El-Milia Chantiers nocturnes pour la visite de Bouteflika

Dans une ville qui n'a rien à envier à un champ de ruine ou s'entremêlenttoutes sortes de méfaits allant des ordures ménagères jamais ramassées à lapoussière envahissante de certaines cités livrées, à leur tour, aux rats et auxmoustiques en passant par les réseaux d'assainissement et d'AEP totalementdéfaillants, de véritables chantiers nocturnes ont été lancés dansl'improvisation et la hâte juste pour préparer la visite du Président Bouteflika,annoncée pour les prochains jours. Les citoyens de cette ville qui ont eumaille, à partir des ces conditions de vie indécente, ont ainsi été surpris parces chantiers qui n'ont rien épargné pour maquiller, par des malfaçons, undécor bien malsain, en pleine nuit. Et pour cause, dans ce remue-ménage, qui asubitement tiré les responsables locaux de leur léthargie, des citésfranchement puantes qui n'ont jamais été entretenues depuis qu'elles ont étéhabitées dans les années soixante-dix, ont soudainement vu leurs bâtimentspeints, bien sûr à la hâte, mais juste pour cacher la crasse qui les alongtemps envahis. Les cités ou les blocs qui auront la chance d'être surl'itinéraire de la visite du président de la République, comme c'est le cas, enfait, des cités Bouzerdoum et Zehani, ont déjà subi les coups de pinceaunécessaires à leur maquillage alors que des portraits géants du Président ontfait leur apparition sur les façades de certains immeubles à la rue de l'ALN.       Pendant ce temps, d'autres chantierspour effacer les traces des fuites d'eau et des eaux usées puantes ont étélancés dans ce même boulevard qui attend d'être bitumé pour lui donner un éclatde façade. Ailleurs dans certains endroits on s'affaire, toujours à la hâte, àcréer des espaces verts et à soigner le décor des ronds-points où on n'a déjàpas hésité à placer des pots bien fleuris. Toutefois, si pour le commun descitoyens de cette ville, ces réflexes sont déjà connus pour être l'apanage deresponsables qui ne se réveillent qu'en de pareilles circonstances, il n'endemeure pas moins que le principal souci de ces citoyens demeure autre que ceschantiers de maquillage qui cachent mal le vrai visage de cette ville livrée àun destin de sous-développement qui colle, telle une fatalité, à sa peau.D'abord, il faut rappeler que cette ville anonyme est, toutefois, célèbrepar les grands projets virtuels qu'on lui a tant fait miroiter à l'image decette zone franche perdue dans les méandres avant d'être remplacée par uneautre zone qu'on ne sait même pas quoi en faire alors qu'on lui a donnél'appellation pompeuse de zone industrielle à vocation régionale. Ces deuxzones qui devraient être implantées sur le non moins célèbre site de Bellara,sont-elles le symbole de l'échec de tout développement de cette ville? Cettedernière avait encore loupé un autre grand projet sidérurgique dans les annéessoixante-dix avant de tourner, tout récemment, la page d'un autre projetd'envergure qui aurait pu changer radicalement son destin misérable. Ce dernierprojet qui a fait tant de bruit autour de lui n'est autre que l'usined'aluminium que les Emaratis allaient implantée avec la partie algérienne surce site de Bellara avant de changer d'avis et de le transférer à Béni-Saf.Conscients de ces projets ratés l'un après l'autre, les citoyens de cetteville espèrent que le Président Bouteflika se tourne, enfin, vers eux pourdonner une vraie vocation de développement à leur ville par le biais de ce sitede Bellara qui a trop longtemps nourri des espoirs pour les chômeurs de toutela région.La valorisation de ce site de 523 ha, pour lequel des centaines demilliards de centimes ont déjà été dépensés, reste l'authentique souhait deshabitants de cette ville. Pour le reste, tous ces chantiers de maquillage nesont qu'un détail qui a n'a pas trop d'importance pour ces mêmes habitants quine cessent de commenter ironiquement ces actions, les considérant, à justetitre d'ailleurs, comme étant un moyen qui tend à cacher le vrai visagemisérable de cette ville qui aspire à un développement réel mais pas à un décorde façade.