras bord qui est à l’origine de cette nappe d’eau de 70 km de long et 2 m de haut qui a noyé les plaines, du lac Oubeïra jusqu’aux rives de l’oued Seybouse, à Dréan. On déplore la mort de deux personnes emportées avec leur voiture dans l’oued Cheffia. Des localités sont complètement isolées comme Ach El Ahmer, sur les bords de l’Oubeïra, ou encore Righia et Ben Amar Ben M’hidi. La Marine nationale – oui la marine – est intervenue hier matin avec deux hélicoptères pour porter secours aux sinistrés des habitations isolées prises dans les eaux. 200 familles dans des centres Les semi-rigides de la Protection civile ont évacué des centaines de familles otages des eaux dans les cités populaires en zone urbaine. Le bilan – incomplet – d’hier à 17h donne plus de 200 familles placées dans des centres de secours. D’autres, plus nombreuses, ont préféré aller chez des proches en attendant la descente des eaux. Un homme et son fils ont passé la nuit sur le toit de leur maison à Ben Amar, en attendant les secours ; la radio locale avait lancé un appel pour leur venir en aide. Quatre personnes ont passé la nuit dans leur voiture sur la route entre Aïn Khiar et El Tarf. Elles n’ont pu être évacuées qu’avec des embarcations de la Protection civile. Les routes sont coupées un peu partout ; deux ponts se sont effondrés et un autre, qui a subi de sérieux dégâts à Bouteldja, a été interdit aux poids lourds sur la RN44, l’artère vitale de la wilaya. Les appels de détresse relayés par la radio locale proviennent de tous les coins de la région : Asfour, Besbès, Dréan, El Kous, Chatt, Aïn El Assel, Aïn Khiar, Cheffia, Bouteldja, le Lac des Oiseaux, Sidi Kaci, Righia, Om Lagareb, Berrihane… Plan ORSEC Les daïras de Ben M’hidi, Dréan et Besbès ont déclenché le plan Orsec. Dans la plaine de Aïn El Assel, El Tarf et Bouteldja où des centaines d’hectares de vignes ont été saccagées par les eaux, on s’interroge sur l’efficacité et l’opportunité de cet énorme projet hydro-agricole qui a coûté 400 milliards de centimes pour précisément évacuer les eaux de pluie et prévenir les inondations. Des digues ont cédé et l’eau est finalement allée là où on l’attendait le moins.Hier, peu de gens ont pu regagner leurs lieux de travail. 160 établissements scolaires ont été fermés par précaution. La circulation était paralysée en de nombreux endroits du réseau routier, notamment dans la partie occidentale de la wilaya. Selon les chiffres fournis par les services de l’hydraulique, en 24 heures, on aurait procédé au lâcher de près de 150 millions de mètres cubes (150 hm3) à partir des barrages de Bougous, Mexa et Cheffia, soit l’équivalent d’un grand barrage, ce qui a priori paraît assez peu croyable mais serait exact. Le débit dans l’oued Kébir est proche de 1000 m3/s, soit un grand réservoir chaque seconde. Manque d’organisation Il est de 1400 m3/s dans le Bounamoussa. Aux trois barrages d’El Tarf, il faut ajouter celui de Bouhamdane, dans la wilaya de Guelma, qui régule l’oued Seybouse, dans la plaine de Dréan jusqu’à Annaba. Le centre de la wilaya d’El Tarf, qui est le plus touché, se trouve dans une zone comprise entre l’oued Seybouse et la plaine de la Mekradda, où se rejoignent les oueds Bounamoussa et Kébir ; une vaste étendue qui s’est progressivement couverte d’habitations et d’agglomérations. Si on compare les précipitations de cette année avec celles de la même période l’année dernière, arrêtées à la fin du mois de février, on constate qu’elles sont au même niveau : autour de 660 mm. Seulement, à fin janvier 2012, il y avait un déficit de près de 100 mm par rapport à janvier 2011. Le retard a été rattrapé dans les dernières 48 heures. On a enregistré 100 mm à Bougous, 102 à Aïn El Assel et 128 à Cheffia. On ne s’attendait pas à ce déluge, certes, mais ce ne sont pas les millimètres en plus qui doivent justifier le manque d’anticipation et d’organisation. Dans les secours, il y a eu, comme c’est toujours le cas, beaucoup d’agitation, plus nuisible qu’utile. L’information n’est pas centralisée de manière méthodique. Tout est prioritaire et cela se résume par des cas, parfois cocasses, où les moyens de secours mis en œuvre sont soit sous-estimés soit démesurés.


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