Algérie

El Islah, un parti à plusieurs têtes Partis islamistes



El Islah, un parti à plusieurs têtes                                    Partis islamistes
Photo : Riad
Par Ali Boukhlef
Abdellah Djaballah peut jubiler. Des années après avoir perdu son deuxième parti politique, le leader islamiste peut observer, amusé, ses anciens disciples se déchirer. Pour mieux enfoncer le couteau qui blesse de plus en plus le parti El Islah, l'ancien candidat à la présidentielle de 2009 a même cédé le siège national de la formation politique. Lui qui ne voulait remettre ni les clefs du siège ni les cachets du parti malgré une décision de justice, a fini par remettre les bureaux situés à Bir Mourad Raïs à l'aile représentée par un certain Miloud Kadri. «Nous avons demandé tout simplement à Djaballah si on pouvait se réunir dans ce siège. Il a non seulement accepté, mais il nous a dit que de ''toute façon, ce siège est le vôtre''», a révélé, hier lors d'une conférence de presse, Abdesselam Kassel, qui se présente désormais comme le nouveau président du Conseil consultatif, le parlement du parti.
Le Conseil consultatif, ou du moins une partie de ses membres, s'est donc réuni hier à Bir Mourad Raïs. Miloud Kadri, qui se présente comme le secrétaire général «légitime» du mouvement islamiste, a invité des journalistes pour «dire» ses vérités. La crise que vit le parti est ni plus ni moins «une tentative de certaines personnes de s'accaparer les rênes du parti», a-t-il affirmé. Il a accusé son rival, l'actuel secrétaire général que reconnaît l'administration, Hamlaoui Akouchi, d'être illégitime. Pour le conférencier et certains de ses amis, l'actuel porte-parole du parti s'est imposé au sein de la direction. Pis, ils disent avoir la majorité des membres du Conseil consultatif, seul habilité à donner la légitimité entre deux congrès.«Nous sommes dans une situation illégale», a reconnu le conférencier. «Le parti est sans président depuis août 2009. Les statuts disent qu'en cas de vacance de la présidence du parti, un congrès extraordinaire est organisé. Cela n'a jamais été fait. Pis, même le Conseil consultatif ne s'est pas réuni depuis avril dernier», a précisé le secrétaire national chargé des affaires organiques.Il faut dire que cette crise à El Islah ne date pas d'aujourd'hui. Le parti compte tellement de têtes et de responsables au point où même les journalistes qui ont suivi l'évolution de ce parti y perdent la tête. Ces différends entre personnes sont arrivés, il y a une semaine, à un affrontement physique entre la direction dirigée par Hamlaoui Akkouchi et l'aile de Miloud Kadri, qui clame qu'elle détient la légitimité du Conseil consultatif.Pour mieux afficher leur «légitimité», les partisans de Miloud Kadri menacent même de sortir dans la rue. «Nous avons tenu une session du Conseil national. Un huissier de justice a attesté que nous avons largement dépassé le quorum légal. Si l'administration ne reconnaît pas nos documents, nous allons organiser une marche où tous les membres du Conseil consultatif se rendront au ministère de l'Intérieur», a menacé Miloud Kadri. Ce dernier a même accusé, de manière publique, l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2009, Djahid Younsi, d'avoir menacé physiquement un des militants.Le mouvement El Islah a été créé en 1999 par Abdellah Djaballah après avoir perdu son premier parti, Ennahdha. Un groupe de redresseurs s'est emparé du parti en 2009. Après, le parti s'est scindé en plusieurs groupes. Il a tout de même présenté un candidat, en la personne de Djahid Younsi, aux présidentielles de 2009. Ce dernier avait cédé son poste de secrétaire général à Djamel Benabdesselam qui le garde pendant deux ans. Il y démissionnera en juin. Exclu du parti, il crée un nouveau parti. Rien qu'hier, les deux tendances, celle de Akkouchi et celle de Kadri, ont organisé deux activités différentes. Autant dire que le parti cher à Djaballah ne finit pas de compter ses divisions.


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