Algérie

El mina : Un spectacle affligeant



El mina, dont le metteur en scène, Chawki Bouzid, s'est fendu de déclarations incendiaires contre le directeur du TR Biskra, le producteur, pour cause de supposée censure, a consterné.En particulier tous ceux qui, par position de principe, dont l'auteur de ces lignes (El Watan), ont défendu son droit à l'expression. Or, Bouzid n'a à aucun moment expliqué que le souci du directeur, à travers sa demande du retrait du costume porté par le maire, était d'éviter une éventuelle action en justice.
Le FNTP a sauvé les meubles en reprogrammant le spectacle pour jeudi afin qu'entre- temps les parties s'entendent. Sur ce, le ministre, mis au courant, demande qu'El mina passe tel que mis en scène. C'est un spectacle affligeant ! En croyant faire de l'agit-prop, Chawki a réussi son avatar, c'est-à-dire du théâtre-chahut.
Le propos de la pièce reproduit sur scène la critique que le citoyen lambda exprime au quotidien sur la situation du pays. Sauf qu'il ne suffit pas de l'enrober d'une intrigue pour croire avoir une ?uvre théâtrale. Le propos de la rue est plaqué tel quel sur scène. Et la transcendance par la médiation de l'art qui l'anoblit.
Au lieu de cela, on se retrouve dans un long sketch, usant du rire gros et gras des innommables sitcoms qui passent sur nos TV nationales. C'est le comédien qui fait rire en faisant le pitre, mais pas le personnage mis dans une situation qui provoque le rire. Pis encore, dans un spectacle qui veut être éclairant, il ne s'embarrasse pas de manichéisme. Il fonctionne exclusivement sur l'opposition bon/méchant.
Aucune nuance. Place à la caricature. Exemple, sur les six personnages, trois sont des femmes : une journaliste, la secrétaire du maire et un anonyme. Toutes sont, contre avantages, prêtes à satisfaire les plaisirs lubriques qui se présentent. Cela dépasse la misogynie !
Quant aux hommes, ce sont des pourceaux, hormis l'ouvrier pur et dur qui se trouve être islamiste. Pour taire toute critique, Chawki renvoie ses contradicteurs aux réactions du public, un public formaté aux sitcoms, mais pas au bon théâtre.
Car à le suivre, le théâtre commercial, dit de boulevard, qui dans le monde fait le plus d'entrées, pour un prix de place plus élevé, serait alors le meilleur. Mais précisément, le théâtre public a été conçu pour apporter un équilibre, pour service le public, au profit de l'art et de la culture. El mina n'avait pas cette ambition.


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