Algérie

El-Maliki contraint de faire marche arrière



Officiellement les autorités irakiennes ont justifié leur décision d'annulation des contrats géants d'armement avec la Russie signés par le Premier ministre Nouri El-Maliki lors de sa visite à Moscou par le soupçon de corruption dont leur passation aurait été entachée. Ce qui pour certains crédibiliserait la raison invoquée par le gouvernement d'El-Maliki c'est l'annonce faite presque simultanément à Moscou que le président Poutine a procédé au limogeage de son ministre de la Défense et au remplacement du chef de l'état-major de l'armée russe. Cette concomitance entre les deux annonces peut effectivement induire à penser qu'il y a un lien entre elles.
Il faut se garder néanmoins de conclure que la rupture par l'Irak de ces contrats géants d'armement n'a obéi qu'à la considération invoquée officiellement par le gouvernement de Baghdad. Des observateurs se sont déclarés peu convaincus par elle et avancent l'hypothèse d'un veto américain à la réalisation des contrats. Piste à ne pas écarter au vu de la subordination dans laquelle sont les autorités de Baghdad à l'égard de Washington. Ce n'est pas en effet parce que l'Amérique a retiré ses troupes militaires d'Irak que le pays n'est plus sous protectorat. Les milliers d'agents américains qui peuplent l'ambassade US à Baghdad veillent à ce que le pays de Saddam Hussein ne sorte plus de l'orbe états-unien et cela en dissuadant avec des arguments multiformes les autorités de Baghdad de prendre des positions ou conclure des accords qui n'ont pas l'aval express de Washington. Ce qui peut avoir été le cas pour ces contrats d'armement avec la Russie dont les relations avec l'Amérique sont conflictuelles au plus haut point notamment sur la crise syrienne.
L'annulation des contrats a pu par conséquent être imposée à Nouri El-Maliki par Washington qui aurait de la sorte signifié au Kremlin son opposition à un retour d'influence de la Russie en Irak tant qu'elle persistera dans sa position sur la crise syrienne. Ce n'est pas un simple hasard si le Pentagone a fait savoir dans le même temps que Baghdad a annoncé l'annulation des contrats avec la Russie que l'Arabie Saoudite va acheter pour six milliards et demi d'armements en Amérique. Cela revient à faire comprendre à Moscou que si le Moyen-Orient est un juteux marché pour les industries de l'armement dont celle de la Russie est l'un des plus grands fournisseurs, l'Amérique lui en ferme désormais l'accès sauf à accepter la prépondérance de l'influence et des intérêts US dans la région.
On est d'autant enclins de croire à l'intervention américaine dans l'annulation par Baghdad des contrats d'armement avec la Russie que le gouvernement El-Maliki ne s'est jamais distingué par l'incorruptibilité dans ses pratiques de gestion. Des contrats colossaux ont été passés avec des sociétés américaines pétrolières ou autres dont il a été prouvé qu'ils ont donné lieu à des pots-de-vin et autres formes de corruption à grande échelle, sans avoir pour cela été résiliés par les autorités irakiennes pourtant parfaitement renseignées sur les délits de corruption et l'identité de leurs bénéficiaires. De toute façon, El-Maliki n'a rien à refuser à l'Amérique, sachant que le pouvoir à Baghdad dont il est à la tête ne se maintient que par la docilité qu'il est sommé d'avoir à l'égard de la politique américaine dans la région.


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