Algérie

El-Milia Le sachet de lait à 30 DA



Lundi 31 décembre, terme d'une année angoissante et périlleuse pour les ménages, le lait en sachet, dont on a fait, autour de lui, toute une polémique pour maintenir son prix contre vents et marées à 27,50 DA, vient de passer à 30 DA. Le consommateur, harassé par cette histoire des prix qui augmentent au gré des humeurs, passe au comptoir, paye son sachet et repart sans commentaire. L'épicier qui expose de grandes quantités de lait en sachets, dans des cageots en plastique à ses clients, après les grandes pénuries de ces derniers jours, affiche publiquement son prix et explique que ce sont les frais du transport qui sont à l'origine de cette augmentation. Le même épicier va encore plus loin pour donner plus de crédit à sa version en expliquant que l'usine de Constantine d'où il s'approvisionne, lui impose désormais une certaine quantité de yaourt qui ne trouve plus preneur en cette période de froid, pour chaque commande de lait en sachet. Voilà donc l'histoire d'une année qui s'achève ainsi sur une énième augmentation du prix d'un produit très demandé de par son coût relativement bas et qui risque, alors, d'échapper au pauvre qui n'a plus rien que son sachet de lait pour survivre. Ainsi, après la semoule, le lait en poudre, l'huile, la margarine et le reste de tous les produits alimentaires, c'est maintenant autour du sachet de lait, un produit officiellement soutenu par l'Etat, de céder face à cette folle tentation des prix qui augmentent sans qu'aucune autorité ne lève le petit doigt pour dire non à cette folie qui tend à affamer tout un peuple. Face à cette situation digne d'une grave crise sociale qui ronge toutes les catégories de la société, le pouvoir d'achat, qui s'érode, désormais, à vu d'oeil, reste maintenant le principal souci des ménages et des gens à faible revenu, en ce début d'année 2008, qui signe ainsi son entrée par une désagréable surprise pour tout ce beau monde qui peine à trouver de quoi se nourrir. Et pour cause, manger à sa faim semble être, alors, un pari bien difficile à tenir face à cette logique, combien étonnante, d'un pays qui croule sous le poids des dollars qu'il ramasse à coups de grands milliards mais qui n'arrive pas à assurer une ration alimentaire convenable aux citoyens qui le peuplent. C'est avec peine que ces citoyens, appelés pourtant à s'armer de patience, de civisme et de patriotisme, vivent toute cette contradiction dans une Algérie qui leur tourne le dos au point où elle est devenue la terre à fuir par n'importe quel moyen, même au prix fort de la vie à payer en pleine mer. Le sachet de lait, qui passe d'un prix à un autre, n'est, en fait, qu'un autre détail de cette vie si chère au point de devenir aussi cet enfer à fuir dans les bicoques des «harraga» qui sombrent dans les fonds marins pour emporter avec eux les secrets de ce pays riche mais pauvre par ses enfants qui le boudent.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)