Algérie - Revue de Presse

“El-mechaâl” de Sidi Merouane se perpétue



“El-mechaâl” de Sidi Merouane se perpétue
Une bonne partie de la population de la région ne rompt son jeûne qu’à la vue de la flamme vacillante d’el-mechaâl allumée par un imam, un certain Mohamed Kechichou, devant sa maison, située au lieudit Fedj El-Kharoub, sur les hauteurs du village.Il s’allume tous les soirs de Ramadhan au crépuscule. Il est attendu avec impatience par les jeûneurs. Sa flamme est accueillie par des chants d’enfants et des cris joyeux dans les ruelles de ces mechtas perdues sur les territoires du vieux Milev. Savez-vous ce que c’est ? Pour vous épargner la peine de deviner, cela s’appelle el-Mechaâl (le flambeau).
C’est une tradition qui date de l’aune de l’indépendance dans la commune de Sidi Merouane, au nord de Mila. La tradition remonte, plus exactement, au mois de Ramadhan de l’année 1964, soit deux années après le recouvrement de l’indépendance.
Depuis cette époque, en effet, une bonne partie de la population de la région ne rompt son jeûne qu’à la vue de la flamme vacillante d’el-mechaâl allumée par un imam, un certain Mohamed Kechichou, devant sa maison, située au lieudit Fedj El-Kharoub, sur les hauteurs du village. Une précision s’impose. L’illustre religieux, maintenant décédé, n’a pas initié cette pratique sans motif. Il l’a fait à la demande des habitants des régions de Tadrar et de Makhnache, situées de part et d’autre d’Oued El-Kebir, qui n’entendaient pas l’appel du muezzin à l’heure du Maghreb. Depuis, el-mechaâl ne s’est plus éteint car, même de nos jours, ces régions enclavées demeurent hors de la portée du champs du muezzin.  À la mort, en 1980, de l’initiateur d’el-mechaâl, la tradition est perpétuée par l’un de ses fils, Djamel Eddine en l’occurrence. Celui-ci assure : “Conscient de ce que cela représente pour les populations des régions concernées, je n’abandonnerai pas, je continuerai à l’allumer, chaque soir de Ramadhan.” Notre interlocuteur ajoute : “Je commence à me préparer à ce rendez-vous annuel plusieurs jours avant le jour J. Je stocke, notamment de la paille pour ne pas être pris de court et je choisis avec soin l’endroit où placer le foyer, de façon à ce que la flamme d’el-Mechaâl ne soit pas cachée par les obstacles, à savoir constructions et arbres qui auront poussé, entre-temps, çà et là.” Très attendu par les habitants de ces localités, el-mechaâl est accueilli par des chants d’enfants dans les ruelles de ces mechtas. Dès qu’il s’allume, en effet, on se met à entonner, joyeusement, “el-mechaâl s’est allumé, que les jeûneurs mangent, joyeux Ramadhan”.
À Sidi Merouane, le Ramadhan a ainsi son cachet particulier, où à la dimension religieuse s’ajoute une charge culturelle et sociale. Observer le jeûne devient un rituel qui implique toute la société.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)