Algérie

EL-TARF Les femmes jouent les gros bras



Le souvenir de la vieille Hadda est encore vivace dans les esprits,morte, il y a trois mois et dont le seul trésor, la seule richesse était sesvaches auxquelles elle consacra tout son temps et toutes ses années jusqu'àrejoindre son mari, moudjahed comme elle, et décédé au lendemain de l'indépendance.Hormis la partie Ouest de la wilaya, les semblables à Hadda se comptentpar centaines dans les plaines de Boutheldja. Aïn Khiar, Aïn Assel, OumTheboul, jusqu'aux confins de la bande frontalière du côté de Cheffia,Bouhadjar, Hammam Béni-Salah, Raml Souk et El-Ayoun.Plus d'un étranger traversant la région ou ayant séjourné un moment, n'apas manqué de manifester son étonnement et sa surprise de voir au détour d'uneroute, à la lisière d'un champ ou en pleine montagne, ces femmes à l'âgeavancé, le plus souvent un long bâton en main, tenant compagnie à des troupeauxde moutons ou de vaches qu'elles emmènent dans les pâturages ou suant dans unchamp de culture lors des vendanges, la cueillette de la tomate et tout autreculture arrivée à maturation. En fait, ces bonnes vieilles femmes accomplissentà longueur d'années, de menus travaux jusqu'à éclipser les hommes enclinsbeaucoup plus pour nombre d'entre eux à s'adonner aux interminables parties decartes ou de dominos.Sans perdre un oeil sur leurs ménages, c'est très tôt le matin que lenécessaire est déjà fait avec galette chaude, petit déjeuner et déjeuner où lapréférence est toujours donnée aux plats consistants bien de chez-nous àl'image du couscous, Chekhchoukha et bien d'autres mets dont elles ont lesecret.Pas bavardes, à la corpulence rude et aux mains dures mais au coeurtendre, leurs yeux pétillent de vitalité, c'est à peine si elles vous répondentdes bouts des lèvres tant elles sont timides et habituées beaucoup plus aulabeur par tous les temps et toutes les saisons. Leurs noms, évocateurs,rappellent ceux de nos aïeux et elles en sont fières. Khadra que nous avonsapprochée du côté de Kebouda avec son sourire angélique alors qu'elles'affairait à porter un fagot de bois sur son dos dira qu'elle a hérité son nomd'un membre de sa famille.Les soixante dix ans dépassés, elle précisera qu'elle est aujourd'huiarrière grand-mère qu'elle n'est jamais tombée malade sauf des bobos deparcours comme les égratignures et le petit rhume que l'huile d'olive, le mielet autres plantes médicinales finissent par soigner. Aldjia rencontrée du côtéde Bougous préfère beaucoup plus s'occuper de sa basse cour et son champ dequelques hectares où elle cultive avec l'aide de son mari et de ses enfants,pomme de terre, oignons, fèves et petits pois. Infatigable, elle a l'oeilpartout et veille sur tout. Des agriculteurs habitués à faire travailler cesfemmes inusables n'ont pas cessé de tarir d'éloges à leur égard s'agissant detailler les arbres fruitiers, de la cueillette du raisin ou des cacahuètes enprécisant «qu'elles travaillent sans relâche sans lever la tête ni tricher etdix d'entre elles valent mieux qu'une vingtaine de jeunes». Ainsi vont leschoses dans une région où les principales richesses demeurent la terre et lesvaches.




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