Algérie

El Kala : L'autoroute continue de faire des dégâts



El Kala : L'autoroute continue de faire des dégâts
Des carrières exploitées en dépit de l'avis des administrations locales. Une route en chantier vers une plage refuge pour de nombreuses espèces. Chaque année, on ajoute une pelletée pour enterrer le Parc national d'El Kala. Mais les habitants résistent. En dépit des refus justifiés des administrations locales, le Premier ministre et le ministre de l'Industrie et des mines ont accordé des permis d'exploitation de carrières à l'entreprise japonaise COJAAL qui construit l'autoroute à l'est du pays et aussi, en sous traitance, à un exploitant privé pour une dizaine de carrières d'agrégats circonscrites dans un secteur de moins de 5 km de diamètre. La dernière en date, stoppée par la vigilance de l'association ADET, s'est attaquée sans en être autorisée au Djebel Bouredim où se trouve aussi la Réserve du Lac Bouredim, classé site Ramsar, déjà complètement retournée par les travaux de l'autoroute. Les carrières sont ravageuses pour l'environnement. Elles ruinent le paysage. Et l'effet est encore plus désastreux à El Tarf où le vert et le bleu dominent. Ici, lorsque la roche nue affleure, elle se couvre d'une patine qui adoucit l'éblouissement que provoque la roche brisée. La carrière de Kef Salah, à l'ouest de Hammam Sidi, exploitée pour les besoins du nouveau port d'El Kala, située à l'entame de la verdoyante plaine de Cheffia, fausse la beauté des lieux par la laideur de son chancre. C'est le capital tourisme de la région qui est largement entamé et on ne sait pas y remédier.Hakoura, un nom à retenirMais le plus grand crime se prépare dans le silence à quelques kilomètres de là, à l'est de la localité de Cheffia et au nord du barrage qui porte son nom. A Hakoura. Un nom à retenir. Une petite agglomération sans particularité mais connue par son piton rocheux d'une remarquable beauté. Il domine de sa prestance toute la plaine de Cheffia qui fait 12 km de long et seulement 7 de large. Il borde le flanc sud du djebel Bou Abed, ce haut relief massif qui longe au sud les 9000 ha de marais de Mekhadda. C'est là que niche une importante colonie de vautours percnoptères, celle que l'on peut voir tournoyer par beau temps au-dessus des marécages. Ce rapace partage les nichoirs avec l'aigle botté, et l'aigle ravisseur, qui fait quelques rares apparitions, pourrait être leur voisin de palier. Ce site est aussi, depuis le passage de l'autoroute et les bouleversements qu'elle a provoqués, le dernier refuge d'une horde de cerfs de Barbarie. Elle y a trouvé un peu de répit, de la nourriture et surtout de l'eau. De quoi survivre en attendant des jours meilleurs. Tous les autres cerfs d'Algérie connus ont fui en Tunisie où ils trouvent de l'autre côté de la frontière une paix royale. Ce n'est pas tout : Hakoura est également le dernier endroit de la région où est signalé le lynx caracal. Il a disparu partout ailleurs.La biodiversité menacéeLa hyène rayée, le renard cendré, le renard roux habitent les lieux. C'est l'arche de Noé où se sont réfugiés les animaux qui ont pu échapper jusqu'ici à l'irresponsabilité dévastatrice des hommes. Enfin, le piton de Hakoura est jonché sur ses flancs de vestiges archéologiques que les spécialistes de l'équipe algéro-italienne qui étudie la région nous affirment être de la plus haute importance, car ils se distinguent nettement de ceux répertoriés jusqu'à présent. Il est également truffé de grottes qui ont abrité les moudjahidine pendant la guerre de Libération. Nous avons été alertés par la population qui craint par-dessus tout que leur source, l'unique source qui jaillit des flancs de cette montagne et qui abreuve le village depuis des siècles, ne tarisse avec les travaux, comme cela s'est produit à Kef Salah de H. Sidi Djaballah avec la carrière du port. Les Japonais ont déjà ouvert la piste qui doit donner l'accès à la carrière de Hakoura. Les allées et venues des engins, le bruit, celui des explosions, terrifiant par-dessus tout, la poussière, la proximité de l'homme que craint tout animal sauvage, vont pousser les derniers grands mammifères et rapaces à fuir. Mais pour ne pouvoir aller nulle part, donc à se laisser mourir sur place de frayeur, de faim ou de soif. Une perte inestimable pour la biodiversité à laquelle on a consacré l'année 2010. Cette soif qui menace aussi les habitants de Hakoura, très attachés à leur source ancestrale tout autant à leur village et à sa nature qu'ils partagent tous les week-ends avec des familles qui viennent même de Annaba, de Souk Ahras et de Guelma.


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